Grandeur et décadence de la guerre


par M. Gustave de Molinari.

Correspondant de l’Institut, rédacteur en chef du Journal des Économistes


III. Appendice

Note L.

P. 157. — Les encaisses des banques transformées en trésors de guerre.


Les banques privilégiées coûtent cher et elles n’offrent qu’un faible préservatif du danger du papier-monnaie. Les gouvernements dans l’embarras ne se font aucun scrupule d’obliger les banques à les en tirer ; ils puisent à même dans leurs caisses, en les autorisant à suspendre le remboursement de leurs billets et à transformer ainsi leur monnaie de papier en papier-monnaie dépréciable. Les billets de la Banque d’Angleterre, réputée la plus solide et la plus indépendante des banques privilégiées n’ont-ils pas subi une dépréciation de 30 % pendant la guerre continentale ?

A ce risque qui menace, en cas de guerre, le monde des affaires vient se joindre le renchérissement de l’instrument de la circulation, causé par la transformation des banques privilégiées en trésors de guerre. Tandis que la somme nécessaire pour les assurer contre toute éventualité n’excède pas un tiers, les encaisses métalliques sont actuellement presque égales au montant de la circulation. Comme on le verra par le relevé suivant, elles n’ont pas cessé de s’accroître dans toutes les banques de l’Europe, à la seule exception de la Banque d’Allemagne.

Banques Fin mars 1891 Fin mars 1897 Différences
Millions Millions Millions
Autriche-Hongrie 139 654 + 515
Allemagne 1 127 721 – 406
Italie 225 303 + 78
France 1 337 1 918 + 581
Russie 1 426 2 421 + 995
Angleterre 557 996 + 439
4 811 7 013 2 202

Avons-nous besoin d’ajouter que les frais d’assurance de l’instrument de la circulation s’en trouvent inutilement accrus au détriment des consommateurs de monnaie. Mais qui se préoccupe aujourd’hui de l’intérêt des consommateurs.

(Journal des Économistes du 15 juin 1897. Chronique.)


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