par Ludwig von Mises
traduit par Hervé de Quengo
Die geldtheoretische Seite des Stabilisierungsproblems (Schriften des Vereins für Sozialpolitik. Volume 164, 2ème partie. Munich et Leipzig : Duncker & Humblot, 1923).
L'auteur termina le manuscrit original de cet essai et le donna à l'imprimeur en janvier 1923, plus de huit mois avant l'effondrement final du mark allemand.
Les tentatives de stabilisation de la valeur de la monnaie jouent aujourd'hui un grand rôle dans la politique monétaire de presque toutes les nations. Elles ne doivent pas être confondues avec les efforts cherchant à créer une unité monétaire dont la valeur d'échange ne serait pas affectée par des changements du côté de la monnaie 1. Dans les temps anciens et heureux, la préoccupation était de savoir comment faire en sorte que la quantité de monnaie soit en équilibre avec la demande, et ce sans modifier le pouvoir d'achat de l'unité monétaire. Ainsi, des efforts furent entrepris pour développer un système monétaire dans lequel il n'y aurait aucun changement en provenance du côté de la monnaie qui conduirait à modifier les rapports entre le moyen d'échange généralement utilisé (la monnaie) et les autres biens économiques. Il convenait d'éliminer totalement les conséquences économiques des changements, universellement déplorés, de la valeur de la monnaie 2.
Il est inutile aujourd'hui d'expliquer pourquoi ce but ne pouvait pas alors être atteint, et en fait pourquoi il ne pourra jamais l'être. Nous serions heureux de revenir à nouveau à la situation monétaire dont nous jouissions autrefois. Si seulement nous avions de nouveau l'étalon-or, ses défauts ne nous dérangeraient plus : nous devrions uniquement nous accommoder au mieux du fait que même la valeur de l'or est soumise à certaines fluctuations.
Aujourd'hui, le problème monétaire est d'une nature très différente. Pendant et après la guerre [mondiale de 1914-1918], de nombreux pays mirent en circulation de grandes quantités de monnaie-créance, auxquelles on donna cours légal. Conformément à la loi de Gresham 3, l'or disparut dans ces pays de la circulation monétaire. Ces pays avaient désormais du papier-monnaie, dont le pouvoir d'achat était l'objet de changements soudains. L'économie monétaire est de nos jours tellement développée que les inconvénients d'un tel système monétaire, avec ses brusques changements consécutifs à la création de grandes quantités de monnaie-créance, ne peuvent être longtemps tolérés. On réclame ainsi de partout d'éliminer les défauts du domaine monétaire. Les gens sont désormais convaincus que la restauration de la paix à l'intérieur des nations et la reprise des relations économiques internationales sont impossibles sans un système monétaire sain.
Notes
1. Suivant la terminologie de Carl Menger, Mises parlait ici des changements de la « valeur objective interne » de la monnaie. La traduction reprend l'expression plus familière [en anglais] et adoptée plus tard par Mises, à savoir « changements de valeur de l'unité monétaire provenant du côté de la monnaie ». L'expression de Menger correspondant à « valeur d'échange externe » sera remplacée par « changements de valeur de l'unité monétaire provenant du côté des biens » Voir aussi Mises, L'Action humaine. Note de l'édition américaine.
2. Voir « Monnaie neutre », p. 97 dans Mises Made Easier: A Glossary for Ludwig von Mises (MME), Free Market Books, P.O. Box 298, Dobbs Ferry, New York 10522. Note de l'édition américaine.
3. Voir MME « Loi de Gresham » pp. 56-57. Note de l'édition américaine.