Man, Economy, and State

republié en 1993 par le Ludwig von Mises Institute

 

par Murray Rothbard

traduit par Hervé de Quengo

Chapitre 10 : Monopole et concurrence

2. Les cartels et leurs conséquences

D. L'instabilité du cartel

L'analyse montre qu'un cartel est une forme intrinsèquement instable. Si la mise en commun des avoirs se révèle profitable à long terme pour chacun des membres du cartel, alors ils fusionneront formellement en une grande firme. Le cartel disparaît alors dans la fusion. D'un autre côté, si l'action conjointe ne se montre pas profitable pour un ou plusieurs membres, la ou les firmes non satisfaites se détacheront du cartel et, comme nous le verrons, une action indépendante de ce type détruit presque toujours le cartel. La forme du cartel, par conséquent, est destinée à être très évanescente et instable.

Si l'action conjointe est la méthode la plus efficace et la plus profitable pour chaque membre, une fusion se produit rapidement. Le fait même que chaque firme membre du cartel garde son indépendance signifie qu'un morcellement peut se produire à tout instant. Le cartel devra décider de la production totale et assigner des quotas à chacun des membres. Il est probable que ceci conduise d'abord à de fortes chamailleries parmi les firmes à propos des quotas, chacune essayant de recevoir la plus grande part de l'allocation. Quelle que soit la base sur laquelle repose l'attribution des quotas, elle sera arbitraire et sujette à des contestations de la part d'un ou de plusieurs membres [13]. Dans une fusion, ou lors de la formation d'une société commerciale, les actionnaires forme une organisation prenant des décisions, par vote majoritaire. Dans le cas d'un cartel, cependant, des disputes surviennent parmi des entités possédées de façon indépendante.

Il est fortement probable que les producteurs les plus efficaces seront impatients lors d'une action conjointe imposée et qu'ils seront enclins à développer leurs affaires plutôt que de rester liés par des entraves et des quotas établis pour protéger leurs concurrents les moins capables. Il est clair que les entreprises les plus performantes seront celles qui briseront le cartel. Ce sera d'autant plus vrai au fur et à mesure que le temps passe et que les conditions changent par rapport à celles qui existaient à l'origine du cartel. Les quotas, les accords faits avec jalousie et qui semblaient auparavant convaincants à tous, apparaissent dès lors comme des restrictions intolérables aux firmes les plus efficaces. Le cartel s'effondre rapidement : tout d'abord une entreprise s'en détache, augmente sa production et baisse ses prix, puis les autres doivent suivre.

Si le cartel se s'effondre pas de l'intérieur, il est encore plus probable qu'il s'effondre de l'extérieur. Dans la mesure où il a rapporté des profits de monopole inhabituels, des entreprises et des producteurs extérieurs entreront dans son domaine de production. En bref, des concurrents viennent pour prendre avantage des profits élevés. Mais une fois qu'un concurrent important arrive à défier le cartel, celui-ci est fini. Car, comme les firmes du cartel ont une production limitée par les quotas, elles doivent observer le développement des nouveaux concurrents qui leur retirent des parts de marché à un taux s'accélérant. Le résultat, c'est que le cartel doit se dissoudre sous la pression des nouveaux venus dans la concurrence [14].

E. Cartels et concurrence libre

Il y a d'autres arguments que les adversaires des cartels utilisent pour dénoncer leur action. Une thèse affirme qu'il y a quelque chose de mauvais à ce que des entreprises auparavant en concurrence s'unissent en "restreignant la concurrence" ou en "restreignant l'échange". Une telle restriction est supposée léser la liberté de choix du consommateur. Comme Hutt l'a dit dans l'article précité : "Les consommateurs ne sont libres... et la souveraineté du consommateur n'est réalisable que dans la mesure où le pouvoir de substitution existe".

Mais c'est clairement une mauvaise compréhension de la signification du terme "liberté". Crusoe et Vendredi, marchandant sur une île déserte, ont une très faible étendue ou un très faible pouvoir de choix : leur pouvoir de substitution est limité. Pourtant, si aucun n'interfère avec la personne ou la propriété de l'autre, chacun est parfaitement libre. Soutenir le contraire consiste à faire sienne la confusion entre liberté et abondance ou étendue de choix. Aucun producteur individuel n'est ou ne peut être responsable du pouvoir de substitution des autres. Aucun planteur de café ou producteur d'acier, qu'il agisse seul ou avec d'autres, n'est responsable envers quiconque s'il choisit de ne pas produire plus. Si le professeur X ou le consommateur Y pense qu'il n'y a pas assez de producteurs de café ou qu'ils ne produisent pas assez, ces critiques sont libres d'entrer dans le commerce du café ou de l'acier pour augmenter à la fois le nombre des concurrents et la quantité de biens produits.

Si la demande du consommateur avait véritablement justifié plus de concurrents, ou une plus grande production, ou une plus grande variété de produits, les entrepreneurs auraient saisi l'occasion de faire des profits en satisfaisant cette demande. Le fait qu'il n'en soit pas ainsi dans tous ces cas démontre qu'une telle demande insatisfaite n'existe pas. Mais si cela est vrai, il s'ensuit qu'aucune action humaine ne peut améliorer la satisfaction de la demande du consommateur plus que ne le fait le marché libre. La mauvaise confusion entre liberté et abondance de biens repose sur l'incapacité de distinguer entre les conditions issues de la nature et les actions humaines destinées à transformer la nature. Dans un état de nature primitive, il n'y a pas d'abondance : en fait, il y a peu de biens, pour peu qu'il y en ait. Crusoe est totalement libre, mais est pourtant à la limite de la famine. Bien sûr, il serait plus plaisant pour tout le monde si les conditions données par la nature étaient bien plus abondantes, mais il ne s'agit que de rêves vains. Car, vis-à-vis de la nature, ceci est le meilleur de tous les mondes possibles, parce que c'est le seul monde possible. La condition de l'Homme sur Terre est de travailler sous les conditions naturelles existantes et de les améliorer par l'action humaine. C'est un reflet de la nature, pas du marché libre, si chacun est "libre de périr".

L'économie démontre que les individus qui établissent des relations mutuelles sur un marché libre dans une société libre - et n'établissent que ce type de relations - peuvent obtenir l'abondance pour eux et pour toute la société. ("Libre", comme toujours dans ce livre, est pris dans le sens interpersonnel de ne pas être agressé par d'autres personnes). Parler de liberté comme si elle équivalait à l'abondance obscurcit la compréhension de ces vérités.

Le marché libre, dans le monde de la production, peut être appelé "concurrence libre" ou "entrée libre", et signifie que, dans une société libre, chacun est libre d'entreprendre et de produire dans le domaine qu'il choisit. "La libre concurrence" est l'application de la liberté dans la sphère de la production : la liberté d'acheter, de vendre et de transformer sa propriété sans interférence violente d'une puissance externe.

Nous avons vu plus haut que la satisfaction du consommateur, dans un régime de concurrence libre, tendra à tout instant vers le maximum possible, étant données les conditions naturelles. Ceux qui feront les meilleurs prévisions tendront à émerger en tant qu'entrepreneurs dominants, et si quelqu'un voit passer une occasion, il est libre de tirer avantage de sa meilleure prévision. Le régime qui tend à maximiser la satisfaction du consommateur n'est donc pas celui de la "concurrence pure", ni de la "concurrence parfaite", ni de la "concurrence sans cartel" [15], ni de quelque chose d'autre que la simple liberté économique.

Certains critiques affirment qu'il n'existe pas de libre entrée "réelle" ou de libre concurrence "réelle" sur un marché libre. Car comment peut-on faire concurrence ou faire son entrée dans un domaine où d'énormes sommes d'argent sont nécessaires pour investir dans des usines ou des firmes efficaces ? Il est facile "d'entrer" dans "l'industrie" du colportage avec charrette à bras parce que peu de capital est nécessaire, mais il est presque impossible de créer une nouvelle entreprise automobile, avec ses lourds besoins en capital.

Cet argument n'est rien d'autre qu'une variante de la confusion répandue entre liberté et abondance. Dans ce cas, l'abondance se réfère au capital monétaire qu'un homme a été capable d'amasser. Chaque homme est tout à fait libre de devenir un joueur de base-ball. Mais cette liberté n'implique pas qu'il sera un aussi bon joueur qu'un autre. L'étendue ou le pouvoir d'action d'un homme, qui dépend de ses facultés et de la valeur d'échange de ce qu'il possède, est quelque chose de totalement distinct de sa liberté. Comme nous l'avons dit, une société libre conduira à long terme à l'abondance générale et représente la condition nécessaire de cette abondance. Mais société libre et abondance doivent rester des concepts distincts et ne pas être confondus dans des expressions comme la "liberté réelle" ou la "véritable liberté". Ainsi, le fait que chacun soit libre d'entrer dans une industrie ne veut pas dire que chacun est capable de le faire, que ce soit en raison de capacités personnelles ou de capital monétaire. Pour des industries qui réclament plus de capital, moins de personnes seront capables de tirer avantage de leur liberté de créer une nouvelle entreprise, que pour des industries demandant moins de capital, tout comme il y aura moins de travailleurs capables de tirer avantage de leur liberté d'entrer dans une profession hautement qualifiée que pour occuper une position.subalterne. Il n'y a aucun mystère dans les deux cas.

En fait, l'incapacité est bien plus importante pour le marché du travail que pour la concurrence commerciale. Les constructions modernes que sont les sociétés commerciales ne sont-elle pas en fait le moyen de réunir le capital de nombreuses personnes de plus ou moins grande fortune ? La "difficulté" d'investir dans une nouvelle entreprise automobile devrait être considérée d'après les quelque cinquante dollars nécessaires pour acheter une action, et non d'après les centaines de millions de dollars nécessaires à l'investissement total. Cependant, si le capital peut être réuni à partir des plus petites sommes, l'aptitude au travail ne peut pas être mise en commun.

Parfois l'argumentation atteint des sommets d'absurdité. On affirme souvent, par exemple, que les entreprises sont si grandes dans le monde moderne que des "nouveaux" ne "peuvent pas" faire concurrence à l'industrie en place, ou même y entrer, parce qu'ils ne peuvent pas lever le capital. Ces critiques ne semblent pas voir que le capital total des individus et leur richesse ont monté avec l'augmentation du montant nécessaire pour créer une nouvelle entreprise. En fait, il s'agit des deux faces d'une même pièce. Il n'y a pas de raison de penser qu'il était plus facile de réunir le capital pour ouvrir une boutique de vente au détail il y a plusieurs siècles que de réunir le capital pour une firme automobile de nos jours. S'il y a assez de capital pour financer les grandes entreprises qui existent aujourd'hui, il y a assez de capital pour en financer une de plus. En fait le capital pourrait être retiré des grandes firmes existantes et déplacé vers les nouvelles si cela était nécessaire. Bien sûr, si les nouvelles entreprises se révèlent ne pas être profitables et donc ne pas rendre de services aux consommateurs, il est facile de comprendre pourquoi les gens sont peu enclins à s'embarquer dans une telle aventure dans un marché libre.

Personne ne devrait être surpris de l'inégalité des capacités ou des revenus monétaires sur le marché libre. Comme nous avons vu plus haut, les hommes ne sont pas "égaux" pour leurs goûts, leurs intérêts, leurs talents ou leur lieu de résidence. Les ressources ne sont pas distribuées "également" sur la Terre [16]. Cette inégalité ou diversité des aptitudes et de la distribution des ressources assure l'inégalité des revenus sur le marché libre. Et, comme les avoirs monétaires de quelqu'un proviennent de ses aptitudes et de celles de ses ancêtres à servir les consommateurs sur le marché, il n'est pas surprenant qu'il y ait aussi une inégalité de richesse monétaire.

Le terme de "concurrence libre" se révèlera dès lors trompeur à moins de l'interpréter comme signifiant libre action, c'est-à-dire liberté de faire ou non concurrence selon le désir des individus.

A la suite de l'exposé précédant, il devrait être clair qu'il n'y a rien de particulièrement répréhensible ou de destructeur de la liberté du consommateur dans l'établissement d'un "prix de monopole" ou d'une action via cartel. L'action d'un cartel, si elle est volontaire, ne peut pas faire de mal à la liberté de concurrence et, si elle se révèle profitable, bénéficie au consommateur plus qu'elle ne le blesse. Elle est parfaitement en accord avec une société libre, avec la souveraineté de l'individu sur lui-même, et avec le fait de gagner de l'argent en servant le consommateur.

Comme Benjamin R. Tucker l'a brillamment conclu en traitant du problème des cartels et de la concurrence :

Le droit de coopérer est tout aussi indiscutable que le droit de faire concurrence. Le droit de faire concurrence implique le droit de s'abstenir de la concurrence ; la coopération est souvent une méthode de concurrence, et la concurrence est toujours, au sens le plus large, une méthode de coopération [...] chacun est une pratique légitime, disciplinée et non invasive de la volonté individuelle sous le régime social d'une égale liberté. [...]

A la lumière de ces propositions irréfutables, le trust, comme toute autre combinaison industrielle conduisant à ne faire collectivement que ce que chaque membre de la coalition puisse faire individuellement est, en soi, une institution irréprochable. Attaquer, contrôler ou interdire cette forme de coopération est une absurdité. C'est une absurdité parce que cela prouve trop. Le trust n'est un rejet de la concurrence que dans la mesure ou la concurrence est un rejet de la concurrence [italiques de Rothbard]. Le trust ne nie la concurrence qu'en produisant ou en vendant moins cher que ceux qui sont hors du trust. Mais alors tout concurrent individuel qui connaît le succès est aussi un adversaire de la concurrence. [...] Le fait est qu'il y a un rejet de la concurrence qui est le droit de tous, et un rejet de la concurrence qui n'est le droit de personne. Nous tous, à l'intérieur ou à l'extérieur du trust, avons le droit de rejeter la concurrence en refusant de faire concurrence, mais personne d'entre nous, qu'il soit membre ou non du trust, n'a le droit de rejeter la concurrence par un décret arbitraire, en interférant avec l'effort volontaire, par la suppression forcée de l'initiative [17].

Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que la coopération, ou la combinaison, soit nécessairement "meilleure" que la concurrence entre entreprises. Nous concluons seulement que l'étendue respective des domaines dans ou entre les entreprises sur le marché libre sera précisément la proportion la plus susceptible de conduire à la fois au bien-être des consommateurs et des producteurs. Ceci équivaut à notre précédente conclusion selon laquelle la taille d'une entreprise tendra à s'établir au niveau pour laquelle elle rend le plus de service au consommateur. [18]

F. Le problème d'un grand cartel

Le mythe du cartel malfaisant a été grandement promu par l'image cauchemardesque du "grand cartel unique". "Tout cela est bien beau", dira-t-on, "mais supposons que toutes les entreprises d'un pays se réunissent en un Grand Cartel Unique. Qu'en est-il alors de cette horreur ?"

La réponse peut être trouvée au chapitre 9 de cet ouvrage [pages 547 et suivantes], où nous avons vu que le marché libre place des limites finies à la taille de la firme, qui sont les limites permettant le calcul sur le marché. Afin de calculer les profits et les pertes de chaque branche, une firme doit être capable de rattacher ses opérations internes à des marchés externes pour chacun des différents facteurs et des produits intermédiaires. Si l'un de ces marchés externes disparaît, parce que tous sont absorbés à l'intérieur d'une seule entreprise, la possibilité de calcul disparaît et la firme n'a plus le moyen d'allouer rationnellement les facteurs vers ce marché spécifique. Plus ces limites de taille sont dépassées, plus grande devient la sphère d'irrationalité et plus difficile il se fait d'éviter les pertes. Un grand cartel ne sera pas capable d'allouer rationnellement les biens de production et ne pourra donc pas éviter de sérieuses pertes. Par conséquent, ce grand cartel ne pourra jamais s'établir vraiment, et si une tentative était faite, il se briserait rapidement en morceaux.

Dans la sphère de production, le socialisme est équivalent à uu Grand Cartel Unique, contrôlé et organisé de manière obligatoire par l'État. [19] Ceux qui défendent la "planification centralisée" socialiste comme la plus efficace des méthodes de production pour répondre aux désirs du consommateur doivent répondre à cette question : si la planification centralisée est véritablement plus efficace, pourquoi ne s'est-il pas établi sur le marché libre, sous l'action d'individus à la recherche de profits ? Le fait qu'un Grand Cartel Unique ne se soit jamais formé volontairement et qu'il nécessite la puissance de coercition de l'Etat pour être créé démontre qu'il ne peut pas être la méthode la plus efficace pour satisfaire les désirs du consommateur. [20]

Supposons un instant que le Grand Cartel unique puisse s'établir sur le marché libre et qu'il n'y ait pas de problème de calcul. Quelles en seraient les conséquences économiques ? Le cartel sera-t-il capable "d'exploiter" quelqu'un ? En premier lieu, les consommateurs ne pourront pas être "exploités". Car les courbes de demande des consommateurs seront encore élastiques ou inélastiques, selon le cas. Comme, ainsi que nous le verrons plus loin, les courbes de demande des consommateurs sont toujours, pour une firme, élastique au-dessus du prix d'équilibre du marché libre, il s'ensuit que le cartel ne sera pas capable d'augmenter ses prix ou de soutirer plus d'argent au consommateur.

Q'en est-il des facteurs ? Leurs propriétaires ne pourraient-ils pas être exploités par le cartel ? En premier lieu, le cartel universel, pour être efficace, doit inclure tous les propriétaires terriens. Sinon, tout les gains qu'ils pourraient obtenir pourraient être imputés à la terre. Pour le dire dans la version la plus forte, un cartel universel de toute la terre et de tous les biens du capital pourrait-il "exploiter" les travailleurs en les payant systématiquement moins que la valeur marginale actualisée de leur production ? Les membres du cartel ne pourraient-ils pas se mettre d'accord pour payer une très faible somme à ces travailleurs ? Si cela se produisait, toutefois, de grandes occasions se présenteraient aux entrepreneurs soit pour surgir hors du cartel, soit pour en sortir, afin de réaliser des profits en embauchant des travailleurs à des salaires plus élevés. Cette concurrence aurait pour double effet de (a) briser le cartel universel et (b) de tendre à rendre aux travailleurs leur produit marginal. Tant que la concurrence est libre, à l'abri des restrictions gouvernementales, aucun cartel universel ne peut exploiter le travail ni rester longtemps universel. [21]

Notes

[13]. Comme le dit le professeur Benham : "Les entreprises qui ont produit une part relativement importante de la production dans le passé demanderont la même part pour le futur. Les entreprises en expansion - grâce, par exemple, à une gestion plus efficace que les autres - demanderont une part plus grande que celle qu'ils ont obtenue dans le passé. Les entreprises avec une plus grande 'capacité' de production, mesurée par la taille de leur [...] usine demanderont une part plus grande en conséquence." Benham. Economics (New York : Pitman Publishing Co., 1941), p. 232. Sur les difficultés que rencontrent les cartels, voir aussi Bjarke Fog, "How Are cartel Prices Determined?" Journal of Industrial Economics, novembre 1956, pp. 16-23 ; Donald Dewey, Monopoly in Economics and Law (Chicago : Rand McNally, 1959), pp. 14-24 ; et Wieser, Social Economics, p. 225.

[14]. Pour des exemples de cette instabilité dans l'histoire des cartels, voir Fairchild, Furniss et Buck, Elementary Economics, II, 54-55 ; Charles Norman Fay, Too Much Government, Too Much Taxation (New York : Doubleday, Page, 1923), p. 41 et Big Business and Government (New York : Doubleday, Page, 1912) ; A.D.H. Kaplan, Big Enterprise in a Competitive System (Washington : Brookings Institute, 1954), pp.11-12.

[15]. Ces termes seront expliqués plus loin.

[16]. Il est clair que le terme "égal" ne peut pas être employé ici. Que peut donc vouloir dire que l'aptitude de l'avocat Jones est égale à celle de l'enseignant Smith.

[17]. D'après son discours devant la Civic Federation Conference on Trusts, tenue à Chicago du 13 au 16 septembre 1899, Chicago Conference on Trusts (Chicago, 1900), pp. 253-254, repris dans Benjamin R. Tucker, Individual Liberty (New York : Vanguard Press, 1926), pp. 248-257. Un avocat a dit de cette conférence : "Le contrôle des prix ne peut être rendu permanent que par une supériorité des méthodes de fabrication qui défie avec succès toute concurrence. Tout prix établi par une combinaison qui permet aux concurrents de faire un profit raisonnable encouragera vite une telle concurrence, conduisant à une baisse des prix." Azel F. Hatch, Chicago Conference, p. 70. Voir aussi l'excellent article de A. Leo Weil, ibid, pp. 77-96 ainsi que : W. P. Potter, ibid, pp.299-305 ; F. B. Thurber, ibid, pp. 124-136; Horatio W. Seymour, ibid, pp. 188-193 ; J. Sterling Morton, ibid, pp. 225-230.

[18]. Notre raisonnement implique-t-il, comme l'en a accusé Dorfman [qui fut le directeur de thèse de Rothbard, NdT] (J. Dorfman, op. cit. III, p. 247) que "quelle que soit la situation, elle est juste" ? Nous ne pouvons pas entrer à ce sujet dans une discussion des rapports de l'économie et de l'éthique, mais nous pouvons dire rapidement que notre réponse, concernant le marché libre, est un oui conditionnel. Plus précisément, nous pouvons dire que : étant données les fins sur les échelles de valeurs des individus, révélées par leurs actions réelles, le maximum de satisfaction de ces fins pour chacun est atteint uniquement sur le marché libre. Que les individus aient de fins "convenables" ou non est une tout autre question qui ne peut pas être tranchée par l'économiste.

[19]. Si tous les facteurs et toutes les ressources sont absolument contrôlés par l'Etat, il n'est pas très important de savoir si, légalement, ils sont propriété de l'Etat. Car la propriété comporte l'idée de contrôle et si le propriétaire nominal est privé de contrôle, c'est le contrôleur qui est le véritable propriétaire de la ressource.

[20]. A notre connaissance, le seul auteur qui examine un Grand Cartel Unique (volontaire) comme idéal potentiel est Heath, Citadel, Market, and Altar (Baltimore : Science of Social Fondation, 1957), pp. 184-187.

[21]. Cf. Mises. Human Action, p. 592


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