par M. Gustave de Molinari.
Correspondant de l’Institut, rédacteur en chef du Journal des Économistes
Raison d’être de l’esclavage. — Qu’il a été un contrepoids au pouvoir inégal du capital dans l’opération de la loi de l’offre et de la demande. — Qu’il a intéressé les capitalistes à la conservation et à la reproduction utile des travailleurs. — Qu’on peut le considérer, en conséquence, comme une forme primitive et grossière mais nécessaire de l’assurance. — Le servage. Les charges qu’il imposait et les services qu’il rendait aux travailleurs. — Comment la coutume protégeait le serf. — L’esclavage des nègres. — Le servage en Russie. — Résultats de leur abolition.
Pourquoi les corporations se sont constituées dans toutes les industries et professions à l’exception de l’agriculture. — Comment elles sont nées. — Causes qui ont déterminé leur groupement. — La limitation naturelle des marchés. — Comment se posait sur ces marchés limités le problème de l’équilibre de la production et de la consommation. — Comment les producteurs s’associaient et se concertaient pour résoudre ce problème à leur avantage. — Le contrepoids de la coutume. — Institutions et pratiques qui protégeaient le travail contre le pouvoir inégal du capital sous le régime des corporations.
Pourquoi nous pouvons mieux que les économistes du XVIIIe siècle, nous rendre compte de la raison d’être du régime des corporations. — Que ce régime n’était autre chose qu’un vaste système d’assurance. — Ses imperfections. — Progrès qui ont déterminé sa transformation et finalement son abandon. — Causes de l’abolition de l’esclavage et du servage ; — de la décadence et de la chute des corporations.
Causes qui excitaient les travailleurs à s’affranchir des liens de l’esclavage et du servage. — Les bienfaits de la liberté. — Les travailleurs possédaient-ils la capacité nécessaire pour la supporter et se trouvaient-ils en situation d’échanger leur travail dans des conditions d’égalité ?—Leur infériorité sous le double rapport de la disposition du temps et de l’espace. — Leur incapacité à limiter leur nombre. — Que cet état d’infériorité et d’incapacité devait avoir pour résultat inévitable de faire tomber le prix du travail au-dessous du taux nécessaire et d’en prolonger à l’excès la durée. — Le paupérisme.
Perturbations causées par le progrès industriel dans les conditions d’existence de la classe ouvrière. — La transformation et le déplacement du travail. — L’état précaire des débouchés. — Résumé des causes du paupérisme. — Insuffisance de la charité privée pour arrêter le débordement de la misère. — Nécessité d’y adjoindre la charité publique. — Inefficacité et vices de la charité privée et publique. — Les effets de la charité publique en Angleterre. — Qu’elle agissait comme une cause d’abaissement des salaires. — La législation des pauvres et Malthus. — Comment et dans quelles limites la charité est utile.
Que la condition de l’ouvrier libre du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe était inférieure à celle de l’ouvrier des corporations du XIIIe. — Amélioration de cette condition, déterminée par l’expansion du progrès industriel dans la seconde moitié du XIXe. — Pourquoi les ressentiments provoqués par les souffrances de la première période du régime de la liberté du travail se sont accrus et aigris au lieu de s’apaiser.
Ce qui a déterminé l’apparition du socialisme. — Qu’il est un produit de l’imagination et du sentiment. — Son incapacité à analyser les causes des maux de la classe ouvrière.— Les plans de réorganisation des pères du socialisme moderne, Owen, Saint-Simon et Fourier.— Leur caractère inoffensif.—Ce caractère change à dater de l’avènement du suffrage universel.— Le socialisme politicien et révolutionnaire. — L’insuccès des mesures de répression que les gouvernements lui opposent. — Le socialisme d’État. — Inefficacité et vices des lois qu’il suggère. — Que ces lois n’ont ni amélioré la condition des ouvriers ni désarmé le socialisme révolutionnaire.
L’inégalité de situation de l’entrepreneur et de l’ouvrier dans le débat du salaire est-elle sans remède ?— Que cette inégalité n’existe pas invariablement. Exemples. — Procédé que les ouvriers ont mis inconsciemment en œuvre pour la faire disparaître. — Les coalitions et la grève ou la suspension du travail dans le temps. — En quoi réside l’efficacité de ce procédé. — Tactique appropriée aux coalitions et aux grèves. — Procédés et tactique des entrepreneurs. — Système de protection légale auquel ils ont eu recours. — Les lois sur les coalitions, l’embauchage et l’émigration. — Iniquité et effets délétères de ce système de protection du capital contre le travail.
Origine et raison d’être des trade’s unions et des syndicats ouvriers. — Leur état actuel. — La lutte du capital et du travail en Angleterre et aux États-Unis. — La grève de Homestead. — Pourquoi la lutte n’a pas pris les mêmes proportions sur le continent européen. — Frais et dommages directs et indirects causés par les coalitions et les grèves. — Que la victoire du travail et celle du capital auraient des conséquences également nuisibles. — Comment se pose le problème à résoudre pour établir la paix entre ces deux facteurs nécessaires de la production.
Quels ont été les facteurs de l’agrandissement et de l’unification des marchés. — Comment ils ont agi. — Influence de l’extension de la sécurité ; — du perfectionnement de l’outillage de l’industrie ; — du progrès et de la multiplication des moyens de communication ; — du développement de l’organisme du commerce et du crédit ; — de la création de la publicité commerciale et financière et des Bourses. — Que cet ensemble de progrès a agi pour assurer la distribution utile des produits et des capitaux dans toute l’étendue des marchés agrandis et mis en communication, qui constituent aujourd’hui « le marché général ».
Obstacles naturels et artificiels à l’extension des marchés des produits et des capitaux. — Articles de grande consommation qui possèdent un marché général. — Les effets de l’agrandissement du marché des capitaux. — Le préjugé contre le prêt à intérêt. — En quoi il était fondé. — Ce qui justifiait la condamnation de l’usure. — Les coutumes et les lois limitatives du taux de l’intérêt. — Ce qui les rendait utiles. — Ce qui les rend aujourd’hui nuisibles. — Résultats bienfaisants de l’agrandissement des marchés des céréales et des autres produits. — Que l’agrandissement des marchés du travail aurait des effets analogues.
Obstacles à la circulation du travail libre. — Que ces obstacles n’existaient pas pour la circulation du travail esclave. — Le commerce des esclaves dans l’antiquité et la traite des nègres. — Entraves à la circulation du travail après la disparition de l’esclavage, — Situation inégale qu’elles ont faite aux ouvriers dans l’échange de leur travail contre un salaire. — Remèdes aux vices de cette situation. — Les deux solutions du rétablissement de la servitude et de l’établissement de la liberté effective de la circulation du travail. — Pourquoi cette dernière solution a pu être considérée longtemps comme une utopie.
L’invention et la multiplication des chemins de fer. — L’agrandissement des marchés du travail rendu possible. — Les prévisions de l’auteur de l’Avenir dés Chemins de Fer. — Les Bourses du Travail et la publicité quotidienne mise au service des travailleurs. — Appel aux ouvriers parisiens. — Refus des corporations ouvrières. — Décret du Gouvernement provisoire et projet de M. Ducoux. — Le journal La Bourse du Travail, à Bruxelles. — Pourquoi ces tentatives d’extension et d’organisation des marchés du travail étaient prématurées.
Ouverture de la Bourse du Travail de Paris. — Les autres Bourses du Travail qui ont été successivement établies en France et à l’Étranger. — Qu’elles peuvent être partagées en deux catégories : les Bourses socialistes et les Bourses philanthropiques. — Que celles-ci ne peuvent se multiplier et se développer suffisamment. — Pourquoi ? — Peu d’efficacité du mobile de la charité en comparaison de l’intérêt personnel. — Vice radical des Bourses socialistes gérées par les syndicats ouvriers. — Que les syndicats se proposent pour but de monopoliser le marché du travail et qu’ils réclament pour atteindre ce but la suppression des bureaux de placement. — Qu’ils sont impropres à remplir le rôle d’intermédiaires entre les entrepreneurs et les ouvriers.
Causes de l’insuffisance du développement du rouage des intermédiaires du travail libre. — Différence des conditions du transport dans l’espace du travail esclave et du travail libre et de leur emploi dans le temps. — Comment les marchands d’esclaves se remboursaient de leurs avances. — Que les intermédiaires du travail libre ne pouvaient se rembourser des leurs. —Conséquences dommageables de l’absence d’intermédiaires pour les ouvriers et les entrepreneurs. — Que le besoin auquel ils pourvoyaient continuait cependant d’exister. — Que ce besoin a suscité la création des bureaux de placement et des sociétés d’émigration. — Obstacles naturels et artificiels qui entravent leur multiplication et leur perfectionnement.
L’offre et la demande du travail. — Pourquoi elles sont demeurées locales. — Prévisions des conséquences de la multiplication des intermédiaires et du perfectionnement de ce rouage nécessaire de la circulation du travail. — Que le prix du travail deviendrait impersonnel, comme l’est déjà celui des capitaux, des céréales, etc. — Que ce prix serait déterminé par l’état du marché général. — Que l’extension des marchés du travail susciterait la création des Bourses et le développement de la publicité. — Comment l’obstacle à la rémunération des intermédiaires pourrait être levé. — La garantie collective des mutualités ouvrières substituée à la garantie individuelle. — Création et rôle du crédit ouvrier.
Progrès à réaliser dans l’organisation des entreprises. — Comment elles sont actuellement constituées, et comment elles fonctionnent. — Du mode d’achat des matières premières. — Du mode de location des employés et des ouvriers. — Imperfection du mode de location du travail des ouvriers. — Charges qu’il impose aux entrepreneurs et risques qu’il leur fait courir. — Le marchandeur et sa fonction. — Son rôle à l’égard de l’entrepreneur et des ouvriers. — Imperfection du système actuel de marchandage. — Causes de son impopularité.
De la transformation du marchandage. — Combinaisons possibles. — Rôle d’une société de marchandage. — Avantages qu’elle procurerait aux entrepreneurs, aux ouvriers et finalement aux consommateurs.
Résultats bienfaisants de l’extension des marchés des produits et des capitaux. — La suppression des famines, — de l’usure. — Solidarité qu’elle a créée entre les peuples. — Résultats non moins bienfaisants de l’extension des marchés du travail. — Qu’elle déterminera la suppression de l’usure dans la location du travail. — Qu’elle remédiera mieux qu’aucune réglementation à l’inégalité de la situation de l’entrepreneur et de l’ouvrier dans le débat du salaire. — Qu’elle établira un prix régulateur que les lois de l’échange tendront continuellement à confondre avec le prix nécessaire ou le juste prix du travail. — Qu’elle déterminera un progrès général de la production et de la richesse. — Enfin qu’elle apportera un argument décisif en faveur de la complète liberté des échanges.