Supprimons le suffrage des femmes

article trouvé sur le site de Lew Rockwell.

 

par Jeremy Sapienza , responsable du site www.anti-state.com.

traduit par Hervé de Quengo

Je vais probablement acquérir avec l'essai suivant une très grande notoriété auprès de celles qui haïssent les hommes, mais voilà : les femmes ne devraient pas avoir le droit de vote. Du peu de l'Histoire américaine qu'on m'a appris à l'école, je me souviens que le vote des femmes a commencé en 1920. Puis il y a eu la Grande dépression en 1929. Puis le New Deal dans les années trente. Puis une immense guerre qui a tué des millions de gens. Puis une Guerre froide sur fond nucléaire. Et ainsi de suite.

Bien sûr, je ne crois pas que le vote des femmes soit la cause de toutes ces horribles choses, car comme le dit un adage traduit du latin : "une coïncidence n'implique pas une relation de cause à effet". Mais je reprends seulement le type de raisonnement que suit la presse de gauche quand elle évoque la coïncidence qui veut que l'économie connaisse une énorme croissance sous la présidence de Clinton, et l'utilise pour y voir une relation de causalité. Quiconque est familier de l'économie de base peut déduire que nos progrès économiques et technologiques ont eu lieu malgré les taxes et les régulations destructices de Clinton, et seraient peut-être dix fois plus grands si ces dernières n'avaient pas existé.

Puisque nous parlons de Clinton, ceci me rappelle quelque chose que j'ai entendu il y a des années, dans le garage de mon père. Une cliente racontait à une autre combien elle trouvait le Gouverneur de l'Arkansas [Clinton, NdT] "mignon". L'autre femme était d'accord et disait qu'elle allait voter pour lui parce qu'elle aimait son sourire. Cette conversation, qui exaspéra véritablement mon père, n'avait pas sa place dans son bureau, où un portrait de Ronald Reagan bénissait les lieux. Mon père entreprit alors une tirade contre le vote des femmes.

Je n'étais encore qu'un enfant, et ne pensais pas grand-chose de ça. J'étais de plus habitué par ma socialiste de mère à considérer avec soupçon tout commentaire que pouvais faire mon père sur la politique (ou sur n'importe quel autre sujet, en fait) parce qu'il était et est toujours un Républicain intransigeant. J'apprenais par ma maman (mes parents avaient divorcé quand j'avais cinq ans) qu'il fallait faire confiance aux bureaucrates pour gérer tous les aspects de nos vies.

Je l'ai cru, aussi, pendant longtemps. Je devenais le parfait Démocrate.

Puis j'ai commencé à sécher les cours et mes idées ont presque instantanément changé au moment où j'ai été confronté avec les réalités de la vie. Je suis désormais d'accord avec mon père en ce qui concerne la plupart des idées politiques, sauf qu'il aime l'Impérialisme américain et est bien plus réservé que moi sur les questions d'assistance sociale. Désormais, mes deux parents s'entendent au moins sur quelque chose : je suis un hippie anarchiste [anarchist freak. "Freak" peut vouloir dire monstre, phénomène, hippie, marginal, drogué. On peut se rappeler qu'Ayn Rand traitait les libertariens de "hippies de droite" et qu'elle ne voulait pas leur être associée (elle n'a pas réussi sur ce point). Le verbe "freak out" (utilisé deux phrases plus loin) peut vouloir dire marginaliser, défoncer ou devenir un hippie. Le lecteur est libre de contester mes choix de traduction et d'en prendre une autre. NdT].

Mais ils ont tort. Je ne suis pas un hippie.

Toutefois, j'ai entendu une fois quelque chose qui m'a défoncé. Qui m'a fait donné le fou rire aussi, mais ce n'était qu'un effet secondaire. Mon ami regardait le "Man Show" sur Comedy Central. Par son titre éloquent, elle mérite le prix de "l'émission la plus mysogine de la télévision". Je ne supporte pas les présentateurs, mais ils sont pardonnés à jamais pour leurs bouffoneries de ce jour. D'après mon copain, ils avaient installé un isoloir dans la rue, avec la bannière "SUPPRIMONS LE SUFFRAGE DES FEMMES" et essayaient de faire signer aux gens leur pétition (hélas) bidon. Et de nombreuses femmes la signaient ! Elles faisaient la queue, exprimant leur accord avec les "activistes". A la fin, une femme vint vers l'isoloir et commença à crier aux autres intelligentes dames que "le suffrage, ça veut dire le vote." Il est absolument incroyable que cet immense groupe d'imbéciles votent réellement pour élire des gens qui vont promulguer des lois qui vont gouverner ma vie !

Je pense personnellement que si tous les hommes avaient le droit de vote et que toutes les femmes en étaient exclues, nous ne serions pas dans une meilleure situation. Il y a beaucoup d'idiots dans ce pays et défendre leur droit de voter la législation qui touche et même appauvrit la qualité de vie américaine n'est pas le meilleur service que nous pouvons nous rendre. Je suis seulement opposé à la revendication féministe selon laquelle le droit de vote des femmes est un droit fondamental qui doit être accepté comme une donnée. Que chacun doit pouvoir voter simplement parce qu'il existe est une idée ridicule. Le vote pour des représentants au sein, disons, d'une assemblée de copropriétaires est tout à fait différent du vote pour des représentants au sein de cette fête de pillage légalisée qui est communément appelée politique. Une personne n'acquiert pas la connaissance et la maturité politique parce qu'elle vient d'avoir dix-huit ans. En fait, je pense que l'Establishment socialisant (qui comprend, autant que je puisse en juger, la plupart des Républicains) veut que des enfants jeunes, inexpérimentés et particulièrement impressionnables votent pour des gens qui représentent des choses qu'ils ne comprennent pas totalement, si ce n'est même pas du tout. Si les masses d'étudiants politiquement et économiquement stupides peuvent être philosophiquement poussés de cette façon et par quiconque contrôle actuellement les écoles, alors ils voudront faire voter autant de moutons que possible, d'où l'impulsion pour abaisser l'âge du droit de vote de 21 à 18 ans.

Toute la controverse sur le vote mise à part, je pense que le concept même d'une simple majorité, éduquée ou non, contrôlant la vie de tous les habitants d'une région géographique est révoltante. Etienne de la Boétie préférait être gouverné par un tyran ; 450 ans après, je partage son point de vue. Un roi peut être facilement renversé et avec un grand soutien du public. Mais l'orgie moderne de démocratie endort les habitants de la planète dans une nouvelle ère de servitude.

Autant qu'il soit politiquement incorrect de le dire, les femmes ont un rôle irremplaçable à jouer dans la famille. Le mouvement de "libération" des femmes a en fait libéré les moeurs et les valeurs de la vie de famille et de la société. Les programmes très "progressistes" pour lesquels la plupart des femmes votent sont ceux qui les forcent à travailler toute la journée afin de payer les impôts nécessaires pour subventionner ces programmes.

Ainsi, quand on me demande si les femmes devraient pouvoir voter, je dois répondre non. Mais la suite logique de ma pensée est que personne ne devrait avoir le droit de voter la suppression des droits des autres. La propriété n'est pas sûre si n'importe quel parasite peut voter de la retirer à son propriétaire. Si nous devons vivre dans un pays soumis au suffrage, il devrait être limité aux propriétaires. Au moins ils ne saperaient pas les principes qui ont fait de ce pays [les Etats-Unis, NdT] un grand pays.

Juste un rapide post scriptum pour sauver la face. J'aime mes parents bien qu'ils soient tous les deux des monstres étatistes [statist freaks].

Le 14 août 2000.

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