Libéraux [libertariens] et libertaires

article publié sous le titre "Libertarianism and Libertinism"

par The Journal of Libertarian Studies, volume 13 (2), été 1998 ;

repris dans The Voluntaryist, n°77, novembre 1995

et dans le livre I must Speak Out (The Best of the Voluntaryist, 1982-1999, Fox and Wilkes)

 

par Walter Block

traduit par Hervé de Quengo

 

Walter Block est professeur d’économie au College of the Holy Cross à Worcester, dans le Massachussets. Cet article a été écrit comme introduction à la traduction portugaise de "Défendre les Indéfendables" (Porto Allegre, Brazil: Instito de Estudos Empresaias, 1993). L’auteur remercie Lois Allen, Michael Edelstein, Terry O’Neil, Peg Richner, Jeff Riggenbach, Murray Rothbard et Menlo Smith pour leurs fructueuses critiques d’une version antérieure. L’auteur reste bien entendu seul responsable de toutes les erreurs et les maladresses qui sont demeurées.

[La version française "Défendre les Indéfendables (proxénètes, venseurs d’héroïne, prostituées, maîtres chanteurs, faux monnayeurs et autres boucs émissaires de notre société) est disponible au Belles Lettres (1993), mais sans l’introduction traduite ci-dessous. NdT]

 

Avertissement du traducteur

Les termes employés par Walter Block sont ceux de "libertarianism" et de "libertinism", qu’il oppose. De façon provocatrice, j’ai choisi de traduire le titre par une opposition entre "libéraux" et "libertaires", car, en France, de nombreux adversaires du libre-échange dénoncent une prétendue alliance libérale-libertaire, le caractère libéral se rapportant aux idées en économie, le caractère libertaire aux prises de position morales et souvent sexuelles. En prétendant défendre les idées conservatrices, en matière de morale, de nombreuses personnes attirées par le libéralisme, beaucoup espèrent en même temps les détourner de la liberté économique. En cela, ils réussissent malheureusement souvent : il suffit d’écouter certains politiciens dénoncer à la fois la mainmise de l’Etat sur l’économie et le libre-échange mondialisé "immoral" (qui permet de s’en dégager), tonner contre l’augmentation des impôts et demander la limitation des importations "déloyales" en provenance des pays pauvres (limitation qui est évidemment une forme d’impôt au profit du secteur protégé), pour se rendre compte que le résultat de tous ces amalgames est une grande confusion intellectuelle.

Néanmoins, ce choix de traduction n’est pas idéal et peut être contesté. Il faut garder à l’esprit que le terme "liberal" signifie "de gauche aux Etats-Unis (sinon, il convient de préciser par "classical liberal" que l’on parle du libéralisme au sens européen et français). "Libertarian" est un néologisme qui, aux Etats-Unis, a tout d’abord été associé aux libéraux anarchisants qui refusaient l’Etat ou lui assignaient un rôle minimal (Rothbard, David Friedman, Nozick, etc.) avant que le terme ne soit également appliqué plus généralement à des partisans du libre-échange (Milton Friedman, etc.), en remplacement du terme "liberal". Il est désormais communément traduit par "libertarien", qui lui aussi s’applique tantôt à ceux qui sont le plus virulents à l’égard de l’Etat, mais parfois à des libéraux classiques. Néanmoins, la traduction par "libertaire" se rencontre aussi, en particulier dans la version française du livre de Nozick : "Anarchie, Etat et Utopie". Quant à "libertarianism" on le rencontre traduit par "libertarianisme" ou "libertarisme", j’ai utilisé le terme de libéralisme libertarien. Walter Block se situe, dans la tradition libertarienne de Rothbard, en adversaire de l’Etat auquel il ne reconnaît pas de légitimité.

Quant à "libertinism", je n’ai pas voulu l’associé aux libertins, qui, en France, sont plutôt considérés avec sympathie. Je l’ai associé au terme libertaire tel qu’entendu par les "soixante-huitards". Le lecteur doit donc bien comprendre que, dans cette traduction, le terme de libertaire est associé à des choix opposés à la morale traditionnelle et non à une opposition à l’autorité étatique. Que ceux qui s’appellent eux-mêmes "libertaires" en respectant la morale traditionnelle veuillent bien m’excuser.

A la base de toutes ces querelles réside à mon sens une différence d’approche du libéralisme. Les libéraux libertariens défendent la liberté comme une valeur (même si elle peut conduire à des excès) alors que les libéraux utilitaristes défendent la liberté pour les résultats qu’elle donne (et peuvent décider de ne plus la défendre si elle risque de conduire à des excès).

Certains estiment, sur le plan philosophique, que la liberté est potentiellement dangereuse, à cause des comportements moralement douteux qu’elle permet (mais peut-on être vertueux s’il n’y a pas de choix ?). Ils sont parfois alors prêts à accepter le parallèle en économie, qui voudraient que les consommateurs sont des enfants qu’il convient de protéger. Encore un peu, et le le libre-échangisme risque d’être assimilé à l’échangisme !

Dans le texte qui suit Walter Block affirme que l’on peut parfaitement être pour la liberté dans tous les domaines sans se satisfaire des excès possibles : il convient de combattre, mais sur le plan moral, par la conviction ou d’autres méthodes de persuasion, pas en "obligeant" les individus à être "vertueux sans leur consentement". Il est l’exemple de ce qu’on appelle un "paléo-libertarien" (libertarien mais avec une morale conservatrice). Ceci ne manquera pas de surprendre plusieurs lecteurs de son livre ! En effet, celui-ci a été salué par beaucoup de libéraux (Hayek, Hazlitt, Nozick par exemple), qui ont cependant régulièrement pris soin de préciser qu’ils ne partageaient pas toutes les idées développées l’ouvrage. Apparemment ils sont désormais rejoints sur ce plan par un autre libéral : Walter Block lui-même...

En espérant que ces explications permettront d’éviter des erreurs d’interprétation, et que la lecture n’en soit pas rendue trop boîteuse, bonnes réflexions.

[Hervé de Quengo]

Il n’y a peut-être pas de plus grande confusion dans toute l’économie politique que celle qui existe entre les libéraux libertariens et les libertaires. Dire qu’on les confond fréquemment est rester bien en-deça de la réalité. Pour plusieurs raisons, il est difficile de comparer et de distinguer l’esprit libéral-libertarien et l’esprit libertaire. Tout d’abord, et ce qui est le plus important, les deux points de vues se ressemblent fortement à propos de certaines questions, au moins superficiellement. Ensuite - peut-être purement par accident, peut-être en raison de l’éthymologie - les deux termes non seulement résonnent pareillement, mais s’écrivent de façon presque identique. Il est d’autant plus important, dès lors, de distinguer les concepts très différents auxquels renvoient ces termes.

I. Le libéralisme libertarien

Le libéralisme libertarien est une philosophie politique. Il ne se consacre qu’à l’usage correct de la force. La prémisse de base est qu’il devrait être illégal de menacer d’utiliser la violence ou de prendre l’initiative de la violence à l’encontre d’une personne ou de sa propriété sans sa permission ou son invitation. La force n’est justifiée que pour se défendre ou pour se venger. Voilà, en bref, ce qu’il en est. Le reste n’est qu’explication, élaboration et réserves - et réponses à des objections erronées [1].

Le libéralisme libertarien est une théorie de ce qui devrait être illégal, non de ce qui est interdit actuellement par la loi. Dans certaines juridictions, par exemple, il est interdit d’établir des loyers au-dessus de niveaux stipulés. Ces promulgations ne réfute pas le code libertarien car elles concernent la loi telle qu’elle est, non telle qu’elle devrait être. Cette philosophie de liberté n’interdit techniquement rien. Pas même, strictement, l’agression contre une personne ou sa propriété. Elle dit simplement qu’il est juste d’utiliser la force pour punir ceux qui ont transgressé les limites par leurs actes. Supposons que des Martiens tout-puissants mais méchants menacent de pulvériser la Terre entière et de tuer tous ses habitants à moins que quelqu’un n’assasine l’innocent Joe Bloggs. La personne qui le ferait pourrait considérer avoir bien agi, car elle sauverait ainsi le monde. Mais, d’après la doctrine du libéralisme libertarien, il reste coupable de crime, et donc punissable. Considérons l’affaire du point de vue du garde du corps de Bloggs. Il est certain qu’il aurait eu raison d’empêcher le meurtre de son client [2].

Notons que le code libertarien parle en termes d’initiative de la violence. Il ne parle pas de blesser, de faire du mal ou de causer préjudice. Il en est ainsi parce qu’il y beaucoup de façons qui doivent rester légales de faire du tort aux autres. Par exemple, ouvrir une boutique de vêtements en face d’un concurrent déjà existant, et lui retirer sa clientèle, cause certainement des torts à ce dernier. Mais ceci ne viole pas ses droits. De même, si Jean veut se marier à Jeanne, mais qu’elle accepte à la place d’épouser Georges, ici encore on nuit à une personne, Jean. Mais il ne doit pas pouvoir trouver de remède dans la loi contre Georges. Une autre façon de présenter les choses est de dire que seules les violations des droits doivent être illégales. Comme d’après ce point de vue les gens n’ont qu’un droit : être à l’abri des invasions et des interférences concernant leur personne ou leur propriété, la loi ne doit pas faire plus que de forcer le respect des contrats et d’assurer la défense des personnes et des droits de propriété privés.

Il y a de plus l’expression "à l’encontre d’une personne ou de sa propriété". Ceci, également, doit être expliqué, car si le libéralisme libertarien est utilisé pour punir les invasions et les traversées de frontières non autorisées, il est crucial de savoir ou finissent vos poings et ou commence mon menton. Supposons que nous voyons A mettre sa main dans la poche de B, en retire un portefeuille et prenne la fuite. Le pickpocket est-il coupable d’un crime ? Uniquement si le possesseur préalable du portefeuille en était le propriétaire légitime. Dans le cas contraire, si A n’est que le propriétaire de droit récupérant son bien, alors aucun crime n’a été commis. Au contraire, le crime s’est produit la veille, quand B a dérobé le prtefeuille de A, qui ne fait que le reprendre.

Dans le cas du corps humain, l’analyse est habituellement immédiate. C’est l’esclavagiste, le kidnappeur, le violeur, l’assaillant ou le meurtrier qui est coupable de comportement criminel, parce que la victime est propriétaire en droit du corps brutalisé ou enfermé [3]. Les objets physiques, bien sûr, présentent plus de problèmes : les choses n’arrivent pas au monde avec un étiquette "à moi" ou "à toi". Ici, la défense du capitalisme de laissez-faire repose sur la théorie de la propriété énoncée par Locke pour déterminer les limites. Celui qui "mêle son travail" avec un bien issu de la nature et non possédé auparavant en devient le propriétaire légitime. La justice dans le domaine de la propriété est à rechercher en remontant jusqu’à de telles revendications, en liaison avec toutes les autres méthodes non invasives de transfert de titre (échange, dons, etc.).

"Sans sa permission ou son invitation" sont également des termes importants de cette philosophie. Pour l’observateur extérieur, l’euthanasie aidée et volontaire peut être indiscernable du meurtre, des relations sexuelles peuvent ressembler physiquement au viol, un combat de boxe peut être identique à un combat de rue. Il y a néanmoins des différences fondamentales entre chacun de ces actes : le premier de chaque paire est, ou au moins peut être, consenti mutuellement et donc légitime, le second ne peut pas l’être.

Après avoir posé le socle, établissons les rapports entre le libéralisme libertarien et les questions de prostitution, de proxénétisme et de drogue. En tant que philosophie politique, le libéralisme libertarien ne dit rien sur la culture, les moeurs, la morale ou l’éthique. Répétons-le : il ne pose qu’une question et ne donne qu’une réponse. Il demande : "Cet acte implique-t-il nécessairement l’initiative d’une violence avec invasion ?". Si tel est le cas, il est justifié d’utiliser la force (légale) pour l’empêcher ou pour punir l’acte. Si tel n’est pas le cas, ce n’est pas justifié. Comme aucune des activités mentionnées plus haut n’implique de "franchissement de frontières", elles ne peuvent pas être légalement interdites. Et, en pratique, comme je le soutiens dans Défendre les Indéfendables, les prohibitions vis-à-vis de ces activités ont toutes sortes d’effets délétères.

Quelle est l’opinion du libéralisme libertarien sur ces activités, que j’appellerai "perverses" ? En dehors de réclamer leur légalisation, le libéral libertarien, en tant que libertarien, n’a aucune opinion sur elles. Pour autant qu’il prenne position sur elles, il ne le fait pas comme libertarien.

Afin de bien clarifier ce point, considérons une analogie. La théorie des microbes affirme que la cause d’une maladie n’est pas un "démon", un "esprit" ou encore le mécontentement des dieux, mais la présence de microbes. Quelle est donc la position de cette théorie des maladies sur le fait de mettre en quarantaine un individu infecté ? Sur la théorie électronique de la chimie, sur l’astronomie ? Que dit-elle sur le problème de l’avortement ? Quelle position prennent les théoriciens des microbes sur les guerrres balkaniques ? Sur les pratiques sexuelles déviantes ? Aucune, bien évidemment. Ce n’est pas que ceux qui pensent que les microbes sont à l’origine des maladies soient enclins, si peu que ce soit, vers un des deux camps de ces querelles. Ni que le théoricien des microbes soit nécessairement indifférent à ces débats. Au contraire, les spécialistes des microbes, en tant que spécialistes des microbes, ne prennent aucune position sur tous ces sujets importants de l’actualité. Le point important est que la théorie des microbes est absolument et totalement hors sujet quant à ces autres domaines, aussi importants soient-ils.

De la même façon, le point de vue libertarien ne prend absolument aucune position morale ou de valeur sur les actions perverses dont nous parlons. La seule question est de savoir si ces actions constituent une agression initiée et non voulue. Si tel est le cas, la position libertarienne réclame l’utilisation de la force pour les arrêter, non à cause de leur dépravation mais parce qu’elles violent le seul et unique axiome libertarien : le principe de non agression contre des non agresseurs. Si ces actions n’impliquent pas de force de coercition, la philosophie libertarienne nie qu’on puisse leur opposer la violence, aussi bizarres, exotiques ou méprisables qu’elles puissent être.

II. Le conservatisme culturel

Voilà pour l’analyse libertarienne de la perversité. Etudions maintenant ces actes d’un point de vue totalement différent : moral, culturel, esthétique, éthique ou pragmatique. Ici, il n’est évidemment pas question d’interdire par la loi ces actions, parce que nous les évaluons selon une norme très différente.

Mais il est cependant très intéressant de savoir comment nous les considérons. Ce n’est pas parce qu’un libéral libertarien refuse d’incarcérer les pervers qu’il doit rester moralement neutre vis-à-vis d’un tel comportement. Donc, y sommes nous favorables ou opposés ? Les soutenons-nous ou y résistons nous ? Les appluadissons-nous ou les dénonçons-nous ? De ce point de vue, je suis un conservateur culturel. Ce qui veut dire que je déteste l’homosexualité, la zoophilie et le sado-masochisme, tout comme la prostitution, le proxénétisme, la prise drogue et tout autre comportement dégénéré du même type. Comme je l’ai dit dans la première partie de mon interview en trois volets pour Laissez Faire Books (novembre 1991) :

Le thème de base du libéralisme libertarien est que tout comportement non agressif devrait être légal. Les gens et leur propriété privée légitime devraient être sacro-saints. Ceci ne signifie pas que des actes non agressifs comme la vente de drogue, la prostitution, etc. sont des activités bonnes, convenables ou morales. Selon moi elles ne le sont pas. Cela signifie uniquement que les forces de la loi et de l’ordre ne doivent pas emprisonner ceux qui s’y adonnent.

Et, à nouveau, comme je l’ai dit dans la troisième partie de cette même interview (février 1992) :

Je ne considère pas le libéralisme libertarien comme une attaque contre la morale et les coutumes. Je pense que les paléolibertariens ont souligné un point important : ce n’est pas parce que nous ne voulons pas envoyer en prison le pornographe que nous aimons ce qu’il fait. Au contraire, il est parfaitement cohérent de défendre ses droits d’exercer cette profession tout en le détestant, lui et ses actions.

Afin de mieux préciser ce concept, examinons les relations entre un libéral libertarien et un libertaire. Nous avons déjà défini le premier terme. Pour notre propos présent, le second peut être défini comme une personne qui aime toutes sortes d’actes pervers, en tire un grand plaisir, y participe et/ou défend leur moralité. Mais qui, en même temps, évite tout acte de violence avec invasion. Le libertaire, donc, approuvera la prostitution, la drogue, le sado-masochisme, etc., s’adonnera éventuellement à ces pratiques, mais ne forcera personne à y participer.

Les libéraux libertariens sont-ils libertaires ? A l’évidence, certains le sont. Si un libéral libertarien était membre de la North American Man-Boy Love Association [qui prône les relations homosexuelles avec des mineurs, comme l’indique son nom. NdT], il le serait [4]. Les libéraux libertariens sont-ils tous libertaires ? Certainement pas. La plupart des libertariens ont un mouvement de dégoût devant de telles pratiques. Quelle est donc la relation exacte entre le libertarien, en tant que libertarien, et le libertaire ? Tout simplement le suivant : le libéral libertarien est quelqu’un qui pense que le libertaire ne doit pas être incarcéré. Il peut s’oposer fortement à l’esprit libertaire, il peut parler contre lui, il peut organiser des boycottages pour réduire la fréquence de tels actes. Il n’y a qu’une chose qu’il ne peut pas faire en restant un libertarien : il ne peut pas défendre l’usage de la force contre ces gens, ni participer à l’usage d’une telle force. Pourquoi ? Parce que quoi que l’on pense de ces actions, elles ne prennent pas l’initiative de la violence physique. Comme aucune de ces actions n’a besoin de la violence [5], le libertarien doit, parfois à regret, s’abstenir de réclamer l’usage de la force contre ceux qui s’engagent dans des relations perverses entre adultes consentants [6].

Le libertarien peut détester et mépriser le libertaire, ou ne pas le faire. Il n’est pas obligé d’adopter l’une de ces attitudes par son libéralisme libertarien, pas plus que le partisan de la théorie microbienne des maladies n’a besoin d’avoir une opinion sur le libertaire. En tant que libertarien, il est seulement obligé de ne pas réclamer de peines de prison à l’encontre du libertaire. Ce qui veut dire qu’il ne doit pas demander l’incarcération du libertaire qui n’est ni un agresseur ni un bourreau d’enfant, mais qui se limite à des comportements entre adultes consentants. Le libéral libertarien, en tant que personne, que citoyen, que partisan de la morale, que commentateur de l’actualité, que conservateur culturel, est totalement libre de considérer les libertaires comme des pervers et de faire tout ce qu’il peut pour les arrêter - tout, à l’exception de l’utilisation de la force. C’est dans cette dernière catégorie que je me situe.

Pourquoi, alors, en tant que conservateur culturel, suis-je l’adversaire des libertaires ? D’abord et avant tout parce qu’ils sont immoraux : rien ne peut être plus clair que le fait que ces perversions sont contraires à l’intérêt et à l’amélioration de l’humanité. Comme il s’agit de mon critère de moralité, il s’ensuit que je trouve ces activités immorales. De plus, les libertaires étalent la "vertu" de leurs pratiques et s’en félicitent. Si une place bien basse est réservée en enfer à ceux qui sont trop faibles pour résister à ces activités immorales, une place encore plus basse doit être réservée à ceux qui non seulement s’y adonnent, mais, en outre, s’en glorifient et encouragent les autres à les suivre.

D’autres raisons peuvent également être fournies. Considérons la tradition. A une époque, je me serais moqué de l’idée de faire quelque chose uniquement parce qu’elle est traditionnelle, et de me retenir de la faire parce qu’elle ne l’est pas. Mon instinct aurait été de faire précisément le contraire de ce que demande la tradition.

Mais c’était avant que je n’apprécie pleinement la pensée de F.A. Hayek. En lisant plusieurs de ses ouvrages (par exemple, Hayek, 1973), j’ai réalisé que les traditions perturbatrices et nuisibles tendent à disparaître, que ce soit par des changements volontaires ou, plus tragiquement, par la disparition des sociétés qui vivent selon elles. On peut ainsi présumer que, si une tradition a survécu, c’est qu’elle possède une certaine valeur positive, même si nous ne pouvons pas la voir. C’est une "présomption fatale" (Hayek, 1989) de remettre en question tout ce pour quoi on ne possède pas immédiatement de bonne et suffisante explication. Comment pourrions-nous sinon justifier l’habitude "aveuglément docile" de porter des cravates et des cols, par exemple ? [Ce passage me semble pouvoir se rapporter à certains libéraux français, qui ne voient pas l’utilité de porter la cravate à l’Assemblée ! NdT]

La tradition, cependant, n’est qu’une présomption, non une divinité à adorer. Il reste raisonnable de modifier ou d’abolir les traditions qui ne marchent pas. Mais ceci est fait pour le mieux avec une attitude de respect, et non d’hostilité, pour ce qui a fonctionné pendant des années.

Les croyances religieuses fournissent une autre raison de s’opposer aux libertaires : peu de secteurs de la société ont condamné aussi fermement la perversité. Au début des années 1970, pour moi, cependant, la religion était synonyme de guerre, de meurtres et d’injustice. C’était une "peu sainte alliance" des Croisades, de l’Inquisition, des guerres de religion, de sacrifices de vierges, et de bûchers de "sorcières", d’astronomes, de non croyants, de libres penseurs et d’autres personnes inopportunes. A présent, je vois les choses très différemment. Oui, tout ceci s’est passé, et de soi-disants religieux en étaient responsables. Mais, certainement, il y a une certaine loi de prescription historique, au moins parce que les pratiquants actuels ne peuvent nullement être tenus pour responsables des actes de leurs prédecesseurs. La religion me semble actuellement l’un des meilleurs espoirs pour la société, car il s’agit d’une des principales institutions pouvant encore lutter courageusement contre un gouvernement excessif et trop puissant [7].

Pour analyser rapidement notre situation actuelle : nous souffrons de bien trop d’ingérence de l’Etat. L’un des remèdes est d’appliquer des mesures morales au gouvernement. Un autre est de faire plus confiance aux institutions de "médiation", comme l’entreprise, le marché, la famille et le groupe social, particulièrement la religion organisée. Ces organisations - reposant sur une vision morale et des valeurs spirituelles - peuvent répondre bien mieux aux besoins de l’humanité que ne le peuvent les régimes politiques.

Une autre raison pour laquelle je m’oppose aux libertaires est plus personnelle. J’en suis venu à croire que chacun d’entre nous possède une âme, une nature intérieure, un esprit vivant, une personne, une pureté, un respect de soi, une pudeur, appelez cela comme vous voulez. Je crois que certains actes - ceux précisément dont nous parlons - s’élèvent contre cette entité intérieure. Ils sont une sorte de destruction mentale et spirituelle. Et le résultat pratique de ces actes, pour ceux capables de ressentir ces choses, est le vide. Ils peuvent au final conduire au suicide physique. Cette destruction de la personne individuelle a de graves répercussions pour toute la société.

III. Quelques exemples : la prostitution et la drogue

Comme exemple de cette destruction de l’individu, considérons la prostitution. Le péché de cet acte - pour l’acheteur comme pour le vendeur - réside dans son attaque contre l’âme. En ceci, la prostitution ressemble à d’autres conduites : les relations sexuelles sans amour ou même sans respect, la fornication, l’adultère et la promiscuité. La prostitution est choisie non parce qu’elle est unique de ce point de vue, mais parce qu’elle est le plus extrême de ces comportements. Certes, la prohibition renvoie cette "profession" dans la clandestinité, avec des résultats encore plus délétères. Certes, si la prostituée possède son corps (c’est-à-dire n’est pas réduite en esclavage), elle a le droit de l’utiliser comme elle l’entend s’il n’y a pas d’invasion [8]. Il pourrait s’agir de raisons bonnes et suffisantes pour la légalisation de la prostitution. Mais, ce n’est pas parce que je récuse la prohibition que je donne une valeur à la prostitution en elle-même. Le monde serait bien, bien meilleur, si personne ne se prostituait, non parce que des sanctions légales seraient prises mais parce que les gens ne voudraient pas se dévaluer eux-mêmes.

A l’opposé de cette échelle morale se situe le mariage, assurément une institution assiégée. La famille nucléaire traditionnelle est considéré aujourd’hui par l’élite culturelle de gauche comme un mal patriarcal et exploiteur. Or, ce n’est pas par accident que les enfants élevés selon ce modèle n’entrent pas dans des fureurs meurtrières. Bien sûr, je ne veut pas dire que le sexe hors mariage devrait être interdit. En tant que libéral libertarien, je ne le peux pas, car il s’agit d’un "crime" sans victime. En tant que conservateur culturel, cependant, je peux certainement remarquer que l’institution du mariage fait l’objet d’attaques comme jamais auparavant, et que sa faiblesse résultante est de mauvais augure pour la société. Je peux maintenir bruyament que même si les mariages du monde réel sont imparfaits, ils sont habituellement bien meilleurs que toutes les possibilités alternatives pour prendre soin des enfants : la tendre reconnaissance de l’Etat, les parents célibataires, les orphelinats, etc. [9].

Prenons un autre exemple : la consommation de drogue. D’après moi, les drogues ne sont pas une abomination moindre que la prostitution. Elles détruisent l’âme. Elles sont une forme lente, parfois pas si lente, de suicide. Même vivant, le drogué ne vit pas véritablement : il a échangé un moment "d’extase" contre la conscience et la compétence. Ces drogues sont une attaque contre le corps et l’esprit. Le consommateur devient esclave de la drogue et n’est plus maître de sa propre vie. D’un certain point de vue, c’est encore pire que l’esclavage complet. Au moins, durant l’âge d’or de cette "curieuse insttitution", au cours du dix-neuvième siècle et avant, les victimes de l’esclavage pouvaient concevoir de s’échapper. Ils pouvaient certainement s’imaginer libres. Alors que pour les esclaves de la drogue, au contraire, le but même de la liberté devient bien trop souvent atrophié.

Je ne suis pas en train de discuter de la situation déplorable du drogué sous la prohibition actuelle. Sa situation est en effet pitoyable, mais c’est en grande partie à cause de la criminalisation de la drogue. L’usager ne peut pas profiter d’un conseil médical, la drogue est elle-même souvent impure et très chère, ce qui encourage le crime et boucle le cercle vicieux, etc. Non, au lieu de tout cela, je suis en train de considérer le drogué dans des conditions idéales (légalisées), où la substance est bon marché, pure et immédiatement disponible, où il n’y a pas besoin de partager les seringues, où les conseils médicaux sur le "bon" usage et les dosages "sûrs" sont directement à disposition.

Il existe quelques exceptions, bien entendu, à cette généralisation rapide. La marijuana peut améliorer le sort de patients souffrant de glaucome. La morphine est médicalement indiquée pour soulager la douleur. Des drogues psychiatriques peuvent permettre de lutter contre la dépression. Mais, en dehors de tels cas, le mal moral, mental et physique fait par l’héroïne, la cocaïne, le LSD et leurs semblables est énorme et désastreux.

Pourquoi est-ce une trahison morale d’entreprendre de telles activités ou, par exemple, de polluer son cerveau avec un abus d’alcool ? C’est parce qu’il s‘agit d’une forme subtile de suicide et que la vie a tellement de valeur que tout retrait de celle-ci est un crime éthique et moral. La vie, pour être précieuse, doit être vécue [Le lecteur pourra réfléchir sur ce thème avec le chapitre 3 de la première partie du livre de Nozick : "Anarchie, Etat et Utopie", qui introduit la séormais célèbre "machine à expériences" (p. 64 de l’édition française). NdT]. Les drogues, l’abus d’alcool et autres sont des façons de se retirer de la vie. Que dire à ceux qui affirment que ces substances sont un moyen de "planer", d’être dans un état grisant ? Ma réponse est que c’est la vie elle-même qui doit être planante, au moins dans l’idéal, et que la seule façon de la rendre telle est d’au moins essayer. Mais rare est la personne qui peut faire quelque chose de vertueux, si elle est "sous influence".

Encore une fois, je répète que je ne réclame nullement l’interdiction légale de la drogue. La prohibition n’est pas uniquement un cauchemar dans la pratique (elle augmente le crime, elle répand le manque de respect pour la loi légitime, etc.) mais elle est également éthiquement inacceptable. Les adultes doivent avoir un droit légal (mais pas moral) de polluer leur corps s’ils le veulent (Block, 1993, Thornton, 1991). A ceux qui objectent qu’il s’agit d’une forme lente de suicide, je répons que le suicide lui-même doit être légal. (Cependant, après avoir dit ceci comme libéral libertarien, j’affirme ensuite comme conservateur culturel que le suicide est un acte déplorable, qui n’est pas digne des êtres humains moraux [10].)

Nous en arrivons à la conclusion assez surprenante que même si les drogues sont moralement problèmatiques, elles ne doivent pas être interdites. Il en est de même des pratiques sexuelles immorales. Bien que ce puisse être assez inattendu au premier abord, cela ne devrait pas créer de grande surprise. Après tout, il y a de nombreux comportements qui sont légaux et pourtant immoraux ou déplacés. En dehors de ceux que nous avons étudiés, nous pourrions inclure le commérage, se moquer des handicapés mentaux, ne pas se lever pour laisser sa place à une femme enceinte, la triche lors de simples jeux "pour le plaisir", le manque de manières, la méchanceté gratuite. Ces actes sont plus ou moins graves pour ceux qu’ils offensent, mais ils sont tous assez méprisables, chacun à sa façon. Et il est pourtant erroné de les interdire par la loi. Pourquoi ? L’explication qui a le plus de sens est celle du libéral libertarien : aucune d’elle ne comprend de violence.

IV. Mea culpa

Auparavant, quand je défendais la légalisation des pratiques sexuelles d’avant-garde ou de la drogue (dans l’édition de 1976 de Défendre les Indéfendables), j’étais bien plus positif à leur égard que je ne le suis désormais. Pour me défendre, je concluais l’introduction de l’édition de 1991 chez Fox and Wilkes avec ces mots :

La défense de personnes comme la prostituée, le pornographe, etc. est ainsi une défense très restreinte. Elle consiste uniquement à proclamer qu’ils ne prennet pas l’initiative de la violence physique contre des non agresseurs. Par conséquent, d’après les principes libertariens, aucune violence ne devrait leur être infligée. Ceci signifie seulement que ces activités ne devraient pas être punies par des condamnations à la prison ou d’autres formes de violence. Elle n’implique en aucun cas que ces activités soient morales, convenables ou bonnes. [J’ai repris la traduction par Arlette Rosenblum de l’édition française du livre, publié aux Belles Lettres, qui reprend ce texte introductif. HdQ]

Cependant, dans les chapitres du livre, j’étais bien trop enthousiaste sur les vertus de ces métiers. Je déployais mon éloquence à propos de la "valeur des services" rendus. Je rejetais totalement les préoccupations morales des tierces parties. Je ne montrais aucune reconnaissance pour la philosophie du conservatisme culturel. Aujourd’hui, quand je relis ces passages, je les regrette. Il me semble que la seule punition appropriée n’est pas de supprimer ces chapitres, mais de les y laisser, aux yeux de tout le monde.

Le mariage, des enfants, le passage de deux décennies et une longue réflexion ont considérablement changé ma vision de certains des problèmes troublants dont parle le livre. A présent, en ce qui concerne les "perversions sociales et sexuelles", je pense que, même si aucune ne doit être interdite par la loi, je recommande fortement de s’en tenir éloigné.

L’une des raisons pour lesquelles je défendais plusieurs d’entre elles il y a vingt ans est que j’étais trop préoccupé par le mal de la violence initiale pour comprendre pleinement ce qu’implique de défendre ces autres activités. J’étais aveuglé par le fait que, bien que beaucoup de ces actes dépravés étaient associés à la violence, aucun ne l’était de manière intrinsèque, dans le sens qu’il était possible de les imaginer limités à des adultes consentants. En essayant de la manière la plus frappante possible de montrer que la violence initiale était un mal - ce qu’elle est en effet - j’ai malheureusement perdu de vue qu’elle n’est pas le seul mal. Bien que je connaissais, bien entendu, la distinction entre ce qui est légal et ce qui est moral, je croyais que les seules actes immoraux étaient les actes impliquant une agression. Depuis plusieurs années, cependant, j’ai finalement acquis la conviction qu’il existe d’autres actes immoraux.

L’erreur que j’ai commise dans mes précédents écrits, tel qu’il me l’apparaît aujourd’hui, est que je ne suis pas seulement un libéral libertarien, mais aussi un conservateur culturel. Je ne m’intéresse pas seulement à ce que la loi doit être, je vis aussi dans un domaine moral, culturel et éthique. J’étais auparavant tellement abasourdi par l’éclat de la vision libertarienne (je le suis toujours) que j’oubliais le fait que je suis plus qu’un simple libertarien. En tant que libertarien et conservateur culturel, je ne vois pas d’incompatibilité entre des croyances qui appartiennent à deux univers très différents.

Références

Block, Walter E.

- 1986. The U.S. Bishops and Their Critics: An Economic and Ethical Perspective. Vancouver: Fraser Institute.

- 1988. "Economics of the Canadian Bishops." Contemporary Policy Issues 6, N° 1 (janvier): 56-58

- 1993. "Drug Prohibition: A Legal and Economic Analysis." Journal of Business Ethics 12: 107-118.

Carlson, Allan C.

- 1988. Family Questions. New Brunswick, N.J.: Transaction

Hayek, F.A.

- 1973. Law, Legislation and Liberty. Chicago: University of Chicago Press.

- 1989. The fatal Conceit: The Errors of Socialism. Chicago: University of Chicago Press.

Hoppe, Hans-Hermann

- 1989. A Theory of Socialism and Capitalism. Boston: Kluwer.

- 1990. "The Justice of Economic Efficiency." In Steven Littlechild, ed., The Austrian School of Economics. London: Edward Elgar.

- 1992. The Economics and Ethics of Private Property: Studies in Political Economy and Philosophy. Boston: Kluwer.

Murray, Charles

- 1984. Losing Ground: American Social Policy From 1950 to 1980. New York: Basic Books.

Nozick, Robert.

- 1974. Anarchy, State, and Utopia. New York: Basic Books [traduit en français aux PUF, collection Libre-Echange sous le titre Anarchie, Etat et Utopie. NdT]

Rothbard, Murray N.

- 1970. Power and Market: Government and the Economy. Kansas City: Sheed Andrews and McNeel.

- 1973. For a New Liberty. New York: Macmillan.

- 1982. Ethics of Liberty. Atlantic Highlands, N.J.: Humanities Press.

Thornton, Mark

- 1991. The Economics of Prohibition. Salt lake City: University of Utah Press.

Notes

[1]. Pour plus d’explications, voir Rothbard, 1970, 1973 et 1982 ; Hoppe, 1989, 1990 et 1992 ; et Nozick, 1974.

[2]. Pour cet exemple, ainsi que pour bien d’autres choses, je suis redevable à Murray N. Rothbard.

[3]. Dans une perspective religieuse, aucun de nous ne "possède" son propre corps. Nous en sommes plutôt les hôtes et Dieu en est le "propriétaire" ultime. Mais ceci ne concerne que la relation entre l’homme et Dieu. Pour ce qui en est de la relation entre les hommes, néanmoins, l’énoncé séculaire selon lequel nous possédons notre corps a une signification totalement différente. Il se réfère à l’affirmation que nous avons chacun notre libre arbitre, que personne n’a le droit de décider de réduire un autre en esclavage, même pour le "propre bien" de ce dernier.

[4]. La question des enfants est compliquée et intimidante pour toutes les philosophies politiques, pas uniquement pour le libéralisme libertarien. Mais ce cas particulier est assez simple. Tout adulte homosexuel découvert au lit avec un jeune garçon (qui ne peut par définition donner son consentement) devrait être considéré comme coupable de viol. Tout parent qui permet une telle "relation" doit être considéré comme coupable d’abus sur enfant. Ceci ne s’applique pas seulement aux rapports homosexuels avec des enfants, mais aussi dans le cas de relations hétérosexuelles. Il pourrait se poser la question de savoir si la meilleure manière de séparer les enfants des adultes réside dans la fixation d’un âge arbitraire, mais étant donnée une loi, le viol tel que défini par la loi doit certainement être rendu illégal. Et ceci est tout aussi valable pour les abus sur enfants, même s’il se pose ici aussi des problèmes de continuité.

[5]. Bien entendu, dans les faits, de nombreux proxénètes, voire tous, utilise la violence de manière injustifiée. Mais ils ne sont pas obligés de le faire, et donc le proxénétisme en soi n’est pas une violation des droits.

[6]. Je suis redevable de ce dernier point à Menlo Smith.

[7]. On ne peut pas nier que les positions économiques de nombreuses religions sont loin d’être des playdoyers vibrants pour la liberté économique et la libre entreprise (voir Block, 1986 et 1988). Ceci comprend les discours des évêques catholiques des Etats-Unis, la Conférence canadienne des évêques catholiques, les encycliques du Pape et les nombreuses prises de position sur ces sujets de la part des Juifs réformés et de nombreux protestants. Néanmoins, les organisations religieuses, ainsi que l’institution qu’est la famille, restent le principal rempart contre le pouvoir toujours croissant de l’Etat. Dans certains cas, elles jouent ce rôle ne serait-ce que parce qu’elles constituent un arrangement social alternatif à celui fourni par le gouvernement.

[8]. Il s’agit d’un droit légal, pas d’un droit moral.

[9]. Pour une analyse des attaques gouvernementales contre le mariage et la famille, voir Carlson, 1988 et Murray, 1984.

[10]. Ce qui veut dire en dehors de circonstances atténuantes, comme une douleur continue et atroce, des problèmes psychologiques insurmontables, etc. Nous avons dit que l’essence de la moralité est la promotion du bien-être de l’humanité. Dans de tels cas, on peut concevoir le suicide comme la meilleure façon de l’accomplir. En tout cas, la réponse à ces personnes malheureuses devraient consister à les soutenir. A coup sûr, imposer la peine de mort pour un suicide (raté) - ce qui a été le cas dans le passé - serait le contraire de ce qu’il convient de faire.


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