Éditions Génin — Librairie de Médicis — Paris (1956)
par Ludwig von Mises
traduit par J.-P. Hamilius, Jr.
L'histoire de l'humanité, c'est l'histoire des idées. Car ce sont les idées, les théories et les doctrines qui guident les actions humaines et déterminent les fins dernières auxquelles les hommes aspirent et le choix des moyens qu'ils mettent en oeuvre pour atteindre ces fins. Les événements sensationnels qui suscitent les émotions et retiennent l'intérêt d'observateurs superficiels, ne constituent que l'achèvement de changements idéologiques. Des transformations inattendues et profondes dans les affaires de l'humanité n'existent pas. Ce qu'on désigne, en des termes plutôt trompeurs, par « un tournant dans l'histoire », n'est que l'entrée en scène de forces qui ont été longtemps au travail derrière la scène. De nouvelles idéologies, qui depuis longtemps avaient déjà supplanté les anciennes, jettent leur dernier voile, et même les personnes les moins intelligents s'aperçoivent des changements qu'elles n'avaient pas remarqués avant.
Dans ce sens, la prise du pouvoir par Lénine en octobre 1917, peut certainement être qualifiée de tournant. Mais sa signification différait considérablement de celle que les communistes lui attribuent.
La victoire des soviets ne jouait qu'un rôle de moindre importance dans l'évolution vers le socialisme. La politique pro-socialiste des pays industriels de l'Europe centrale et occidentale avait, à cet égard, ces conséquences plus graves. Le plan de sécurité sociale de Bismarck frayait un chemin plus large au socialisme que l'expropriation des usines russes en retard sur leur temps. Les chemins de fer nationaux de Prusse avaient fourni le seul exemple d'une entreprise d'État qui, pour quelque temps du moins, avait évité une faillite financière manifeste. Déjà avant 1914, les Anglais avaient adopté des parties essentielles du système allemand de sécurité sociale. Dans tous les pays industriels, les gouvernements suivaient une politique qui devait finalement aboutir au socialisme. Durant la guerre, la plupart de ces pays s'étaient engagés dans ce qu'on appelait le socialisme de guerre. Le programme allemand de Hindenburg qui, du fait de la défaite allemande, n'avait pu être exécuté intégralement, n'était pas moins radical, mais beaucoup mieux conçu que le plan quinquennal russe dont on parlait tant.
Les méthodes russes ne pouvaient être d'aucune utilité aux socialistes dans les pays de l'occident à prédominance industrielle. Pour ces pays, il était indispensable de produire des biens pour l'exportation. Ils ne pouvaient adopter le système russe de l'autarcie économique. La Russie n'avait jamais exporté des produits manufacturés en des quantités dignes d'être mentionnées. Sous le régime soviétique, elle se retirait presque entièrement du marché mondial des céréales et des matières premières. Même des socialistes fanatiques devaient admettre que l'occident ne pouvait rien apprendre de la Russie. Il est manifeste que les accomplissement technologiques, dont les soviets se vantaient, n'étaient que de maladroites imitation des choses accomplies à l'ouest. Lénine définissait le communisme comme étant « la puissance soviétique plus l'électrification ». Or, l'électrification n'était certainement pas d'origine russe et les nations occidentales surpassent la Russie dans le domaine de l'électrification autant que dans toutes les autres branches de l'industrie.
La vraie signification de la révolution de Lénine se montre dans le fait qu'elle fit jaillir le principe de la violence et de l'oppression illimitées. Elle niait tous les idéals politiques qui, pendant trois mille ans, avaient guidé l'évolution de la civilisation occidentale.
L'État et le gouvernement ne sont rien d'autre que l'appareil social de coercition et de suppression violentes. Un tel appareil, la police, est indispensable pour empêcher des bandes et des individus antisociaux de détruire la coopération sociale. Empêcher et supprimer violemment des activités antisociales, c'est rendre service à la société entière et à chacun de ses membres. Mais la violence et l'oppression sont néanmoins des maux et corrompent ceux qui sont chargés de les appliquer. Il est nécessaire de restreindre la puissance des magistrats afin qu'ils ne deviennent pas des despotes absolus. La société ne peut exister sans un appareil de violente coercition. De même, elle ne peut exister si les fonctionnaires sont des tyrans indispensables et libres de nuire à ceux qui leur déplaisent.
Il est de la fonction sociale des lois de réprimer l'arbitraire de la police. Le règne de la loi restreint autant que possible l'arbitraire des fonctionnaires. Il limite strictement leur pouvoir arbitraire et, de cette façon, assigne aux citoyens une sphère à l'intérieur de laquelle ils sont libres d'agir sans en être empêchés par une ingérence de la part du gouvernement. La liberté signifie toujours liberté vis-à-vis de l'ingérence de la police. Dans la nature, la liberté n'existe pas. Il n'y a que la stricte rigidité des lois de la nature, auxquelles les hommes doivent se soumettre sans conditions, s'ils veulent atteindre leurs moindres buts. De même, il n'y avait pas de liberté dans les conditions paradisiaques imaginaires, qui, d'après le verbiage fantaisiste de beaucoup d'auteurs, ont précédé l'établissement de l'organisation sociale. Là où il n'y a pas de gouvernement, chacun est à la merci du voisin le plus fort. La liberté ne peut être réalisée qu'à l'intérieur d'un État qui est prêt à empêcher un gangster de tuer et de piller ses concitoyens plus faibles. Mais seul le règne de la loi empêche les gouvernants de devenir les pires des gangsters.
Les lois établissent des normes d'action légitime. Elles fixent les procédures requises pour l'abrogation et la modification des lois existantes et pour la promulgation de lois nouvelles. Elles déterminent également les procédures requises pour l'application des lois dans des cas définis, la juste application de la loi. Elles établissent les cours et les tribunaux. C'est ainsi qu'elles s'appliquent à éviter une situation dans laquelle les individus sont à la merci des gouvernants.
Des hommes mortels peuvent se tromper, et les législateurs et les juges sont des hommes mortels. Il peut arriver à différentes reprises que les lois valides ou leur interprétation par les cours empêchent les organes exécutifs de recourir à des mesures susceptibles d'être salutaires. Cependant, il ne peut en résulter un grand mal. Si les législateurs reconnaissent la déficience des lois valides, ils peuvent les modifier. C'est certainement un mal qu'un criminel puisse quelquefois échapper à sa punition, parce qu'il subsiste une échappatoire dans la loi, ou parce que le procureur a négligé quelques formalités. Mais c'est le moindre mal si l'on le aux conséquences provenant du pouvoir arbitraire illimité d'un despote « bienveillant ».
C'est précisément ce point que des individus antisociaux manquent de voir. De tels hommes condamnent le formalisme de l'exacte application de la loi. Pourquoi des lois devraient-elles empêcher le gouvernement de recourir à des mesures salutaires ? N'est-ce pas du fétichisme que de rendre ces lois suprêmes et non pas le salut public ? Ils préconisent de substituer à l'État constitutionnel gouverné par le règne de la loi (Rechtsstaat) le « Welfare-State » (Wohlfahrtsstaat). Dans cet « État de la prospérité sociale », un gouvernement paternel devrait être libre d'accomplir toutes les choses qu'il croit salutaires à la collectivité. Aucun « morceau de papier » ne devrait retenir un gouvernant éclairé dans ses efforts de faire avancer le bien-être général. Tous les adversaires devraient être exterminés sans merci, afin qu'ils ne contrecarrent par les actions si salutaires du gouvernement. Aucune formalité vide ne devrait les protéger plus longtemps contre leur punition bien méritée.
Il est d'usage d'appeler le point de vue des défenseurs de l' « État de la prospérité sociale » le point de vue « social », afin de le distinguer du point de vue « individualiste » et « égoïste » des champions du règne de la loi. En réalité cependant, les partisans de l' « État de la prospérité sociale » sont des hommes tout à fait antisociaux et des fanatiques intolérants. Car leur idéologie implique tacitement que le gouvernement fera exactement ce qu'ils jugent eux-mêmes juste et salutaire. Ils rejettent la possibilité d'un désaccord sur la question de savoir ce qui est juste et utile, et ce qui ne l'est pas. Ils préconisent un despotisme éclairé, mais ils sont convaincus que le desposte éclairé se conformera pour chaque détail à l'opinion qu'ils ont sur les mesures à adopter. Ils favorisent le régime planifié, mais ils n'ont en vue que leurs propres plans, ceux de leurs concitoyens ne comptent pas. Ils désirent exterminer tous les adversaires, c'est-à-dire tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux. Ils sont excessivement intolérants et ne sont pas prêts à autoriser la moindre dissension. Tout défenseur de l' « État de la prospérité sociale » et du régime planifié est un dictateur en puissance. Il projette de priver tous les autres hommes de leurs droits et d'établir sa propre omnipotence absolue et celle de ses amis. Il refuse de persuader ses concitoyens. Il préfère les « liquider ». Il méprise la société « bourgeoise » qui respecte la loi et la procédure légale. Quant à lui, il adore la violence et l'effusion de sang.
Le conflit inconciliable de ces deux doctrines, règne de la loi contre « État de la prospérité sociale », était en jeu dans tous les combats que les hommes ont menés pour la liberté. C'était une longue et dure évolution. Les champions de l'absolutisme, à la longue, triomphaient à plusieurs reprises. Mais finalement le règne de la loi prédominait dans la sphère de la civilisation occidentale. Le règne de la loi, ou le gouvernement limité, sauvegardé par des constitutions et les « droits de l'homme », constitue la marque caractéristique de cette civilisation. Le règne de la loi amenait les magnifiques accomplissements du capitalisme moderne et de sa « superstructure » — comme diraient les marxistes invétérés — la démocratie. Il assurait un bien-être sans précédent à une population qui grandissait continuellement. De nos jours, les masses des pays capitalistes jouissent d'un standard de vie de beaucoup supérieur à celui des classes aisées des temps passés.
Tous ces accomplissements n'ont pas gêné les défenseurs du despotisme et du planisme. Il aurait cependant été absurde de la part des champions du totalitarisme de révéler ouvertement les inévitables conséquences dictatoriales de leurs efforts. Au XIXe siècle, les idées de liberté et du règne de la loi avaient gagné un tel prestige qu'il semblait osé de les attaquer ouvertement. L'opinion publique était fermement convaincue qu'il en était fait du despotisme et qu'il ne pouvait plus être rétabli. Même le czar de la Russie barbare n'était-il pas forcé d'abolir le servage, d'établir des cours de jurés, d'accorder une liberté limitée à la presse et de respecter les lois ?
Ainsi, les socialistes recouraient à une ruse. Ils continuaient à discuter dans leurs cercles ésotériques l'avènement de la dictature du prolétariat, c'est-à-dire la dictature des idées propres de chaque auteur socialiste. Mais ils tenaient un autre langage au grand public. Le socialisme, disaient-ils, instituera la vraie et entière liberté ainsi que la démocratie. Il écartera toutes les sortes de compulsion et de coercition. L'État « dépérira ». dans la communauté socialiste de l'avenir, il n'y aura ni juges, ni agents de police, ni prison, ni potence.
Mais les bolchéviques ôtaient le masque. Ils étaient pleinement convaincus que le jour de leur victoire finale et inébranlable avait fait son apparition. Le dissimuler plus longtemps n'était ni possible, ni requis. On pouvait prêcher ouvertement l'évangile de l'effusion de sang. Il trouvait une sympathie enthousiaste parmi tous les hommes de lettres dégénérés et les intellectuels de salon qui, durant de nombreuses années, s'étaient passionnés pour les écrits de Sorel et de Nietzsche. Les fruits de « la trahison des clercs » 1 se pourpraient de maturité. Les jeunes gens qui avaient été nourris des idées de Carlyle et de Ruskin étaient prêts à saisir les rênes du pouvoir.
Lénine n'avait pas été le premier usurpateur. Beaucoup de tyrans l'avaient précédé. Mais ses prédécesseurs étaient en conflit avec les idées soutenues par leurs contemporains les plus éminents. Ils rencontraient l'opposition de l'opinion publique, parce que leurs principes relatifs au gouvernement contredisaient les principes acceptés du droit et de la légalité. Ils furent méprisés et détestés en tant qu'usurpateurs. Mais l'usurpation de Lénine était vue sous un angle différent. Il était le surhomme brutal après la venue duquel les pseudo-philosophes avaient soupiré. Il était le faux sauveur que l'histoire avait élu pour amener le salut dans l'effusion de sang. N'était-il pas l'adepte le plus orthodoxe du socialisme « scientifique » marxiste ? N'était-il pas l'homme destiné à réaliser les plans socialistes que les faibles hommes d'État des démocraties en décadence étaient trop timides à exécuter ? Tous les hommes bien intentionnés réclamaient le socialisme ; la science le recommandait par la bouche des professeurs infaillibles ; les églises prêchaient le socialisme chrétien ; les travailleurs désiraient ardemment l'abolition du système des salaires et des traitements. Enfin on avait trouvé l'homme susceptible d'accomplir tous ces désirs. il était assez clairvoyant pour savoir qu'on ne peut faire une omelette sans casser les oeufs.
Un siècle plus tôt, tous les hommes civilisés avaient blâmé Bismarck lorsqu'il déclarait que les grands problèmes de l'histoire doivent être résolus par le sang et le fer. De nos jours, la majorité des hommes quasi civilisés s'inclinaient devant le dictateur qui était prêt à verser beaucoup plus de sang que Bismarck ne l'eût jamais fait.
C'était le vrai sens de la révolution de Lénine. Toutes les idées traditionnelles de droit et de légalité furent renversées. Au règne de la loi fut substitué le règne de la violence et de l'usurpation sans bornes. « L'horizon étroit de la légalité bourgeoise », comme Marx l'avait baptisé, fut abandonné. Dorénavant, aucune loi ne pouvait limiter plus longtemps la puissance des élus. Ils étaient libres de tuer ad libitum. les impulsions innées des hommes vers l'extermination violente de tous ceux qu'ils n'aiment pas, réprimés par une longue et épuisante évolution, éclataient. Les démons étaient libres. Une ère nouvelle, l'ère des usurpateurs, faisait son apparition. Les gangsters étaient appelés à l'action et ils écoutaient la Voix.
Lénine, bien entendu, n'avait pas l'intention de faire cela. Il ne voulait pas concéder à d'autres les prérogatives qu'il réclamait pour lui-même. Il ne voulait pas accorder à d'autres hommes le privilège de liquider leurs adversaires. C'est lui seul que l'histoire avait élu et à qui elle avait confié le pouvoir dictatorial. Il était le seul dictateur « légitime », parce que — une voix intérieure le lui avait annoncé. Lénine n'était pas assez intelligent pour pressentir que d'autres hommes ayant d'autres croyances, pourraient être assez hardis pour prétendre qu'ils avaient également été désignés par une voix intérieure. Cependant, quelques années plus tard, deux de ces hommes, Mussolini et Hitler, se firent remarquer.
Il importe qu'on réalise que le fascisme et le nazisme étaient des dictatures socialistes. Les communistes, aussi bien les membres inscrits des partis communistes que les communisants, stigmatisent le fascisme et le national-socialisme comme étant l'étape la plus élevée, la dernière et la plus dépravée du capitalisme. Ceci est en parfait accord avec leur habitude d'appeler mercenaire du capitalisme tout parti — même les sociaux démocrates allemands, le parti classique du marxisme — qui ne se soumet pas entièrement aux ordres de Moscou.
Il est d'une conséquence beaucoup plus grande que les communistes ont réussi à changer la signification sémantique du terme fascisme. Le fascisme, comme il sera montré plus loin, était une variété de socialisme italien. Il était adapté aux conditions particulières des masses de l'Italie surpeuplée. Il n'était pas un produit de la pensée de Mussolini et il survivra à la chute de Mussolini. Les politiques étrangères du fascisme et du nazisme, dès leurs premiers débuts, avaient été opposés plutôt l'une à l'autre. Le fait que les nazis et les fascistes coopéraient étroitement après la guerre d'Éthiopie et étaient alliés dans ma deuxième guerre mondiale, n'effaçait pas plus les différences entre ces deux théories que l'alliance entre la Russie et les États-Unis n'effaçait les différences entre le système soviétique et le système économique américain. Le fascisme et le nazisme pratiquaient tous les deux le principe soviétique de dictature et d'oppression violente à l'égard des dissidents. Si l'on veut ranger le fascisme et le nazisme dans le même catégorie de systèmes politiques, il faut appeler cette catégorie régime dictatorial et l'on ne doit pas négliger de ranger les soviets dans la même catégorie.
Ces dernières années, les innovations sémantiques des communistes sont même allées plus loin. Ils appellent fascistes chacun qu'ils n'aiment pas, chaque défenseur du système de la libre entreprise. D'après eux, le bolchévisme est le seul système vraiment démocratique. Tous les pays et tous les partis non-communistes sont essentiellement non-démocratiques et fascistes.
Certes, quelquefois des non-socialistes — les derniers vestiges de la vieille aristocratie — jouaient aussi avec l'idée d'une révolution aristocratique, façonnée d'après le modèle de la dictature russe. Lénine avait ouvert leurs yeux. Quelles dupes, gémirent-ils, nous avons été. Nous nous sommes laissés tromper par les slogans de la bourgeoisie libérale. Nous avons cru qu'il n'était pas permis de dévier du règne de la loi et d'écraser sans merci ceux qui défiaient nos droits. Combien bêtes étaient ces Romanov d'accorder à leurs ennemis mortels les faveurs d'une juste procédure judiciaire ! Si quelqu'un suscite la suspicion de Lénine, c'en est fait de lui. Lénine n'hésite pas à exterminer sans aucune forme de procès chacun de ses sujets qu'il soupçonne, voire tous ses parents et amis. Mais les czars craignaient superstitieusement de contrevenir aux règles établies par les morceaux de papier qu'on appelait lois. Lorsque Alexandre Ulyanov conspira contre la vie du czar, il fut exécuté tout seul ; son frère Vladimir fut épargné. De cette façon, Alexandre III conservait la vie d'Ulyanov-Lénine, l'homme qui extermina impitoyablement son fils, sa belle-fille et leurs enfants et, avec eux, tous les membres de la famille qu'il put saisir. N'était-ce pas la politique la plus stupide et la plus mortelle ?
cependant, aucune action ne pouvait résulter de ces vieux conservateurs qui rêvaient les yeux ouverts. Ils n'étaient qu'un petit groupe de mécontents sans puissance. Ils n'étaient pas soutenus par des forces idéologiques et ils n'avaient pas de partisans.
C'était l'idée d'une telle révolution aristocratique qui animait le Stahlhelm allemand et les Cagoulards français. Le Stahlhelm fut tout simplement dispersé par l'ordre d'Hitler. Le gouvernement français put emprisonner aisément les Cagoulards avant qu'ils n'eussent la moindre occasion de faire du mal.
Le régime de Franco se rapproche le plus d'une dictature aristocratique. Mais Franco était uniquement un fantoche de Mussolini et d'Hitler qui désiraient s'assurer l'aide espagnole en vue de la guerre imminente contre la France ou du moins la neutralité « amicale » de l'Espagne. Du fait de la mort de ses protecteurs, il doit ou bien adopter les méthodes de gouvernement occidentales, ou bien s'attendre à être écarté du pouvoir.
La dictature et l'oppression violente de tous les dissidents sont de nos jours exclusivement des institutions socialistes. Nous comprenons cela en examinant de plus près le fascisme et le nazisme.
1. Cf. Benda, La Trahison des clercs, Paris, 1927.