Liberté économique et interventionnisme

par Ludwig von Mises

traduit par Hervé de Quengo

 

33. Comment l'Europe peut-elle survivre ?

 

Publié pour la première fois dans Christian Economics, 15 novembre 1955.

Dans son livre How Can Europe Survive? [Comment l'Europe peut-elle survivre ?] (Van Nostrand, 1955), le docteur Hans F. Sennholz démolit un à un les principaux sophismes qui sous-tendent les politiques actuelles.

La fallacieuse doctrine avancée par la majorité des pseudo-économistes contemporains et acceptée par presque tous les hommes d'État et les politiciens de notre époque, propose le raisonnement suivant : Le fonctionnement de l'économie de marché (ou capitalisme, ou laissez-faire) entraîne une progression de la pauvreté des masses, un chômage pour une part sans cesse croissante de la force de travail potentielle et une résurgence régulière des périodes de dépression économique. Il désagrège le commerce international des biens et des services et nuit de ce fait aux intérêts vitaux de toutes les nations qui ne peuvent pas produire à l'intérieur des frontières de leur propre pays toute la nourriture et toutes les matières premières dont elles ont besoin. Afin d'empêcher l'effondrement total de la civilisation occidentale, les gouvernements doivent intervenir. Ils doivent substituer en matière de politique intérieure la planification gouvernementale à « l'anarchie de la production » (terme employé par Karl Marx) et essayer, dans le domaine international, de mettre en place une sorte de gouvernement supranational.

Les principaux points du raisonnement

Le docteur Sennholtz étudie la question en analysant un cas particulier, à savoir les tentatives visant à « unifier » l'Europe. Les principaux points de son raisonnement sont :

  1. La désintégration économique de l'Europe n'est pas le résultat du fonctionnement libre du système capitaliste. Elle est au contraire le résultat de l'intervention des divers gouvernements dans les affaires de leurs propres pays. Si un gouvernement « régule » les conditions commerciales de son propre pays, il doit empêcher l'industrie étrangère d'annuler cette discipline par des importations. Il doit adopter une politique d'isolement national et contribuer par conséquent à la désintégration économique de l'Europe.

  2. Se contenter de discourir et de signer des conventions internationales ne rétablira jamais l'unité économique européenne. Tant qu'il y aura un interventionnisme national l'état actuel peu satisfaisant continuera. Les fonds dépensés par les contribuables américains en vue de l'unification économique de l'Europe ont été gaspillé.

Le docteur Sennholtz attaque et démolit ainsi une doctrine soutenue par tous les économistes gouvernementaux, une doctrine qui guide la politique officielle du gouvernement. Son livre sera certainement l'objet de critiques défavorables dans les journaux et magazines « progressistes ». Mais ses idées conduiront, tôt ou tard, à un changement à la fois politique et idéologique. Ce livre est certainement l'étude de cas la plus importante qui ait été écrite ces dernières années dans le domaine de la politique économique. Certains points mineurs peuvent faire l'objet de certaines objections. Mais la ligne générale de son raisonnement ne peut pas être mise en doute.


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