L'Empire socialiste des Inka


Université de Paris — Travaux et mémoires de l'Institut d'Ethnologie — V (1928)

par Louis Baudin
Professeur à la faculté de Droit de Dijon

Conclusion

C'est au lecteur qu'il convient de compléter le récit que nous venons de faire, De la société précolombienne, nous n'avons guère pu donner qu'une idée, esquisser que l'armature. Il est possible que notre Europe moderne, imprégné de science soit aussi incapable de comprendre le système péruvien que l'était l'Espagne du XVIe siècle, tout enivrée d'ardeur mystique et de convoitise sensuelle.

Mais nous serons heureux si nous avons pu faire goûter au lecteur, au milieu des préoccupations de l'heure présente, un peu de la joie que nous avons goûtée nous-mêmes à lire les pages des vieux chroniqueurs, à participer à leur émerveillement, à éprouver comme eux la sensation de découvrir un monde nouveau 1.


Note

1 Au moment où notre livre va paraître, nous parvient un numéro de la Revista chilena de his­toria y geografía, de janvier-mars 1927, qui contient un important article de R. Latcham, intitulé : El dominio de la tierra y el sistema tributario en el antiguo imperio de los Incas. L'auteur, dont les vues se rapprochent des nôtres sur un grand nombre de points, reprend pour les développer la plupart des idées qu'il a exposées dans des études antérieures. R. Latcham est un des écrivains qui ont réagi avec le plus de vigueur contre la tendance des historiens d'autrefois à qualifier de communiste le régime péruvien.

Nous recevons également l'ouvrage de M. Castro Pozo : Nuestra comunidad indigena (Lima, 1924). Nous renvoyons à cette étude très consciencieuse le lecteur désireux de connaître les survivances d'anciennes coutumes que l'on trouve sur le plateau et que nous ne saurions examiner ici. Remarquons seulement que la division du travail n'existe pas dans la communauté indienne actuelle, que l'enfant est encore considéré comme propriété de sa famille et qu'en dépit des lois il est fréquemment vendu comme domestique par son père, que le mariage, s'il n'est pas obligatoire, a du moins conservé un caractère social, les parents décidant souvent les unions sans consulter les futurs conjoints. On conçoit que, fondée de la sorte sur l'intérêt plus que sur le sentiment, la famille indienne soit peu attrayante et on s'explique le goût de ses membres pour le silence et la contemplation.

Mentionnons enfin pour mémoire un pamphlet d'une fantaisie délirante, de M. A. Bontoux, intitulé : Le régime économique des Incas (Paris, 1927).


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