Théorie et Histoire

Une interprétation de l'évolution économique et sociale

Première édition :Yale University Press, 1957. Réédité (et mis en ligne) par le Ludwig von Mises Institute

par Ludwig von Mises

traduit par Hervé de Quengo

 

Première partie : Déterminisme et matérialisme

Chapitre 4. La négation du jugement de valeur

 

En traitant des jugements de valeur, nous les avons considérés comme des données ultimes, non susceptibles d'être réduites à d'autres données. Nous ne prétendons pas que les jugements de valeur tels qu'énoncés par les hommes et utilisés comme guides de l'action soient des faits premiers, indépendants de toutes les autres conditions de l'univers. Une telle hypothèse serait ridicule. L'homme fait partie de l'univers, il est le produit des forces qui y opèrent. Ses pensées et ses actions sont, comme les étoiles, les atomes et les animaux, des éléments de la nature. Ils s'inscrivent dans l'inexorable enchaînement de tous les phénomènes et événements.

Dire que les jugements de valeur sont des données ultimes signifie que l'esprit humain est incapable de les faire remonter aux faits et aux événements dont traitent les sciences de la nature. Nous ne savons pas pourquoi et comment des conditions données du monde extérieur produisent une réaction donnée dans un esprit humain. Nous ne savons pas pourquoi des personnes différentes, ou les mêmes personnes à différents instants de leur vie, réagissent différemment aux mêmes stimuli externes. Nous ne pouvons pas découvrir le lien nécessaire entre un événement externe et les idées qu'il produit dans l'esprit humain.

Pour clarifier cette question, nous devons à présent analyser les doctrines soutenant l'opinion contraire. Nous devons traiter de toutes les variétés du matérialisme.


Chapitre précédent  |  Chapitre suivant  |  Table des matières  |  Page d'accueil