Grandeur et décadence de la guerre


par M. Gustave de Molinari.

Correspondant de l’Institut, rédacteur en chef du Journal des Économistes


III. Appendice

Note M.

P. 170. — Les pensions de guerre aux États-Unis.


On assure chaque année que le point le plus élevé des pensions de guerre a été atteint et que le nombre des pensionnaires et le montant des pensions commencent à décliner. Le point maximum peut avoir été atteint, mais le déclin n’est pas constant. Dans la dernière année fiscale (1896-97) trente-deux ans après la fin de la guerre civile, le nombre des pensions s’est encore accru et la somme payée aux pensionnaires a été d’un million et demi plus considérable que dans l’année précédente et presque identique au montant déboursé en 1894 et 1893. Plus de cinquante mille noms nouveaux ont été placés sur la liste l’année dernière et l’accroissement net du nombre des pensionnaires a été pour l’année de 12 850. En 1878, les pensions s’élevaient à 27 137 019 dollars, et jusque-là, elles n’avaient pas dépassé trente millions de dollars. Cependant la guerre avait pris fin depuis treize ans, et il devait y avoir eu un nombre considérable de morts parmi les survivants. Mais à mesure que l’âge s’avançait, ils étaient atteints d’infirmités qu’ils rattachaient volontiers à leurs services militaires ; de plus, chaque congrès commença à élever le taux des pensions, en les rendant ainsi plus désirables.

En 1879, on passa l’Arrears of pensions laws, sous lequel il devint possible pour les hommes dont les noms [242] étaient inscrits sur les listes d’obtenir l’arriéré de leurs pensions jusqu’au .jour où ils avaient songé à les demander, et la perspective de se faire payer en une fois une somme de trois à cinq mille dollars était très séduisante pour les hommes qui ne s’étaient pas avisés pendant quatorze ans de se faire porter sur ces bienheureuses listes. Le montant des pensions s’éleva l’année suivante à 56 777 174, c’est-à-dire à plus du double de ce qu’il était deux ans auparavant. Avec quelques fluctuations, elles continuèrent à s’élever avec l’accroissement du taux, et il arriva aussi que les vétérans de la guerre se découvrirent des blessures dont ils n’avaient pas eu conscience de vingt à trente ans auparavant. Les pensions atteignirent ainsi 106 936 835 dollars en 1890. Dans cette année, on passa le Dependent pension bill, accordant des pensions aux survivants dont les infirmités n’avaient aucune connexion avec la guerre. Les pensions montèrent subitement, et en 1893, elles atteignirent leur point culminant de 159 357 557 dollars. Dans les deux années suivantes elles ont été au-dessus de 141 000 000, en 1896 de 139 000 000 ; enfin, en 1897, la liste des pensionnaires était montée à 983 525, et la somme payée à 151 053 083 dollars.

(Journal du Commerce de New-York.)


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