Liberté économique et interventionnisme

par Ludwig von Mises

traduit par Hervé de Quengo

 

I. La liberté économique

 

Lors de l'un de ses séminaires, un étudiant demanda au professeur Mises : « Pourquoi tous les hommes d'affaires ne sont-ils pas en faveur du capitalisme ? » « Le fait même de poser cette question, répondit Mises, est marxiste. » La réponse de Mises me surprit grandement à l'époque. Il me fallut un certain temps pour comprendre ce qu'il voulait dire. Celui qui posait la question supposait, comme Karl Marx, que les hommes d'affaires avaient un intérêt particulier de groupe ou de « classe » à défendre le capitalisme, intérêt que d'autres n'avaient pas.

« Le capitalisme, continua Mises, bénéficie à tout le monde — aux consommateurs, aux masses. Il ne bénéficie pas aux seuls hommes d'affaires. Dans les faits, il y a des hommes d'affaire qui subissent des pertes dans un régime capitaliste. La position d'un homme d'affaires sur le marché n'est jamais assurée : la porte est toujours ouverte aux concurrents, qui peuvent contester sa position et le priver de ses profits. Or c'est précisément cette concurrence du capitalisme qui garantit aux consommateurs que les hommes d'affaires feront de leur mieux pour les approvisionner, eux les consommateurs, avec les biens et les services qu'ils désirent. »

Dans les articles de cette première partie, Mises montre sans arrêt qu'il n'est pas un apologiste du monde des affaires ou des hommes d'affaires. Il cherche à déterminer le système économique qui améliore le plus le bien-être des individus et les conditions de vie des masses. Et ce système économique est la liberté économique dans le cadre capitaliste. Ce n'est qu'avec la liberté économique, dit Mises, que l'on produit davantage de biens et de services. Ce n'est que dans un régime capitaliste que les salaires augmentent et que le niveau de vie des masses s'améliore. La raison ? Les consommateurs sont souverains sur les marchés capitalistes libres. Ils sont en position de faire savoir aux entrepreneurs ce qu'ils veulent de façon la plus urgente en récompensant par des profits ceux qui satisfont leurs désirs et en imposant des pertes à ceux qui échouent, leur retirant ainsi une partie de leur richesse. Le système de récompenses et de pénalités guide la production et assure que l'on produira davantage des biens et des services que veulent les consommateurs, faisant ainsi monter les salaires des travailleurs et le niveau de vie de tous.

Le marché est le résultat de la coopération sociale pacifique et de la liberté économique. Et c'est le marché qui permet la liberté individuelle, la justice, la morale, l'innovation et l'harmonie sociale. Comme l'écrit Mises dans cette partie : « Un homme est libre pour autant qu'il modèle son existence selon ses propres plans » et « la morale [n'a] de sens que lorsqu'elle [] s'adresse[] à des individus qui sont des agents libres.


Texte 1  |  Table des matières  |  Page Ludwig von Mises  |  Page d'accueil