republié en 1993 par le Ludwig von Mises Institute
par Murray Rothbard
traduit par Hervé de Quengo
La conclusion la plus importante de la théorie de la concurrence monopolistique ou imparfaite est peut-être que le monde réel de la concurrence monopolistique (où la courbe de demande de chaque entreprise est nécessairement décroissante) est inférieur au monde idéal de la concurrence pure (où aucune entreprise n'a d'effet sur son prix). Cette conclusion a été exprimée de manière simple et efficace en comparant deux états finals d'équilibre : en concurrence pure et en concurrence monopolistique (figure 70).
La courbe AC correspond aux coûts totaux pour la firme moyenne - ses coûts en dollars par unité produite. L'axe des abscisses représente la quantité produite et l'axe des ordonnées les prix (comprenant les coûts). La seule hypothèse que nous devons faire pour tracer cette courbe de coûts moyens est qu'il existe, pour toute usine de toute branche de la production, un certain point optimum de production, c'est-à-dire un certain niveau de production auquel le coût moyen par unité est à un minimum. Tous les niveaux de production inférieurs ou supérieurs à celui de l'optimum conduisent à un coût moyen plus élevé. Dans la concurrence pure, pour laquelle la courbe de demande Dp de chaque entreprise est parfaitement élastique, chaque firme s'adaptera de telle sorte que sa courbe AC soit tangente à Dp à l'équilibre, au point E dans ce cas. Car si le revenu moyen (le prix) était plus grand que le coût moyen, alors la concurrence attirerait d'autres entreprises jusqu'à ce que les courbes soient tangentes ; tandis que si la courbe de coût était au-dessus de la courbe de demande, l'entreprise ferait faillite. La tangence se produit au point E, le prix est OG et la production OK. Comme pour toute définition de l'équilibre final, les coûts totaux sont égaux aux revenus totaux pour chaque firme et les profits sont nuls.
Comparons maintenant ce schéma avec celui de la concurrence monopolistique. Comme la courbe de demande (Dmf) est désormais décroissante, elle doit, pour une même courbe AC, lui être tangente en un certain point (F) tel que le prix (JF) soit plus élevé et la production (OJ) plus faible que dans le modèle de la concurrence pure. Bref, la concurrence monopolistique conduit à des prix plus élevés et à une production moins importante - c'est-à-dire un niveau de vie plus bas - que la concurrence pure. De plus, le niveau de production ne s'établira pas au point correspondant au coût moyen minimal - clairement un "optimum" social, et chaque usine produira moins que le niveau optimal, i.e. se retrouvera avec une "capacité trop grande." Voilà ce qui fut l'argument de "bien-être" des théoriciens de la concurrence monopolistiques.
Au cours des dernières années, un processus de révision, mené en partie par les créateurs de la doctrine eux-mêmes, a détruit cette théorie. Comme nous l'avons vu, le professeur Chamberlin et d'autres ont montré que cette analyse ne s'applique pas si nous voulons satisfaire le désir de diversité du consommateur. [75] De nombreuses autres attaques correctes et efficaces ont été menés depuis, dans diverses directions. Un argument fondamental est que les situations de concurrence pure et monopolistique ne peuvent pas être comparées parce que les courbes AC ne seraient en fait pas alors les mêmes. Chamberlin a également poursuivi ses études révisionnistes dans ce domaine, en déclarant que les comparaisons sont totalement illégitimes et qu'appliquer le concept de concurrence pure à des entreprises existantes signifierait par exemple que l'on suppose un très grand nombre de firmes semblables produisant un produit identique. Si ceci était fait avec, au hasard, General Motors, cela voudrait dire soit que GM devrait être divisée conceptuellement en de nombreuses parties, soit qu'il faudrait la multiplier. Si elle était divisée, les coûts unitaires seraient sans aucun doute plus élevés et alors "l'entreprise concurrentielle" devrait présenter des coûts plus importants et devraient offrir des prix plus importants pour survivre. Ce qui pénaliserait à l'évidence les consommateurs et le niveau de vie. Ainsi, Chamberlin reprend la critique de Schumpeter selon laquelle la firme "monopolistique" pourrait bien présenter des coûts plus faibles que son alter ego "purement concurrentielle." Si, par ailleurs, nous imaginons la multiplication d'un grand nombre de firmes General Motors, de même taille que l'actuelle, nous ne pourrions alors pas nous raccrocher au monde actuel et la comparaison deviendrait absurde. [76]
De plus, Schumpeter a souligné la supériorité de la firme "monopolistique" en ce qui concerne les innovations et le progrès et Clark a montré le caractère inapplicable, sous divers aspects, de cette théorie statique au monde dynamique réel. Il a récemment exposé l'asymétrie fallacieuse du raisonnement quant au prix et à la qualité. Hayek et Lachmann ont aussi mis le doigt sur la distorsion de la réalité dynamique, comme nous l'avons indiqué plus haut. [77]
Une deuxième ligne d'attaque majeure a montré que les comparaisons sont bien moins importantes qu'elles ne le semblent avec les diagrammes conventionnels, parce que les courbes de coûts sont empiriquement bien plus plates que dans les manuels. Clark a insisté sur le fait que les entreprises font des considérations à long terme, et que les courbes de coûts et de demande à long terme sont toutes deux plus élastiques que celles à court terme. Par conséquent, les différences entre les points E et F seront négligeables et presque inexistantes. Clark et d'autres ont souligné l'importance vitale de la concurrence potentielle pour celui qui chercherait à soutirer un prix de monopole, concurrence des firmes à l'intérieur comme à l'extérieur de l'industrie, et concurrence des substituts entre industries. Un autre argument qui a été proposé est que les courbes de coûts sont, empiriquement, horizontales sur l'intervalle pertinent, sans même faire appel aux problèmes de court et long termes. [78]
Tous ces arguments, ajoutés à notre analyse précédente, ont efficacement détruit la théorie de la concurrence monopolistique. Et pourtant, il reste quelque chose à dire. Il y a des aspects étranges dans toute cette construction, mis à part l'approche fallacieuse de "la courbe des coûts," et pratiquement personne n'a soulevé ces autres graves défauts de la théorie. Dans une économie qui baigne presque totalement dans la "concurrence monopolistique," comment toutes les entreprises peuvent-elles produire trop peu et vendre trop cher ? Que deviennent les facteurs en surplus ? Que font-ils ? Cette question n'est pas posée à cause du manque d'intérêt actuel pour l'analyse générale autrichienne et de la focalisation non méritée sur la firme ou l'industrie isolé. [79] Les facteurs excessifs doivent aller quelque part et, dans ce cas, ne doivent-ils pas aller vers d'autres entreprises connaissant une concurrence monopolistique ? Mais alors, la thèse s'écroule parce qu'auto-contradictoire. Ses partisans lui ont toutefois préparé une porte de sortie. Ils prennent tout d'abord le cas de la concurrence pure, avec équilibre au point E. Puis ils supposent un changement soudain vers des conditions de concurrence monopolistique, avec une courbe de demande désormais décroissante pour l'entreprise. Ainsi, la courbe Dp est remplacée par la courbe Dmo. L'entreprise réduit alors sa production et augmente son prix en conséquence. Elle récupère un profit, ce qui attire de nouvelles firmes dans l'industrie, et la courbe de demande est déplacée à gauche et vers le bas, jusqu'à ce qu'elle soit tangente en F à la courbe AC de coûts. Ainsi, prétendent les théoriciens de la concurrence de monopole, cette dernière ne conduit pas seulement à une production trop faible pour chaque entreprise, avec des coûts et des prix excessifs, mais elle conduit aussi à ce qu'il y ait trop de firmes dans chaque industrie. Voilà ce qui arrive aux facteurs en excès : ils sont immobilisés dans de trop nombreuses entreprises peu rentables.
Ceci semble plausible jusqu'à ce que l'on ce rende compte que tout l'exemple a été construit sur une astuce. Si nous isolons une entreprise ou une industrie, comme il est fait, nous pourrions tout aussi bien commencer dans la situation de concurrence monopolistique, au point F, et changer brusquement les conditions pour celles de la concurrence pure. Ceci est certainement tout aussi légitime, ou plutôt illégitime, en vue d'effectuer une comparaison. Et alors ? Comme nous le voyons sur le schéma suivant de la figure 71, la courbe de demande Dmf pour chaque entreprise est remplacée par Dpo. Il est désormais rentable, pour chaque firme, d'augmenter sa production, ce qui conduira à faire des profits. De nouvelles entreprises seront attirées dans l'industrie et la courbe de demande se déplacera verticalement vers le bas, jusqu'à ce qu'elle soit tangente en E à la courbe AC de coûts. Avons nous "prouvé" qu'il y a plus de firmes dans une industrie sous des conditions de concurrence pure que sous des conditions de concurrence monopolistique ? [80] L'erreur fondamentale consiste à ne pas voir que, dans les conditions initiales hypothétiques, tout changement conduisant à des profits attirera de nouvelles entreprises dans l'industrie.
Les théoriciens sont pourtant supposés comparer deux équilibres statiques différents, correspondant respectivement à la concurrence pure et à la concurrence monopolistique. Pas de comparer les chemins menant de l'une à l'autre. Par conséquent, les théoriciens de la concurrence de monopole n'ont en aucun cas résolu le problème des facteurs en surplus.
Mais, en dehors de cet aspect, il existe d'autres points délicats dans cette théorie et Sir Roy Harrod, lui-même l'un de ces concepteurs, est le seul à avoir saisi l'essence de la question cruciale. Comme il le dit :
Si l'entrepreneur prévoit le cours des événements qui limiteront sa production rentable à x-y unités, pourquoi ne pas se préparer à avoir une usine qui produise x-y unités moins cher plutôt que de se retrouver avec une capacité trop grande ? Prévoir une usine pour produire x unités en sachant qu'il ne sera possible que d'en produire x-y est certainement un signe de schizophrénie.
Et pourtant, Harrod affirme, perplexe, que "la doctrine admise" considère comme "impossible d'être un entrepreneur sans souffrir de schizophrénie ! " [81] Bref, la théorie suppose qu'à long terme l'entreprise devant produire au point F construira néanmoins une usine pour laquelle les coûts minimaux correspondront au point E. Il est clair qu'il y a là une contradiction flagrante avec la réalité. Où est l'erreur ? La propre réponse de Harrod consiste en une discussion excellente et innovante sur les différences entre les courbes de demande à court et long terme, le "long terme" étant toujours un facteur de la planification entrepreneuriale. Mais il ne répond pas précisément à la question.
Le paradoxe devient "de plus en plus curieux" lorsqu'on réalise qu'il s'articule autour d'un point de technique mathématique. La raison pour laquelle une firme ne peut jamais produire au point correspondant coût optimal est que (a) elle doit produire à l'équilibre sur une courbe de demande tangente à la courbe des coûts moyens, et que (b) si la courbe de demande est décroissante, il s'ensuit qu'elle ne peut être tangente à une courbe des coût en U que pour un point situé plus haut et à gauche du point optimal. Il y a deux aspects que nous pouvons ajouter ici. Premièrement, il n' y a aucune raison pour que la "courbe" des coûts doive être véritablement courbée. Autrefois, les courbes de demande des manuels étaient de véritables courbes, alors qu'elles sont aujourd'hui représentées par des droites : il y a même plus de raisons pour croire que les courbes de coûts sont des suites de segments rectilignes. Il est bien sûr (a) plus simple pour tracer les schémas et (b) essentiel pour la représentation mathématique qu'il s'agisse bien de courbes continues et dérivables, mais nous ne devons pas falsifier la réalité afin de pouvoir profiter des outils mathématiques. En fait, la production est une série d'alternatives discrètes, comme toutes les actions humaines le sont : elle ne peut pas être continue et dérivable ; on ne pas passer d'un niveau de production à un autre par des modifications infinitésimales. Mais une fois que l'on admet la nature discrète et angulaire de la courbe des coûts, le "problème" de la capacité en excès disparaît immédiatement (voir la figure 72). La courbe décroissante Dm de demande d'une entreprise "monopolistique" peut être "tangente" à la courbe AC des coûts au point E, point auquel les coûts sont les plus faibles, et il en sera ainsi à l'équilibre final.
Il y a une autre façon de faire disparaître ce faux problème : c'est de remettre en cause l'hypothèse même de tangence. La tangence à la courbe des coûts est une conséquence des propriétés de l'équilibre : les coûts totaux et les revenus totaux de l'entreprise y sont égaux car profits et pertes y sont nuls. Mais une question clé a été oubliée ou traitée de travers. Pourquoi une firme devrait-elle produire quoi que ce soit si, après tout, elle ne gagne rien à le faire ? Or elle gagne quelque chose à l'équilibre et il s'agit des intérêts. L'orthodoxie moderne s'est trompée pour une raison : parce qu'elle ne se rend pas compte que les entrepreneurs sont aussi des capitalistes et que même si, dans une économie en rotation uniforme, la fonction strictement entrepreneuriale n'existe plus, la fonction capitaliste d'avance des fonds reste tout à fait nécessaire.
La théorie moderne tend aussi à considérer les intérêts
comme un coût pour l'entreprise. Naturellement, si tel est le cas, la
présence d'intérêts ne change alors rien à l'affaire. Mais
(et nous demandons au lecteur de se référer à des chapitres
ultérieurs) l'intérêt n'est pas un coût pour l'entreprise :
c'est un bénéfice pour une entreprise. La croyance contraire réside
en une focalisation superficielle sur l'intérêt des prêts et en une
séparation injustifiée entre entrepreneurs et capitalistes. En
réalité, les prêts ne sont pas importants et ne représentent
qu'une forme légale de l'investissement capitaliste-entrepreneurial. En
résumé, même dans l'économie en rotation uniforme,
l'entreprise retire un rendement d'intérêt "naturel,"
dicté par la préférence temporelle de la société.
Ainsi, la figure 72 doit être modifiée pour ressembler à la figure
73 (en mettant de côté le problème des parties non dérivables).
L'entreprise produira OK, son niveau de production optimal, au coût minimal
KE. Ses courbes de demande et de coûts ne seront pas tangentes l'une
à l'autre mais permettront un rendement d'intérêt à
l'équilibre, représenté par l'aire EFGH. (Les prix
ne seront pas, comme certains pourrons le dire, plus élevés dans
cette version corrigée de la concurrence monopolistique ; car cette courbe
AC est située partout en dessous de celles des versions
précédentes, qui comprenaient les intérêts dans les coûts.
Si elles ne comprenaient pas les intérêts et supposaient à la place que
ceux-ci étaient nuls dans l'économie en rotation perpétuelle, alors
elles étaient erronées comme nous l'avons souligné plus haut.)
[82]
Notes
[75] Et la différenciation des produits associée à la courbe de demande décroissante peut fort bien diminuer les coûts de distribution et d'inspection (et également améliorer la connaissance du consommateur) pour plus que compenser l'augmentation supposée des coûts de production. En résumé, la courbe AC du schéma est en réalité une courbe de coûts de production, plutôt qu'une courbe de coûts totaux, et néglige les coûts de distribution. Cf. Goldman, loc. cit. De plus, une authentique courbe de coûts totaux ne serait pas indépendante de la courbe de demande de l'entreprise, polluant ainsi l'analyse habituelle de la "courbe des coûts". Voir Dewey, op. cit., p. 87. Voir aussi la partie C ci-dessous.
[76] Voir Chamberlin, "Measuring the Degree of Monopoly and Competition" et "Monopolistic Competition Revisited" in Towards a More General Theory of Value, pp. 45-83
[77] Voir J.M. Clark, "Competition and the Objectives of Governement Policy" in E.H. Chamberlin ed., Monopoly and Competition and Their Regulation (Londres : MacMillan, 1954), pp. 317-327, "Towards a Concept of Workable Competition" in Readings in the Social Control of Industry (Philadelphie : Blakiston, 1942), pp. 452-476 ; Clark, "Discussion," loc. cit. ; Abbott, op. cit., passim ; Joseph A. Schumpeter, Capitalism, Socialism and Democracy (New York : Harper and Bross, 1942) ; Hayek, "The Meaning of Competition," loc. cit., et Lachmann, loc. cit.
[78] Voir plus haut les citations de Clark ; et Richard B. Heflebower, "Towards a Theory of Idustrial Markets and Prices" in R.B. Heflebower et G.W. Stocking eds., Readings on Industrial Organization and Public Policy (Homewood Ill. : R.D. Irwin, 1958), pp. 297-315. Un argument plus douteux - le caractère horizontal de la courbe de demande d'une entreprise dans l'intervalle important -a été proposé par d'autres économistes, notamment A.J. Nichol, "The Influence of Marginal Buyers on Monopolistic Competition," Quartely Journal of Economics, novembre 1934, pp. 121-134 ; Alfred Nicols, "The Rehabilitation of Pure Competition," Quartely Journal of Economics, novembre 1947, pp. 31-63 et Nutter, loc.cit.
[79] Mais cf. Abbott, op. cit., pp. 180-181.
[80] L'auteur a appris cet argument particulier d'analyse économique lors des cours du Professeur Arthur Burns et, à notre connaissance, ne l'a jamais vu imprimé. [Burns, qui habita longtemps le même immeuble que Rothbard, lui causa quelques soucis an tant que directeur du département d'économie. En effet, ayant une haute opinion de son jeune voisin, il fut déçu par sa thèse et n'accepta pas la soutenance sans modifications, s'opposant sur ce point à Joseph Dorfman, le directeur de thèse de Rothbard. Ce dernier put finalement soutenir après le départ de Burns pour la direction de la Réserve fédérale ! Voir la biographie de Rothbard écrite par Justin Raimondo ("An Enemy of the State", Prometheus Book, 2000, p. 43-44). NdT]
[81] Roy Harrod, Economic Essays (New York : Harcourt, Brace, 1952), p. 149.
[82] Après être arrivé à cette conclusion, l'auteur est tombé sur un article brillant mais passé inaperçu, qui souligne que l'intérêt est une rentrée et non un coût, et montrant les implications dévastatrices de ce fait pour la théorie de la courbe des coûts. Cet article n'applique cependant pas la théorie de façon satisfaisante au problème de la concurrence monopolistique. Voir Gabor et Pearce, "A New Approach to the Theory of the Firm," loc. cit. et id., "The Place of Money Captital, etc.," loc. cit. S'il existe quelques similitudes, la critique du Professeur Dewey quant à la doctrine de la "capacité excessive" est fondamentalement très différente de la nôtre et se fonde bien plus sur des considérations "orthodoxes." Dewey, op. cit., pp. 96 et suivantes.
[83] Comme les théories erronées mais populaires proposées par J.K. Galbraith font partie de la théorie de la concurrence monopolistique, il est inutile de la discuter ici. Pour une critique plus détaillée de ses nombreux sophismes, voir Simon N. Whitney, "Errors in the Concept of Countervailing Power," Journal of Business, octobre 1953, pp. 238-253 ; George Stigler, "The Economist Plays with Blocs," American Economic Review, Papers and Proceedings, mai 1954, pp. 8-14 et David Mc Wright, "Discussion", ibid, pp. 26-30.