Nouvelle édition de 1952 (réédité en 1971 par The Foundation for Economic Education)
par Ludwig von Mises
traduit par Hervé de Quengo
D'après la Théorie moderne de la Valeur, les prix résultent de l'interaction sur le marché des évaluations subjectives des marchandises et des biens. Du début à la fin, ils sont le produit des évaluations subjectives. Les biens sont évalués par les individus qui les échangent, d'après leurs valeurs d'usage subjectives, et leurs rapports d'échange sont déterminés dans l'intervalle où l'offre et la demande sont en équilibre quantitatif exact. La Loi des Prix énoncée par Menger et Böhm-Bawerk fournit une explication complète et numériquement précise de ces rapports d'échange ; elle rend compte de manière exhaustive de tous les phénomènes de l'échange direct. Dans une compétition bilatérale, le prix du marché est déterminé dans un intervalle dont la limite supérieure est établie par les évaluations du moins demandeur des acheteurs concrets et du plus offreur des vendeurs potentiels exclus, et dont la limite inférieure est établie par les évaluations du moins offreur des vendeurs concrets et du plus demandeur des acheteurs potentiels exclus.
Cette Loi des Prix est tout aussi valide pour l'échange indirect que pour l'échange direct. Le prix de la monnaie, comme les autres prix, est déterminé en dernier ressort par les évaluations subjectives des acheteurs et des vendeurs. Mais, comme il a déjà été dit, la valeur d'usage subjective de la monnaie, qui coïncide avec sa valeur d'échange subjective, n'est rien d'autre que la valeur d'usage anticipée des choses que l'on peut acheter avec elle. La valeur subjective de la monnaie doit être mesurée par l'utilité marginale des biens que la monnaie permet d'acquérir. [1]
Il s'ensuit que l'évaluation de la monnaie n'est possible qu'en supposant que la monnaie a une certaine valeur d'échange objective. Un tel point d'appui [en français dans le texte, NdT] est nécessaire afin de pouvoir combler le vide entre la satisfaction et la monnaie "inutile". Comme il n'y a pas de lien direct entre la monnaie en soi et un besoin humain quelconque, les individus ne peuvent avoir une idée de son utilité, et donc de sa valeur, qu'en supposant qu'elle a un pouvoir d'achat donné. Il est cependant facile de voir que cette hypothèse ne peut être rien d'autre que l'expression d'un rapport d'échange défini à cet instant sur le marché entre la monnaie et les marchandises. [2]
Une fois qu'un rapport d'échange entre la monnaie et les marchandises a été établi sur le marché, il continue à exercer son influence au-delà de la période durant laquelle il est maintenu ; il fournit la base pour les évaluations ultérieures de la monnaie. Ainsi, la valeur d'échange objective passée de la monnaie a une certaine importance pour son évaluation actuelle et future. Les prix de la monnaie d'aujourd'hui sont liés à ceux d'hier et d'avant, tout comme avec ceux de demain et d'après.
Mais ceci ne pourrait suffire seul à expliquer le problème de l'Elément de Continuité de la valeur de la monnaie et ne fait que repousser l'explication. Relier la valeur que la monnaie possède aujourd'hui à celle qu'elle avait hier, celle qu'elle avait hier à celle qu'elle avait avant-hier, et ainsi de suite, conduit à poser la question de savoir ce qui a déterminé la valeur de la monnaie au tout début. Des considérations sur l'origine de l'usage de la monnaie et sur les composantes particulières de sa valeur qui dépendent de sa fonction monétaire suggèrent une réponse évidente à cette question. La valeur initiale de la monnaie fut clairement la valeur des biens utilisés comme monnaie (grâce aux possibilités qu'ils offraient par ailleurs pour satisfaire des besoins humains) au moment où ils ont été pour la première fois utilisé comme moyen d'échange commun. Quand des individus ont commencé à acquérir des objets non pour la consommation mais pour les utiliser comme moyen d'échange, ils les ont évalués d'après la valeur d'échange objective que le marché leur donnait déjà en raison de leur utilité "industrielle", et seulement par une considération additionnelle d'après la possibilité de l'utiliser comme moyen d'échange. La valeur la plus ancienne de la monnaie se réunit avec la valeur de marchandise du matériau monétaire. Mais la valeur de la monnaie depuis lors a été influencée non seulement par les facteurs dépendant de ses usages "industriels", qui déterminent la valeur du matériau dont la monnaie-marchandise est constituée, mais aussi par les facteurs qui résultent de son usage en tant que monnaie. Ce n'est plus seulement l'offre et la demande pour des buts industriels, mais aussi l'offre et la demande pour son utilisation comme moyen d'échange commun, qui ont influé sur la valeur de l'or depuis l'instant où il a été utilisé pour la première fois comme monnaie. [3]
Si la valeur d'échange objective de la monnaie doit toujours être reliée à un rapport d'échange du marché préexistant entre la monnaie et les autres biens économiques (car, sinon, les individus ne pourraient estimer la valeur de la monnaie), il s'ensuit qu'un objet ne peut être utilisé comme monnaie s'il ne possède pas déjà, au moment où il commence à être utilisé comme monnaie, une valeur d'échange objective basée sur un autre usage. Ceci fournit à la fois une réfutation des théories qui font découler l'origine de la monnaie d'un accord général qui aurait attribué des valeurs fictives à des choses intrinsèquement sans valeur, [4] et une confirmation des hypothèses de Menger sur l'origine de l'utilisation de la monnaie.
Le lien avec une valeur d'échange préexistante est nécessaire non seulement pour la monnaie-marchandise mais aussi pour la monnaie de crédit et la monnaie décrétée. [5] Aucune monnaie ne pourrait être décrétée si elle ne satisfaisait pas cette condition. Supposons que, parmi les types de monnaies anciennes et modernes pour lesquels il est difficile de dire si elles sont des monnaies de crédit ou des monnaies décrétées, il y ait effectivement des représentants d'une monnaie décrétée pure. Une telle monnaie doit voir le jour en très peu de temps. Elle a pu voir le jour parce que des substituts monétaires, c'est-à-dire des titres payables en monnaie sur demande, étaient déjà en circulation, ont perdu leur caractère de titres tout en restant en usage dans le commerce comme moyen d'échange. Dans ce cas, le point de départ de leur évaluation réside dans la valeur d'échange objective qu'ils possédaient quand ils ont perdus leur caractère de titres. L'autre cas possible est celui de pièces qui circulaient auparavant comme monnaie-marchandise et qui ont été transformées en monnaie décrétée par la suppression de la frappe libre (soit parce qu'il n'y eut plus de frappe du tout, soit parce que la frappe n'était possible que par le Trésor), aucune obligation de jure ou de facto n'étant plus assurée par quiconque, et personne ne pouvant espérer qu'une telle obligation soit assumée un jour par quelqu'un. Le point de départ de l'évaluation réside ici dans la valeur d'échange objective des pièces à l'époque de la suppression de la frappe libre.
Avant qu'un bien économique ne commence sa fonction de monnaie, il doit déjà posséder une valeur d'échange basée sur autre chose que sa fonction monétaire. mais la monnaie qui fonctionne déjà en tant que telle peut garder une valeur même si la source originale de sa valeur d'échange a cessé d'exister. Sa valeur est alors entièrement basée sur sa fonction de moyen d'échange commun. [6]
De ce qui vient d'être dit, il s'ensuit la conclusion importante que la composante historiquement continue est contenue dans la valeur d'échange objective de la monnaie.
La valeur passée de la monnaie est reprise et transformée par le présent. La valeur actuelle de la monnaie est transmise au futur et transformée par lui. Il y a là un contraste entre la détermination de la valeur d'échange de la monnaie et celle de la valeur d'échange des autres biens économiques. Les rapports d'échange préexistants ont tous très peu d'importance pour ce qui concerne les niveaux actuels des rapports d'échange réciproques des autres biens économiques. Il est vrai que si nous observons, sous le voile dissimulant de la monnaie, les rapports d'échange réels entre les biens, nous constatons une certaine continuité. Les modifications des prix réels se produisent lentement, en règle générale. Mais cette stabilité des prix a pour cause la stabilité des déterminants des prix, non la Loi de détermination des prix en elle-même. Les prix changent lentement parce que les évaluations subjectives des êtres humains changent lentement. Les besoins des hommes, et les opinions des hommes sur la capacité des biens à satisfaire ces besoins, ne sont pas plus sujets à des changements fréquents et soudains que ne le sont les stocks de biens disponibles pour la consommation, ou la méthode de leur distribution sociale. Le fait que le prix du marché d'aujourd'hui est rarement différent de celui d'hier doit s'expliquer par le fait que les circonstances qui ont déterminé le prix d'hier n'ont pas grandement changé pendant la nuit, de telle façon que le prix d'aujourd'hui résultent de facteurs presque identiques. Si des variations rapides et erratiques des prix étaient régulièrement observées sur le marché, l'idée de valeur d'échange objective n'aurait pas l'importance qui lui est effectivement accordée par le consommateur et le producteur.
En ce sens, on ne peut rien objecter à une référence sur l'inertie des prix, même si les erreurs des premiers économistes devraient nous mettre en garde contre le véritable danger que constitue l'usage de termes empruntés à la mécanique : en arriver à un système "mécanique", c'est-à-dire un système qui fait abstraction, de manière erronée, des évaluations subjectives des individus [parmi les libéraux qui utilisent des termes de mécanique ou d'ingénieur, on peut penser à Jacques Rueff en France (ami de Mises), ou à Isabel Paterson aux Etats-Unis (pour qui, de plus, il ne s'agit pas d'une simple analogie (Cf. son livre The God of the machine), ce qui choquait A.J. Nock, même s'il appréciait beaucoup Paterson). NdT]. Il faut cependant rejeter catégoriquement toute suggestion d'une relation de cause à effet entre les prix passés et présents.
Nous ne nions pas ici qu'il existe des forces institutionnelles réelles qui s'opposent à des changements de prix qui seraient nécessités par les changements d'évaluations, et qui sont responsables lorsqu'il y a un ajournement des changements de prix qui auraient été causés par des changements de l'offre et de la demande, et lorsque des changements modiques ou transitoires dans les relations entre l'offre et la demande ne conduisent à aucun changement correspondant des prix. Il est parfaitement possible de parler d'une inertie des prix sous cet aspect. Même l'affirmation que le prix de la clôture représente le point de départ des transactions du marché suivant [7] peut être acceptée si elle est comprise au sens suggéré plus haut. Si les conditions générales qui déterminent le prix d'hier ont peu changé pendant la nuit, le prix d'aujourd'hui devrait être peu différent de celui d'hier et, en pratique, il ne semble pas incorrect de prendre la veille comme point de départ. Néanmoins, il n'y a pas de lien causal entre les prix du passé et ceux du présent tant qu'il s'agit des rapports d'échange relatifs des biens économiques (la monnaie étant exclue). Le fait que le prix de la bière était élevé hier n'a pas la moindre importance pour le prix d'aujourd'hui - nous n'avons qu'à penser à l'effet sur les prix des boissons alcooliques qui suivrait un triomphe général du mouvement de prohibition. Tous ceux qui s'occupent des activités du marché sont quotidiennement conscients des changements des rapports d'échange des biens, et il est presque impossible pour quiconque connaît bien les phénomènes économiques d'accepter une théorie qui cherche à expliquer les changements des prix par une constance supposée des prix.
On peut remarquer au passage que faire remonter la détermination des prix à leur inertie supposée, comme même Zwiedineck est obligé de l'admettre lors de son plaidoyer pour cette hypothèse, revient à abandonner dès le départ tout espoir d'expliquer les causes ultimes des prix et revient à se replier sur des explications à partir de causes secondaires. [8] Il faut admettre sans réserve qu'une explication des premières formes de transaction par l'échange dont l'existence peut être montrée - une tâche dont la solution a été très peu approchée par les historiens de l'économie - montrerait que les forces qui contrebalancent les changements soudains des prix furent autrefois plus fortes qu'elles ne le sont de nos jours. Mais il faut clairement nier qu'il y ait un lien quelconque entre ces anciens prix et ceux d'aujourd'hui ; ceci étant précisé au cas où il existerait vraiment quelqu'un qui pense possible de maintenir l'affirmation selon laquelle les rapports d'échange des biens économiques (pas les prix en monnaie) qui prévalent aujourd'hui à la Bourse allemande sont d'une certaine manière reliés à ceux qui étaient valables à l'époque d'Hermann ou de Barberousse. Si tous les rapports d'échanges du passé étaient supprimés de la mémoire humaine, le processus de détermination des prix du marché deviendrait certainement plus difficile, parce que tout un chacun devrait construire une nouvelle échelle de valeurs pour lui-même ; mais ce ne serait pas impossible. En fait, les gens du monde entier sont engagés tous les jours et à toute heure dans une opération dont résultent tous les prix : décider de l'importance relative associée à des quantités particulières de biens, vues comme conditions de satisfaction des désirs.
C'est dans la mesure où les prix en monnaie des biens sont déterminés par des facteurs monétaires qu'une composante historiquement continue est inclue en eux, composante sans laquelle leur niveau actuel ne pourrait pas être expliqué. Cette composante découle, elle aussi, des rapports d'échange qui peuvent être entièrement expliqués par les évaluations subjectives des individus intervenant sur le marché, même si ces évaluations n'ont pas pour seule origine l'utilité monétaire spécifique de ces biens. L'évaluation de la monnaie par le marché ne peut commencer qu'à partir d'une valeur possédée par la monnaie dans le passé, et cette relation influence le nouveau niveau de la valeur d'échange objective de la monnaie. La valeur transmise historiquement est transformée par le marché sans attention à ce qu'est devenu son contenu historique. [9] Mais il ne s'agit pas simplement du point de départ pour la valeur d'échange objective de la monnaie d'aujourd'hui: c'est un élément indispensable de sa détermination. L'individu doit prendre en compte la valeur d'échange objective de la monnaie, telle que déterminée par le marché d'hier, avant de pouvoir forger une estimation de la quantité de monnaie dont il a besoin aujourd'hui. La demande et l'offre de monnaie sont ainsi influencées par la valeur de la monnaie dans le passé. Mais elles modifient à leur tour cette valeur avant d'être en équilibre.
La démonstration de ce que la recherche des déterminants de la valeur d'échange objective de la monnaie nous ramène toujours à un point où la valeur de la monnaie n'est déterminée d'aucune façon par son usage comme moyen d'échange commun, mais seulement par ses autres fonctions, fraye le chemin pour le développement d'une théorie complète de la valeur de la monnaie sur la base de la théorie subjectiviste de la valeur et sur la doctrine particulière de l'utilité marginale.
Jusqu'à maintenant, l'Ecole subjectiviste n'a pas réussi sur ce point. En fait, parmi les quelques membres qui ont porté une attention quelconque à ce problème, certains ont même essayé de démontrer son caractère insoluble. La théorie subjectiviste de la valeur est restée impuissante en face de la tâche à laquelle elle est ici confrontée.
Il y a deux théories de la monnaie qui, quoiqu'on en pense par ailleurs, ont essayé de se confronter au problème complet de la valeur de la monnaie.
Les théories de la valeur objective de la monnaie ont réussi à introduire une théorie de la monnaie formellement irréprochable dans leurs systèmes, qui déduit la valeur de la monnaie depuis ses coûts de production. [10] Il est vrai que l'abandon de cette théorie monétaire n'est pas seulement à mettre au crédit des déficiences de la théorie de la valeur objective en général, qui ont conduit à son éviction par la théorie de l'Ecole moderne. Hormis cette faiblesse fondamentale, la théorie de la valeur de la monnaie à partir de ses coûts de production comportait un autre trait qui la rendait une cible facile pour la critique. Alors qu'elle fournissait certainement une théorie pour la monnaie-marchandise (même si ce n'était qu'une théorie formellement correcte), elle ne pouvait résoudre le problème de la monnaie de crédit et de la monnaie décrétée. Néanmoins, c'était une théorie complète dans la mesure où elle essayait au moins d'expliquer pleinement la valeur de la monnaie-marchandise.
L'autre théorie complète de la valeur de la monnaie est la version de la Théorie Quantitative associée au nom de Davanzati [11] D'après cette théorie, toutes les choses qui sont capables de satisfaire les désirs humains sont par convention égales à tout le métal monétaire. A partir de là, comme ce qui est vrai du total est aussi vrai de ses parties, on peut déduire les rapports d'échange entre les unités de marchandises et les unités de monnaie. Nous sommes confrontés ici à une hypothèse qui n'est en aucun cas confortée par les faits. Démontrer encore une fois que cette hypothèse n'est pas tenable serait de nos jours une perte de temps. Néanmoins, il ne faut pas oublier que Davanzati a été le premier à essayer de présenter le problème comme un tout et à essayer de fournir une théorie qui expliquerait non seulement les variations d'un rapport d'échange existant entre la monnaie et les autres biens économiques, mais aussi l'origine de ce rapport.
On ne peut pas dire la même chose d'autres versions de la Théorie Quantitative. Celles-ci supposent tacitement comme donnée une certaine valeur de la monnaie, et refusent absolument d'étudier la question plus profondément. Ils oublient que ce que l'on demande est une explication de ce qui détermine le rapport d'échange entre la monnaie et les marchandises, et pas seulement ce qui cause les changements de ce rapport. Sous cet aspect, la Théorie Quantitative ressemblent à plusieurs théories générales de la valeur (beaucoup de versions de la doctrine de l'offre et de la demande, par exemple) qui n'ont pas essayé d'expliquer les prix en tant que tels mais se sont contentées d'établir des lois de variation des prix. [12] Ces formes de la Théorie Quantitative ne sont en fait rien d'autre que l'application de la Loi de l'Offre et de la Demande au problème de la valeur de la monnaie. Elles introduisent dans la théorie monétaire tous les points forts de cette doctrine ; et également, bien entendu, tous ses points faibles. [13]
La révolution en économie depuis 1870 n'a pas mieux réussi à résoudre de façon totalement satisfaisante le problème. Bien sûr, ceci ne veut pas dire que le progrès scientifique n'a pas laissé d'empreinte sur la théorie monétaire en général et sur la théorie de la valeur de la monnaie en particulier. C'est l'un des nombreux services de la théorie subjectiviste de la valeur que d'avoir ouvert la voie pour une meilleure compréhension de la nature et de la valeur de la monnaie. Les recherches de Menger ont placé la théorie sur une nouvelle base. Mais, jusqu'ici, une chose a été négligée. Ni Menger, ni aucun autre parmi les nombreux chercheurs qui ont essayé de le suivre, n'ont essayé de résoudre le problème fondamental de la valeur de la monnaie. En gros, ils se sont occupés de vérifier et de développer les idées traditionnelles, de les exposer ici et là plus précisément et plus correctement, mais ils n'ont pas fourni de réponse à la question : quels sont les déterminants de la valeur d'échange objective de la monnaie ? Menger et Jevons n'ont pas du tout étudié le problème. Carver [14] et Kinley [15] n'ont pas contribué en quoi que ce soit de véritablement important à la solution. Walras [16] et Kemmerer [17] supposent donnée la valeur de la monnaie et développent ce qui est simplement une théorie des variations de la valeur de la monnaie. Kemmerer, il est vrai, s'approche de très près de la solution du problème, mais passe à côté.
Wieser se réfère expressément à la nature incomplète des traitements précédents. Dans sa critique de la Théorie Quantitative, il soutient que la Loi de l'Offre et de la Demande sous son ancienne forme, dont l'application au problème de la monnaie constitue la Théorie Quantitative, a un contenu très inadéquat, car elle ne donne aucune explication sur la façon dont la valeur est réellement déterminée ou sur son niveau à un instant donné. Mais il se confine lui-même simplement, sans autre explication, à donner la direction dans laquelle évolue la valeur en réponse aux variations de l'offre et de la demande; c'est-à-dire dans une direction opposée aux changements de l'offre et dans la même direction que les changements de la demande. Il soutient de plus qu'il n'est plus possible de se contenter d'une théorie de la valeur économique de la monnaie qui ne s'occupe pas de manière adéquate du problème ; que, depuis le remplacement de la vieille Loi de l'Offre et de la Demande telle qu'appliquée aux marchandises, le cas pour laquelle elle avait été construite à l'origine, une loi plus rigoureuse devrait également être cherchée pour l'application au cas de la monnaie. [18] Mais Wieser ne s'occupe pas du problème dont il dit lui même que la solution est l'objet de ses recherches, car, au cours du développement ultérieur de son argumentaire, il déclare que les concepts d'offre et de demande de monnaie en tant que moyen d'échange n'ont pas de valeur pour son but. Il propose une théorie qui essaie d'expliquer les variations de la valeur d'échange objective de la monnaie (objektive innere Tauschwert des Geldes) par référence aux relations existant dans une communauté économique entre le revenu monétaire et le revenu réel. Or s'il est vrai que la référence au rapport entre le revenu monétaire et le revenu réel peut bien servir à expliquer les variations de la valeur d'échange objective de la monnaie, Wieser n'essaie nulle part de donner une théorie complète de la monnaie - un essai qui, il faut bien le dire, est certain d'échouer dès lors que les facteurs d'offre de demande sont exclus de toute considération. L'objection même qu'il porte contre l'ancienne Théorie Quantitative, qu'elle n'affirme rien concernant la détermination de la valeur ou le niveau qui doit être établi à tout instant, doit être portée contre sa propre doctrine ; et ceci est d'autant plus frappant que c'était Wieser qui, en découvrant l'élément historique du pouvoir d'achat de la monnaie, a posé la première pierre du développement futur de la théorie subjectiviste de la valeur de la monnaie.
Les résultats insatisfaisants offerts par la théorie subjectiviste de la valeur pourrait sembler justifier l'opinion selon laquelle cette doctrine, et plus spécialement sa proposition concernant l'importance de l'utilité marginale, ne peuvent pas valoir comme moyen de répondre au problème de la monnaie. De façon assez caractéristique, ce fut un représentant de la nouvelle école, Wicksell, qui a le premier exprimé cette opinion. Wicksell considère que le principe qui se trouve à la base de toute la recherche moderne pour la théorie de la valeur, à savoir le concept de l'utilité marginale, peut fort bien expliquer la détermination des rapports d'échange entre une marchandise et une autre, mais qu'elle n'a pratiquement pas d'importance, ou tout au plus une importance secondaire, pour expliquer les rapports d'échange entre la monnaie et les autres biens économiques. Wicksell, cependant, ne semble pas découvrir une seule objection à la théorie de l'utilité marginale dans cette affirmation. Selon son argument, la valeur d'échange objective de la monnaie n'est pas du tout déterminée par les processus du marché sur lequel la monnaie et les autres biens économiques sont échangés. Si le prix monétaire d'une seule marchandise ou groupe de marchandises est mal estimé sur le marché, alors les mauvais ajustements résultant de l'offre et de la demande ainsi que la production et la consommation de cette marchandise ou de ce groupe de marchandises apporteront tôt ou tard la correction nécessaire. Si, d'un autre côté, tous les prix des marchandises, ou le niveau moyen des prix, étaient pour une raison quelconque augmentés ou baissés, alors il n'y aurait aucun facteur dans la situation du marché des marchandises qui pourrait apporter une réaction. Par conséquent, s'il y a la moindre réaction à une évaluation des prix qui serait trop haute ou trop basse, elle doit d'une façon ou d'une autre se produire hors du marché des marchandises. Lors de ses développements, Wicksell en arrive à la conclusion que le régulateur des prix monétaires doit être cherché dans les relations entre le marché des marchandises et le marché de la monnaie, au sens large du terme. La cause qui exerce son influence sur la demande des matières premières, du travail, de l'utilisation de la terre et des autres moyens de production, et qui détermine donc indirectement les mouvements à la hausse ou à la baisse des prix des marchandises, n'est autre que le rapport entre le taux d'intérêt de la monnaie (Darlehnszins) et le taux d'intérêt "naturel" ou d'équilibre (natürliche Kapitalzins), que nous devons comprendre comme le taux d'intérêt qui serait déterminé par l'offre et la demande si le capital réel était prêté directement sans l'intermédiaire de la monnaie. [19]
Wicksell imagine que son argument fournit une théorie pour la détermination de la valeur d'échange objective de la monnaie. En fait, cependant, tout ce qu'il essaie de prouver est que des forces opèrent depuis le marché des prêts vers le marché des marchandises pour empêcher la valeur d'échange objective de la monnaie de monter trop haut ou de tomber trop bas. Il n'affirme jamais que le taux d'intérêt des prêts détermine le niveau réel de cette valeur de quelque manière que ce soit ; en fait, l'affirmer serait absurde. Mais si nous devons parler d'un niveau des prix monétaires comme étant "trop haut" ou "trop bas", nous devons d'abord établir comment le niveau idéal, auquel on compare le niveau réel, est établi. Il n'est en aucun cas suffisant de montrer que l'on retourne à la position d'équilibre après une perturbation, si l'existence de cette position d'équilibre n'est pas tout d'abord expliquée. Indubitablement, c'est le problème premier et sa solution conduit directement à celle de l'autre problème ; sans elle, la recherche ultérieure doit rester stérile, car l'état d'équilibre ne peut être maintenu que par les forces qui l'ont d'abord établi et qui continuent de le rétablir. Si les circonstances du marché des prêts ne peuvent fournir aucune explication à la genèse des rapport d'échange subsistant entre la monnaie et les autres biens économiques, alors elles ne pourront pas aider non plus à expliquer pourquoi ce rapport ne change pas. La valeur d'échange objective de la monnaie est déterminée sur le marché où la monnaie est échangée contre des marchandises et des marchandises contre la monnaie. Expliquer sa détermination est la tâche de la théorie de la valeur de la monnaie. Wicksell est cependant d'avis "que les lois de l'échange de marchandises ne contiennent en elles-mêmes rien qui puisse déterminer le niveau absolu des prix monétaires". [20] Ceci revient à nier toute possibilité de recherche scientifique dans ce domaine.
Helfferich est également d'avis qu'il y a là un obstacle insurmontable sur la voie de l'application de la théorie de l'utilité marginale au problème de la monnaie ; car si la théorie de l'utilité marginale essaie de fonder la valeur d'échange des biens sur leur degré d'utilité pour l'individu, le degré d'utilité de la monnaie pour l'individu dépend à l'évidence de sa valeur d'échange - puisque la monnaie ne peut avoir d'utilité que si elle possède une valeur d'échange - et ce degré d'utilité est déterminé par le niveau de la valeur d'échange. La monnaie est évaluée subjectivement d'après le montant de biens consommables qui peuvent être obtenus en échange, ou d'après les biens qui doivent être donnés pour obtenir la monnaie nécessaire à effectuer des paiements. L'utilité marginale de la monnaie pour tout individu, c'est-à-dire l'utilité marginale qui dérive des biens qui peuvent être obtenus pour une quantité de monnaie donnée ou qui doivent être fournis pour acquérir la monnaie, présuppose une certaine valeur d'échange de la monnaie ; donc cette dernière ne peut découler de la première. [21]
Ceux qui ont compris l'importance de transmission historique des valeurs pour la détermination de la valeur d'échange objective de la monnaie ne trouveront pas difficile d'échapper à cet argument apparemment circulaire. Il est vrai que l'évaluation de l'unité monétaire par un individu n'est possible que dans l'hypothèse où un rapport d'échange existe déjà sur le marché entre la monnaie et les autres biens économiques. Néanmoins, il est faux d'en déduire qu'une explication complète et satisfaisante de la détermination de la valeur d'échange objective de la monnaie ne peut être fournie par la théorie de l'utilité marginale. Le fait que cette théorie n'est pas capable d'expliquer la valeur d'échange objective de la monnaie uniquement par son utilité monétaire ; le fait que pour rendre l'explication complète, comme nous avons pu le montrer, elle est obligée de revenir à la valeur d'échange originelle qui n'était aucunement basée sur sa fonction monétaire, mais sur les autres usages de l'objet qui allait devenir monnaie - tout ceci ne doit en aucun cas être porté au discrédit de la théorie, car ceci correspond exactement à la nature et à l'origine de la valeur d'échange objective particulière dont on discute. Demander à une théorie de la valeur de la monnaie d'expliquer le rapport d'échange entre la monnaie et les marchandises en se référant uniquement à la fonction monétaire, et sans l'aide de l'élément de continuité historique de la valeur de la monnaie, revient à lui demander des choses contraires à sa nature et à sa véritable tâche.
La théorie de la valeur de la monnaie en tant que telle peut faire remonter la valeur d'échange objective seulement jusqu'au point où elle cesse d'être la valeur de la monnaie et devient uniquement la valeur d'une marchandise. A ce point, la théorie doit laisser cours pour toute investigation ultérieure à la théorie générale de la valeur, qui n'a alors plus aucune difficulté à résoudre le problème. Il est vrai que l'évaluation subjective de la monnaie présuppose une valeur d'échange objective existante, mais la valeur qui a besoin d'être présupposée n'est pas la même que la valeur qu'il faut expliquer. Ce qui est présupposé est la valeur d'échange d'hier et il est parfaitement légitime de l'utiliser pour expliquer celle d'aujourd'hui. La valeur d'échange objective de la monnaie qui s'établit sur le marché d'aujourd'hui découle de celle d'hier sous l'influence des évaluations subjectives des individus fréquentant le marché, tout comme celle d'hier découlait à son tour, sous l'influence des évaluations subjectives, de la valeur d'échange objective de la monnaie d'avant-hier.
Si de cette façon nous retournons de façon continuelle en arrière, nous devons arriver à un point où nous ne trouvons plus aucune composante dans la valeur d'échange objective qui provienne des évaluations basées sur la fonction de la monnaie comme moyen d'échange commun ; un point où la valeur de la monnaie n'est rien d'autre que la valeur de l'objet qui est utile d'une autre façon que comme monnaie. Ce point n'est toutefois pas seulement un concept instrumental de la théorie. C'est un phénomène réel de l'histoire économique, qui apparaît au moment où l'échange indirect commence.
Avant qu'il soit habituel d'acquérir des biens sur le marché, non pour la consommation personnelle mais simplement pour les échanger à nouveau contre des biens qui sont vraiment voulus, chaque marchandise particulière n'était créditée que de la valeur donnée par les évaluations subjectives à partir de son utilité directe. Ce ne fut que lorsqu'il devint habituel d'acquérir certains biens seulement pour les utiliser comme moyen d'échange que les gens ont commencé à les évaluer plus fortement qu'auparavant, à cause de la possibilité de les utiliser dans un échange indirect. L'individu les évalue en premier lieu parce qu'ils peuvent être utiles au sens ordinaire, et de façon additionnelle parce qu'ils peuvent être utilisés comme moyen d'échange. Les deux types d'évaluation sont soumis à la loi de l'utilité marginale. Comme le point de départ originel de la valeur de la monnaie n'est que le résultat des évaluations subjectives, il en est de même de la valeur actuelle de la monnaie.
Mais Helfferich arrive à fournir encore un autre argument pour expliquer le caractère inapplicable de la théorie de l'utilité marginale de la monnaie. En considérant le système économique dans son ensemble, il est clair que la notion d'utilité marginale repose sur le fait que, étant donné une certaine quantité de biens, seuls certains désirs peuvent être satisfaits et seulement un certain ensemble d'utilités peut être fourni. Étant donnés des désirs et un ensemble de moyens, le degré marginal d'utilité est également déterminé. D'après la théorie de l'utilité marginale, ceci fixe la valeur des biens par rapport aux autres biens qui sont offerts comme équivalent dans l'échange, et la fixe de telle manière que la partie de la demande qui ne peut pas être satisfaite, pour l'offre donnée, est exclue par le fait qu'elle ne peut pas offrir un équivalent correspondant à l'utilité marginale du bien demandé. A ce stade, Helfferich objecte que, si l'existence d'une quantité limitée de biens autres que la monnaie est en elle-même suffisante pour impliquer aussi la limitation de leur utilité, ceci n'est pas vrai pour la monnaie. L'utilité d'une quantité donnée de la monnaie dépend directement de la valeur d'échange de la monnaie, non seulement du point de vue de l'individu, mais aussi pour la société dans son ensemble. Plus la valeur de l'unité est élevée par rapport aux autres biens, plus grande sera la quantité des autres biens qui pourront être achetés par l'intermédiaire de la même somme de monnaie. La valeur des biens résulte en général de la limitation des utilités possibles qui peuvent être obtenues avec une certaine quantité d'entre eux, et si elle est d'habitude plus élevée selon le degré d'utilité exclu par la limitation de la quantité offerte, l'utilité totale de la quantité offerte ne peut pas elle-même être augmentée par une augmentation de sa valeur. Or, dans le cas de la monnaie, l'utilité d'une quantité offerte peut être augmentée à l'envie par une augmentation de la valeur de l'unité. [22]
L'erreur de cet argument se trouve dans sa considération de l'utilité de la monnaie du point de vue de la communauté au lieu de celle de l'individu. Toute évaluation doit émaner de quelqu'un qui est en position de disposer par l'échange de l'objet évalué. Seul ceux qui ont un choix entre deux biens économiques sont capables de former un jugement sur la valeur, et ils le font en préférant un bien à l'autre. Si nous partons des évaluations du point de vue de la société dans son ensemble, nous supposons tacitement l'existence d'une organisation économique socialisée dans laquelle il n'y a pas d'échange et dans laquelle les seules évaluations qui subsistent sont celles des responsables officiels. Les occasions d'évaluation dans une telle société se produiraient par le contrôle de la production et de la consommation pour, par exemple, décider comment utiliser certains biens de production quand il existe des alternatives. Dans une telle société il n'y aurait toutefois aucune place pour la monnaie. Sous de telles conditions, un moyen d'échange commun n'aurait aucune utilité et donc aucune valeur non plus. Il est donc illégitime d'adopter le point de vue de la communauté dans son ensemble lorsque l'on parle de la valeur de la monnaie. Toute considération sur la valeur de la monnaie doit évidemment présupposer un état de la société dans lequel l'échange a lieu et doit partir des individus agissant comme agents économiques indépendants dans une telle société, c'est-à-dire, des individus engagés dans un processus d'évaluation des choses. [23]
Maintenant que la première partie du problème de la valeur de la monnaie a été résolu, il nous est enfin possible de concevoir un plan pour l'analyse ultérieure. Nous n'avons plus à nous occuper d'expliquer l'origine de la valeur objective de la monnaie, ceci ayant déjà été fait lors de nos recherches précédentes. Nous devons désormais établir les lois qui régissent les variations des rapports d'échange existants entre la monnaie et les autres biens économiques. Cet aspect du problème de la valeur de la monnaie a occupé les économistes dès le départ, bien que, logiquement, la question de l'origine de la monnaie aurait dû être traitée en premier. Pour cette raison, comme pour d'autres, ce qui a été fait pour lui trouver une solution ne représente pas grand-chose. Bien sûr, cet aspect du problème [les variations des rapports d'échange] est également bien plus compliqué que l'autre [l'origine de la monnaie].
Lors des recherches concernant la nature des changements de la valeur de la monnaie, il est habituel de distinguer deux sortes de déterminants du rapport d'échange qui relie la monnaie et les autres biens économiques ; ceux qui exercent leurs effets par le biais de la composante monétaire du rapport et ceux qui exercent leurs effets via la composante représentée par les marchandises. Cette distinction est très utile. Sans elle, en réalité, toute tentative de solution devrait être considérée dès le départ comme sans espoir. Néanmoins sa véritable signification ne doit pas être oubliée.
Les rapports d'échange entre les marchandises - et ceci est naturellement vrai pour les rapports d'échange entre marchandise et monnaie - résultent de déterminants qui affectent les deux termes du rapport d'échange. Les rapports d'échange existant entre les biens peuvent toutefois être modifiés par un changement qui ne concerne que l'un des deux ensembles d'objets échangés. Même si tous les facteurs qui déterminent l'évaluation d'un bien restent les mêmes, son rapport d'échange avec un autre bien peut être modifié si les facteurs qui déterminent l'évaluation de ce deuxième bien sont changés. Si, entre deux personnes, je préfère A à B, cette préférence peut être inversée, bien que mes sentiments envers A restent identiques, si je deviens plus ami qu'avant avec B. Il en va de même pour les relations entre les biens et les êtres humains. Celui qui préfère aujourd'hui prendre une tasse de thé plutôt qu'une dose de quinine peut avoir une autre évaluation demain, quand bien même son goût pour le thé n'a pas changé, si, disons, il a contacté une fièvre pendant la nuit. Alors que les facteurs qui déterminent les prix affectent toujours les deux ensembles de biens qui sont échangés, ceux qui ne font que modifier les prix existants peuvent parfois se limiter seulement à un des deux ensembles de biens.
Notes
[1] Cf. plus haut et aussi Böhm-Bawerk, op. cit. Zweite Abt. p. 274 ; Wieser, Der natürliche Wert, p. 46.
[2] Cf. Wieser, Der Geldwert und seine Veränderungen, pp. 513 et suivantes.
[3] Cf. Knies, op. cit. I. Bd. p. 324.
[5] Cf. Subercaseaux, op. cit. p. 17.
[7] Cf. Schmoller, Grundriss der allgemeinen Volkswirtschaftslehre, Leipzig, 1902, II. Bd., p. 110.
[9] Cf. Wieser. Der Gelwert und seiner Veränderungen, p. 513.
[12] Cf. Zuckerkandl, Zur Theorie des Preises, Leipzig, 1889, p. 124.
[13] Cf. Wieser, Der Gelwert und seiner Veränderungen, p. 514.
[15] Cf. Kinley, Money, New York, 1909, pp. 123 et suivantes.
[16] Cf. Walras, Théorie de la Monnaie, pp. 25 et suivantes.
[18] Cf. Wieser, Der Geldwert und seine Veränderungen, pp. 514 et suivantes)
[19] Cf. Wicksell, Geldzins und Güterpreise, Jena, 1898, pp. iv et suivantes, 16 et suivantes.
[20] Cf. Wicksell, op. cit. p. 35.
[21] Cf. Helfferich, Das Geld, p. 577.
[23] Le Docteur. M.B. Anderson, pp. 100-110 de son excellent ouvrage sur la valeur de la monnaie (The Value of Money, New York, 1917) a objecté contre la théorie présentée plus haut qu'au lieu d'une analyse logique elle fournit seulement une régression temporelle. Néanmoins, toutes les objections avisées qu'il arrive à mettre en avant sont dirigées contre l'argument qui voit une composante historique dans les rapport d'échange subsistant entre les marchandises, un argument avec lequel je suis également en parfait désaccord (voir plus haut). Le Docteur Anderson reconnaît cependant le fondement logique de ma théorie quand il déclare : "Je maintiendrai que la valeur provenant d'une source autre que l'emploi monétaire est une pré-condition essentielle de cet emploi monétaire", op. cit. p. 126.
[24] Cf. Menger, Grundsätze, pp. 304 et suivantes.