L'Empire socialiste des Inka


Université de Paris — Travaux et mémoires de l'Institut d'Ethnologie — V (1928)

par Louis Baudin
Professeur à la faculté de Droit de Dijon

Chapitre XIII — Coup d'œil sur la civilisation des Inka

Nul ne sera tenté de dire que les Inka étaient des barbares après l'examen auquel nous venons de procéder. Mais ces grands administrateurs avaient-ils su créer et développer les formes supérieures de civilisation, les arts, les lettres et les sciences ? Question qui n'est pas sans intérêt si l'on veut se rendre compte de la situation générale du' Pérou, mais que nous ne pouvons traiter ici que d'une façon très sommaire, car elle demanderait des développements considérables.

Nous savons déjà que la technique de certains arts industriels était très perfectionnée, mais les Indiens avaient-ils un réel sens esthétique ? Sans aucun doute ; les poteries, les tissus, les objets ciselés qui abondent dans les tombeaux en fournissent la preuve; l'aurification des dents des habitants de la côte équatorienne, les procédés employés au Pérou pour faire pousser et noircir les cheveux 1, l'usage des fards, le choix par l'Inka de sites merveilleux soit pour y résider, comme la vallée de Yucay, soit pour s'y reposer au cours de ses voyages, comme les plates-formes disposées le long des routes, soit pour y construire des cités, comme Maču-Piču, tout témoigne d'une recherche constante de la beauté.


Il est probable même que c'est pour embellir leurs enfants que les Indiens déformaient les crânes des nouveau-nés en les serrant entre des planches placées par les habitants du Collao des deux côtés de la tête et par les habitants de la côte sur la face et sur la nuque ; chez les premiers la figure était rétrécie et chez les seconds elle était élargie. « Les Indiens, remarque tristement le Père Cobo, ne se contentaient pas de la tête que Dieu leur donnait 2. » On a cherché à expliquer ces déformations par des motifs d'un autre ordre, notamment par le désir de différencier les tribus par la forme de la tête, ce qui eût été vraiment pousser l'amour de la classification à ses dernières limites 3. On a prétendu aussi qu'elles avaient pour but de développer certaines facultés intellectuelles des individus en modifiant leur enveloppe matérielle, idée commune à bien des primitifs, et il n'est pas impossible qu'il en ait été ainsi dans certains cas, puisque Santa Cruz Pachacuti raconte que l'Inka Loke Yupanki ordonna de serrer la tête des nouveau-nés de manière à les rendre obéissants 4. Mais en général le moulage des têtes provenait vraisemblablement du désir de conformer les enfants à un certain idéal de beauté. Cette pratique, qu'on retrouve dans d'autres peuplades, par exemple chez les Palta de l'Équateur, aux crânes aplatis, et chez les Kimbaya de Colombie, aux têtes carrées, a été interdite par les Espagnols 5.


Aujourd'hui encore, les Indiens ont gardé le sentiment de la forme et de la couleur, ils aiment les beaux vêtements et les objets bien travaillés, ils sont peintres et ciseleurs 6.

Quant au dessin, il était souvent géométrique; sur les tissus en particulier les animaux et les végétaux étaient stylisés, comme si la symétrie et l'ordre avaient hanté l'esprit des Péruviens au point de les amener à transposer dans leur représentation de la nature les conceptions qui les avaient guidés dans l'organisation de leur société 7.

L'architecture répondait surtout à des buts pratiques; c'est pourquoi tous les monuments affectés à une même destination étaient conçus sur le même modèle. Tambos, palais et temples, comme le dit plaisamment M. Rouma 8, semblent sortis d'une manufacture travaillant en série. Trop rarement, .les sculpteurs s'ingéniaient à rompre la monotonie des façades et des cou­verts 9.

La céramique est certainement l'art qui a pris au Pérou le plus grand développement, surtout il est vrai parce que ses éléments ont été empruntés pour la plupart à des tribus étrangères soumises par les Inka. Son étude nécessiterait à elle seule un ouvrage entier. Les vases sont de toutes formes, de toutes couleurs et de toutes décorations, depuis les gobelets de petites dimensions jusqu'aux aryballes élancées à col étroit et à fond arrondi, depuis les poteries monochromes de Čimu jusqu'à celles polychromes de Nazca, depuis les vases zoomorphes, qui font entendre lorsqu'on verse leur contenu le sifflement des animaux qu'ils représentent, grâce à un ingénieux système d'échappement d'air, jusqu'aux grands pots figurant des hommes dans toutes les attitudes 10.

C'est sur les vases que la peinture peut être appréciée ; des combats, des danses, des défilés sont reproduits en général de façon rudimentaire, sans aucune notion perspective, sans aucun relief, mais avec un vif sentiment de la couleur. Sur les objets faits avec des calebasses, les dessins sont gravés au moyen d'un fil métallique porté au rouge ; c'est une véritable pyrogravure.

Les artisans de la côte étaient particulièrement versés en l'art de la céramique ; leur imagination avait trouvé dans le milieu ambiant des formes et des couleurs pour s'alimenter, au lieu que la sierra n'offrait aux habitants du plateau que des contours aux lignes simples et des tons uniformes.

Les orfèvres étaient parvenus à acquérir une grande maîtrise ; ils savaient fabriquer des fils d'or et d'argent très minces, qui servaient à l'ornementation des tissus ; ils connaissaient le travail du métal au repoussé, le damasquinage par superposition de métaux, le placage soit d'or ou d'argent sur du cuivre, soit d'or sur de l'argent, sans que l'on sache exactement comment ils pouvaient l'obtenir 11.

Un très grand nombre de petits objets de toilette ou de parure ont été trouvés dans les tombes et témoignent de l'habileté de ceux qui les ont fabriqués : tranchets à manche (tumi), aiguilles, grandes épingles (tupu), bagues, plaques ornementales, pinces à épiler, boucles d'oreilles en bois, métal ou terre cuite, colliers en pierre précieuse, corail, graines ou dents d'animaux.

Enfin la pratique de l'embaumement avait atteint un haut degré de perfection, comme le prouvent les momies que l'on a découvertes 12.


Que l'art péruvien demeure en général conventionnel, qu'il ne « parle pas à l'âme comme l'écrit Wiener 13, c'est exact si cette âme est l'âme compliquée et tourmentée que nous portons en nous, mais la simplicité et la monotonie des sujets et des décors ne devaient pas être pour déplaire à un peuple dont la vie était elle-même simple et monotone. N'exagérons rien d'ailleurs, les Indiens étaient capables de réaliser de très belles œuvres. Il est des vases qui sont de véritables portraits destinés à accompagner dans la tombe ceux qui leur servirent de modèles 14.

Ce qui ne laisse pas d'être inquiétant, c'est la passion des Kičua pour la nature artificielle. Le jardin de Cuzco, avec ses arbres, ses oiseaux, ses lamas et son berger, tous en or, nous éblouit moins qu'il ne nous étonne, et une telle accumu1ation de métal, même fort bien ouvragé, nous semblerait aujourd'hui d'un goût détestable. Seulement, comme disait fort bien l'abbé Genty en réponse aux critiques de l'abbé Raynal : « Pour estimer le degré de mérite des ouvrages d'un peuple à demi-sauvage (disons : dont la civilisation est différente de la nôtre), il faut suivre les progrès lents et successifs de l'esprit humain et ne pas raisonner. de son industrie d'après les découvertes de nos arts et les méthodes ingénieuses qu'une longue pratique et la communication des idées ont pu nous faire imaginer 15. » Que si l'on objecte que l'art des Kičua est en réalité surtout le fruit des apports des civilisations du nord et du nord-ouest, quiténienne ou čimu nous répliquerons qu'il faut féliciter grandement les souverains de Cuzco de n'avoir détruit aucune centre de culture, mais au contraire d'avoir su se mettre à l'école des vaincus.

La musique mérite une place à part en raison de son caractère populaire 16. Les instruments les plus répandus étaient les sifflets, les ocarinas, les grelots, la flûte verticale surtout ou kena en os ou en roseau, percée de trois ou sept trous, « en général très soignée et fort juste » 17, et la flûte de Pan ou syrinx formée de tubes de roseau, argile, pierre, bois, métal ou plume, de différentes longueurs, juxtaposés, an nombre de cinq à douze 18. Dans l'armée, il était fait usage de la trompe en terre cuite ou en bois, rarement en métal, er du tambour en peau de lama frappé avec une seule baguette 19.

Les mélodies indiennes sont généralement battues aujourd'hui sur une échelle pentatonique, avec un fréquent emploi du mode mineur qui leur donne des accents tristes, parfaitement harmonisés avec le caractère de ceux qui les jouent.

Si les progrès artistiques des Péruviens semblent avoir été considérables, leurs connaissances scientifiques paraissent être demeurées fort sommaires et uniquement pratiques 20. Le système décimal était employé dans la comptabilité ; la géométrie se réduisait à des notions d'arpentage, de tracé de routes ou de taille de pierres ; la géographie se bornait à l'exécution de cartes en relief en argile. Garcilaso raconte avoir vu une carte établie de cette façon 21. Un cacique de Tomebamba fournit à Benalcazar le plan de la route à suivre pour marcher à la rencontre du général indien Rumiñahui 22 et nous avons déjà dit que l'Inka Pačakutek s'était servi de tels plans, soit pour répartir les terres, soit pour faire reconstruire Cuzco, soit pour ordonner des déplacements de mitmaes 23.

En astronomie, les Péruviens étaient très inférieurs aux Aztèques : ils calculaient les solstices et les équinoxes en observant les ombres portées d'une série de piliers de pierre 24. Quito, située sous l'Équateur, était regardée comme une ville sainte, car les piliers ne donnaient aucune ombre à midi les jours d'équinoxe. Le soleil, disait-on, « prend plaisir à s'asseoir en ce lieu » 25. Par contre, les éclipses demeuraient un objet de terreur et, de même que chez un grand nombre de peuples primitifs, les Indiens faisaient le plus de bruit possible pour réveiller l'astre qui s'était un moment endormi.

Sur les sciences psychiques nous ne savons à peu près rien. Comme chez tous les grands peuples de l'antiquité, elles sont demeurées secrètes, à supposer qu'elles aient existé au Pérou. Les formes les plus grossières seules nous sont connues et les chroniqueurs nous apprennent que les devins ne jouissaient pas d'une grande considération 26.

Des incertitudes règnent encore en matière de médecine et de chirurgie. Les Indiens savaient masser, saigner avec un silex et traiter par les simples ; ils employaient le tabac comme médecine sous forme de prises. Si l'on en croit Morua, les remèdes les plus fréquemment employés étaient à la portée de tout le monde, car ils consistaient « dans la tempérance et la diète » 27. La pénitence aussi était regardée comme efficace, car la maladie était tenue pour une punition du péché et considérée comme une entité qu'il convenait de chasser par tous les moyens ; ainsi s'explique cette extraordinaire fête annuelle de Situa que nous décrit Garcilaso 28. Les habitants, après un jeûne préalable, s'assemblaient le long des quatre grandes artères de Cuzco ; ils secouaient leurs vêtements et frottaient leur visage et leurs membres pour se débarrasser des mauvais germes en les jetant sur le chemin et quatre ore­jones brandissant des lances passaient en courant au milieu d'eux, chassant les maladies jusqu'à une grande distance dans la campagne. La nuit venue, les Indiens parcouraient les rues en portant des torches qui faisaient fuir les maladies devant elles et qui étaient jetées ensuite dans la rivière, pour que le courant entraînât au loin tous les maux.

Il existait des médecins spécialisés qui étaient fournis à titre de tribut par les Kol'ahuaya, peuplade établie à l'est du lac Titicaca. Ce sont encore dés habitants de cette région qui parcourent aujourd'hui l'Amérique du Sud en vendant des simples et en appliquant aux malades les remèdes que décrivent les anciens chroniqueurs 29. Les amauta aussi devaient jouer le rôle de guérisseurs, mais peut-être étaient-ils plus théoriciens que praticiens 30. Morua et Gutiérrez de Santa Clara prétendent que plusieurs médecins habitaient le palais royal et que l'Inka en avait toujours un auprès de lui 31.

Ces spécialistes eurent-ils des connaissances chirurgicales ? On a découvert dans les tombeaux des crânes qui paraissent avoir été trépanés et qui portent des cicatrices plus ou moins avancées attestant la survivance du patient ; il est fort possible que l'opération du trépan ait été tentée avec succès dans un pays où les blessures à la tête devaient être fréquentes par suite de l'usage des massues, mais nous ne sommes pas encore fixés sur ce point 32.

Au total, les connaissances scientifiques semblent avoir été médiocres; n'oublions pas cependant que certaines d'entre elles ont pu être perdues, puisqu'elles étalent possédées par l'élite seule et que celle-ci a disparu. Mais il y a un fait certain et curieux qui a placé les Indiens dans un état d'infériorité manifeste par rapport aux autres peuples de l'antiquité, c'est leur incapacité à utiliser la notion de cercle. Ils concevaient le cercle, puisque leurs images du soleil et de la lune ou leurs vases étaient circulaires, mais ils ne l'appliquaient que dans un domaine extrêmement restreint, puisqu'ils n'avaient imaginé ni la roue, ni le tour, ni la voûte, ni la colonne.


La littérature a dû atteindre un grand développement, si nous en jugeons par les trop rares fragments qui sont parvenus jusqu'à nous: Le peuple aimait le chant et, aujourd'hui encore, l'Indien module sa complainte en parcourant les pistes de la sierra. Il n'y avait pas de fête sans que des poètes officiels (haraviku), célébrassent les vertus des ancêtres, la gloire du souverain ou des amours imaginaires. Garcilaso rapporte une de ces poésies qu'il a empruntée à Blas Valera et qui est formée de vers de quatre syllabes non rimés 33.

La plus curieuse pièce de vers que nous possédions est un drame ; Ol'antay 34, mis par écrit par un curé de Sicuani, nommé Valdés. Peut-être la forme ancienne a-t-elle été profondément altérée, afin de l'adapter au goût du temps : vers octosyllabiques, usage de la rime 35, disposition des scènes, mais le fond remonte certainement à l'époque précolombienne 36, comme le remarque Markham, les caractères des personnages sont tout à fait conformes aux traditions inka et ne manquent pas de grandeur 37. L'action est vivement menée et les faits s'enchaînent bien les uns aux autres. Détail curieux, quand une strophe n'est pas achevée par un personnage, son interlocuteur ne la termine pas. Enfin, l'amoureux ne se trouve jamais en tête-à-tête avec la dame de ses pensées, ce qui suffirait à différencier profondément l'Ol'antay des tragédies classiques européennes 38.

Ces pièces de théâtre étaient composées par les amauta et jouées par les grands personnages 39. Toute représentation de drame kičua fut interdite par les Espagnols en 1781, à la suite d'une révolte d'Indiens 40.


Un coup d'œil sur les mœurs de l'époque nous fera comprendre mieux que toute autre étude l'état social du Pérou précolombien. On a voulu parfois prendre la condition de la femme comme mesure de la civilisation d'un peuple. Il faut reconnaître qu'un jugement est ici très difficile à porter. Sans doute, la femme n'accomplit pas les travaux les plus pénibles, elle se borne à aider l'agriculteur à cultiver la terre et le soldat à porter les bagages ; elle est protégée par la loi, nul ne peut la brutaliser ni la répudier à sa guise ; sans doute aussi beaucoup d'Indiennes reçoivent-elles une certaine instruction dans les maisons de vierges et les hommes marquent-ils du respect pour elles. Dans les banquets, les femmes s'accroupissent dos à dos contre leur mari, les servent et mangent en même temps qu'eux 41, ce qui n'était pas encore admis en France au moyen âge. La souveraine prend part à toutes les fêtes, Huayna-Kapak consulte sa mère sur les affaires de l'Empire, et c'est une femme qui vient implorer ce monarque après la révolte des Čačapoya et qui obtient le pardon 42.

Mais par contre, les femmes sont regardées à bien des égards comme des marchandises. Le plus grand nombre d'entre elles, affecté aux besoins du peuple, constitue un minimum nécessaire pour assurer la survivance de la race ; le reste est mis en réserve et distribué par l'Inka comme les vêtements et les armes, suivant les nécessités de la politique impériale. Il n'est pas plus permis de les martyriser qu'il n'est permis de gaspiller les denrées. La femme figure en somme un objet de consommation d'ordre supérieur à la disposition de l'État. On peut dire qu'elle n'est pas brutalisée, mais qu'elle est asservie 43.

Seulement l'homme est, lui aussi, traité avec bien peu d'égards ; on le déplace, on lui assigne une tâche sans lui demander son avis. Aussi devons-nous non pas considérer la condition de la femme d'alors à notre point de vue moderne, mais seulement examiner si les Inka ont amélioré le sort de la femme depuis qu'ils ont commencé de régner ; or il n'est pas douteux que les hommes des tribus sud américaines voisines des Kičua traitaient leurs compagnes bien souvent comme des esclaves, les brutalisant et leur faisant accomplir les métiers les plus pénibles, ce qui n'était pas le cas au Pérou 44.

Hommes ou femmes, tous les Indiens menaient une existe ce sévèrement réglée. L'enfant, dès son plus jeune âge, était soumis à une rude discipline: On le baignait dans l'eau froide et il ne tétait que trois fois par jour, « pour ne pas l'habituer à la gloutonnerie », dit le chroniqueur 45. Jamais la mère ne tenait le petit dans ses bras, elle le laissait dans son berceau de bois pour l'accoutumer à la dure et se penchait sur lui sans le prendre pour lui donner le sein. Quand l'enfant avait atteint l'âge de deux ans, on coupait ses cheveux en présence des parents et amis de la famille et on lui donnait un nom ; à 8 ans, ce nom était changé contre un autre et il l'était de nouveau à 18 ans, suivant Las Casas 46.

Les réunions étaient fréquentes ; des banquets publics avaient lieu les jours de fête en présence des chefs locaux, chacun apportant ce qu'il devait manger et échangeant à sa guise sa nourriture contre celle de son voisin, un peu à la manière d'un pique-nique 47. Puis des danses, des chants alternaient avec des jeux de hasard dont certains ont survécu jusqu'à nos jours 48. Les danses étaient graves et les hommes seuls y prenaient part en se donnant la main les uns aux autres 49.

Sur ce chapitre des fêtes, les chroniqueurs sont inépuisables. La grande fête du Soleil (Raymi), qui il avait lieu probablement vers le mois de juin, ne durait pas moins de neuf jours 50 ; les grands fonctionnaires venaient à Cuzco de toutes l'es régions de l'Empire pour y participer. Ce devait être un fort beau spectacle que celui de tous ces Indiens portant les coiffures et insignes distinctifs de leurs tribus, se pressant autour des musiciens et des danseurs couverts de peau de puma et ornés de plumes d'oiseau 51 ou saluant de leurs cris enthousiastes le passage du souverain, monté sur sa chaise en or massif, tout couvert d'or et de pierreries, une couronne d'or garnie de plumes sur la tête et un disque d'or sur la poitrine, précédé de serviteurs portant les armes royales et entouré d'une multitude de guerriers aux vêtements multicolores.

Mais plus impressionnante encore devait être la première de toutes ces cérémonies du Raymi : le salut au Soleil. Le monarque, les princes et un grand nombre d'habitants, pieds nus, se rassemblaient avant l'aurore sur une des places de Cuzco et, au moment où l'astre du jour paraissait au delà des montagnes, la multitude s'accroupissait et baisait les rayons lumineux, tandis que, l'Inka, levant un vase d'or, offrait à boire à son père le Soleil 52.

Parmi les plus importantes solennités figuraient encore les triomphes militaires : défilés, cérémonies religieuses, danses et chants se succédaient et se terminaient, comme se terminent souvent encore les réunions d'Indiens, par une ivresse générale.

Voici comment Montesinos décrit l'entrée triomphale de l'Inka Sinši Roka à Cuzco après la défaite des Andahuayla révoltés : Les sonneurs de trompe ouvrent la marche, puis 2 000 soldats s'avancent en formation de combat, les chefs portant des coiffures de plumes multicolores et des plaques d'or sur les épaules et sur la poitrine, les hommes couverts de plaques d'argent prises à l'ennemi. Quelques-uns d'entre eux frappent sur des tambours de forme humaine, au nombre de 6, faits avec les peaux des chefs vaincus. Viennent ensuite successivement des soldats, des prisonniers, les mains liées derrière le dos, encore des soldats avec 6 nouveaux tambours pareils aux précédents, puis le souverain des Andahuayla étendu nu sur une litière et entouré de tambours faits avec la peau de ses parents. Derrière lui marche une troupe de crieurs, les uns faisant savoir comment l'Inka traite les révoltés, les autres rappelant les actions commises par les Andahuayla. 3 000 orejones les suivent, richement vêtus et ornés de plumes, en chantant un hymne de victoire. Après eux viennent 500 jeunes filles appartenant aux premières familles de l'Empire ; elles dansent et chantent, la tête couronnée de guirlandes, des feuillages dans les mains et des grelots aux jambes. Un groupe de grands personnages s'avance ensuite, les uns enlevant les pierres et les fétus de paille restés sur le chemin, les autres jetant des fleurs ; ils précèdent immédiatement l'Inka, assis sur un trône en or porté par 8 orejones. L'homme-dieu est abrité par deux parasols de plumes, formant comme un dais, garnis de petites feuilles d'or très fines et d'émeraudes ; il tient dans sa main droite un propulseur en or et dans sa main gauche un bâton de même métal, qu'il prétend avoir reçu du Soleil. Sur le front il porte le ruban de laine rouge et une couronne d'or richement travaillée. Enfin des membres de la famille royale et du conseil et des princesses couvertes d'ornements, tous portés sur des litières, terminent le défilé 53.

On voit combien il est difficile de qualifier l'état social des Inka 54. Fort arriérés sur quelques points, très avancés sur d'autres, les Péruviens échappent à toute c1assification ; ils ont à la fois des procédés techniques primitifs et d'autres très perfectionnés ; ils traitent les nommes comme du bétail, mais ils savent récompenser le mérite ; ils font des tambours avec la peau des révoltés, mais ils laissent en fonction les chefs ennemis vaincus, après les avoir comblés de présents ; ils ignorent la roue, mais ils jouent des pièces de théâtre ; ils ne savent pas écrire, mais ils dressent d'impeccables statistiques. Comment peut-on dire que l'esprit humain se développe en tous lieux dans une même direction et doit fatalement évoluer de la même manière ? L'Empire inka ne saurait être comparé à aucune des grandes civilisations de l'Ancien Monde.


Notes

1 Garcilaso, Comentarios, liv. 8, ch. 13. – M. Saville, Precolumbian decoration of tee teeth in Ecutador. American Anthropologist, vol. 15, 1913, p. 377.

2 Historia, liv. 14, ch. 6. – M. Macedo, Las deformaciones artificiales dà cráneo en el antiguo Perú. Revista universitaria de Lima, année 7, vol. l, janvier 1912.

3 Las Casas prétend que dans chaque province les habitants avaient un forme de tête particulière. C'est manifestement inexact, car aucun autre chroniqueur ne signale ce fait remarquable. (De las antiguas gentes, p. 175).

4 Relación, p. 253.

5 Joyce, South American Archaeology, p. 35. Cobo dit que « les Collas se faisaient une tête longue et pointue » pour que le bonnet de laine leur aille bien (loc. cit.). Les caprices de la mode ne sont pas encore arrivés chez nous à adapter la tête à la coiffure, au lieu d'adapter la coiffure à la tête. Matienzo interdit les déformations dans la province de Charcas (Pietschmann, Aus den Göttingischen gelerhrten Anzeigen, op. cit., p. 732).

6 D'après Bandelier, les Aymará seraient très inférieurs à cet égard aux Kičua (The Islands of Titicaca..., p. 19).

7 Le lecteur trouvera de magnifiques dessins de poteries et de tapisseries dans les ouvrages de M. Uhle. Kultur und Industrie Sudamerikanischer Völker, op. cit., de d'Harcourt, La céramique indienne du Pérou (Paris, 1924), et de W. Lehmann, Kuntsgeschichte des alten Peru (Paris, 1924). A Villar y Córdova qualifie l'art péruvien de cubiste (La educatión incáica, op. cit., p. 510). H. Bingham croit découvrir chez les anciens Péruviens le le même préjugé qui existe chez les Arabes contre la représentation de la forme humaine (The inca peoples and their culture, op. cit., p. 254). Cette observation ne saurait s'appliquer aux peuples du littoral ; les artistes čimu avaient au contraire des tendances réalistes et représentaient même des expressions de physionomie et des difformités physiques, ceux de Nazca pratiquaient là stylisation, mais leur sujet préféré était encore la tête humaine (D'Harcourt, La céramique ancienne, op. cit., p. 10, 19, 38).

8 La civilisation des Incas, p. 44.

9 V. suprà, p. 158.

10 Le vernis est inconnu, mais les parois sont patinées avec une palette de bois. Les dessins des poteries fournissent de merveilleux motifs d'art décoratif moderne.

11 Ils l'obtenaient sans doute par martelage. Après avoir calculé l'épaisseur de la couche d'or qui couvre certains objets, MM. Verneau et Rivet écrivent : « Si l'on admet que le placage était obtenu par martelage, l'habileté des ouvriers précolombiens égalait donc celle de nos batteurs d'or qui, avec un outillage beaucoup plus perfectionné, ne peuvent pratiquement obtenir des feuilles d'épaisseur très notablement inférieure. » (Ethnographie ancienne, p. 337). Le placage était connu en Equateur et sur la côte péruvienne, mais ignoré dans le Haut-Pérou et en Bolivie (Rivet L'orfèvrerie précolombienne des Antilles. Journal de la Société des Américanistes de Paris, 1923). ­Les orfèvres étaient arrivés à fabriquer des papillons d'or « dont le centre de gravité était si bien établi que, lorsqu'ou les lançait eu l'air, ils restaient quelque temps à voleter avant de retomber. » (Wiener, Pérou.et Bolivie, p. 586. – Beuchat, Manuel, p. 684). Il y a au musée d'ethnographie du Trocadéro un très beau vase en argent repoussé d'une seule pièce.

12 Buffon parle des momies péruviennes eu citant Garcilaso et Acosta (Œuvres complètes, 1833, t. 9, p. 88). Pour les têtes humaines momifiées, v. J. Tello, El uso de las cabezas humanas artificialmente momificadas. Revista universitaria de Lima, n° 13, 1918. Les Péruviens savaient réduire les têtes humaines à un très petit volume sans en déformer les traits. Les Jivaros des forêts vierges orientales de l'Équateur ont coutume encore de nos jours d'opérer de telles réductions, grâce à des procédés dont ils ont gardé le secret. Le gouvernement équatorien a dû prohiber le commerce de ces œuvres d'art d'un genre particulier, très recherchées par les Européens.

13 Pérou et Bolivie, p. 634 et 550, n. 1.

14 Daniel Réal, Un chef-d'œuvre de la céramique péruvienne. Journal de la Société des Américanistes de Paris, 1921.

15 L'influence de la découverte de l'Amérique.., p.,23, note. Sur le goût des Mexicains pour les objets de métal représentant des animaux, v. Pierre Martyr, De Orbe Novo, trad. franç., Paris, 1907, p. 452.

16 V. R. et M. d'Harcourt, La musique dans la sierra andine. Journal de la Société des Américanistes de Paris, 1920, et le bel ouvrage qui vient de paraître de ces mêmes auteurs : La musique des Incas et ses survivances. Paris, 1925. La liste des instruments de musique donnée par Cobo a été confirmée pat les découvertes archéologiques (Cobo, Historia, liv. 14, ch. 17. – Bandelier, The Islands of Titicaca. Partie 3, n. 131).

17 L'os est perforé de trous exactement placés où ils doivent se trouver pour obtenir des sons justes. (Capitan et Lorin, Le travail en Amérique, p. 154). « C'est dans l'Empire incasique que ces flûtes ont atteint leurs formes les plus parfaites » (D'Harcourt, La musique des Incas, p. 87).

18 Suivant leur grandeur, les flûtes correspondaient à des tonalités différentes de soprano, de ténor, de contralto et de basse (Garcilaso, Comentarios, liv. 2, ch. 27). Il n'y avait pas d'instruments à cordes (A. Villar y Córdova prétend que les anciens Indiens avaient de tels instruments mais ne donne aucune référence. La educación incáica, op. cit., p. 536.)

19 La tinya était une sorte de grand, tambour de basque à double membrane. Les Huanka avaient la fâcheuse habitude de faire des tambours avec les peaux des guerriers vaincus ; ils pensaient que les ennemis survivants en entendant le bruit de ces instruments fuiraient épouvantés. Les Inka appliquaient ce traitement barbare aux révoltés seulement.

20 Ce caractère pratique de la science et en général de la civilisation péruvienne a été bien vu et mis en lumière par Leadbeater, Le Pérou antique, p. 232-368.

21 Garcilaso, Comentarios, liv. I, ch. 26. Ondegardo fait allusion à cette carte. Relación, p. 85.

22 Suárez, Historia general, t. 1, p. 175.

23 Betanzos, Suma y Narración, ch. 12 et 16. – Sarmiento, Geschichte, p. 80.

24 Il y aurait une certaine correspondance entre le zodiaque des Inka et celui des Aztèques et même celui des peuples asiatiques, ce qui n'a rien de surprenant étant donnée l'origine probable des Sud-Américains (Krum-Heller, El zodiaco de los Incas en comparación con el de los Aztecas. 17e Congrès international des Américanistes. Mexico, 19I2.) Certains auteurs modernes estiment que l'équinoxe de printemps (21 sept.), puis à partir du règne de Pačakutek le solstice d'été (22 décembre), marqua le début de l'année et, conformément aux indications de Garcilaso, qu'on ajoutait à l'année lunaire le nombre de jours nécessaires pour la faire coïncider avec l'année solaire (G. V. Callegari, Conoscenze astronomiche degli atichi Peruviani. Revista abruzzese, 1914). Betanzos, Balboa, Molina placent le début de l'année à des dates différentes, mais l'année avait-elle un début ? Rien n'est moins certain. Le menu peuple comptait les.années par récoltes (J. du Gourcq, L'astronomie chez les Incas. Revue scientifique, 1893, p. 15 et suiv,). D'après Montesinos, à partir d'une certaine date, les Péruviens auraient établi des mois de 30 jours, divisés en semaines de 10 jours (Memorias, chap. 11).

25 Garcilaso, Comentarios, liv 2, ch. 2.2. Desjardins se trompe quand il déclare que la science la plus perfectionnée au Pérou était l'astronomie (Le Pérou avant la conquête espagnole). Il est cependant possible que des découvertes ultérieures nous révèlent chez l'élite des connaissances astronomiques étendues absolument ignorées du vulgaire et des conquérants de race blanche. M. Nordenskiöld croit déjà pouvoir dire qu'il existait une grande différence entre le « calendrier développé de l'homme-médecin (traduisez: l'amauta) et le calendrier primitif de l'homme du commun » (Le calcul des années et des mois dans les quipus péruviens, op. cit., p. 56.)

26 Leadbeater; spécialiste en la matière, déclare que rien au Pérou ne méritait « de s'appeler occultisme » (Le Pérou antique, p. 412). Pourtant il est certain que les Indiens avaient une magie des nombres. Le chiffre 4, suivànt Payne, le chiffre 7, selon Nordenskiöld, étaient regardés comme sacrés. Pour savoir si l'année serait bonne, on comptait les pommes de terre d'un sac (Payne, History, t. II, P., 283. – Nordenskiöld, Le calcul des années et des mois dans les quipus péruviens, op. cit., p. 55). Le chiffre 4 était fatidique au Mexique, au Guatemala et en Colombie (Helps, The spanish conquest, t. 4, p. 285). Les sorciers n'avaient guère de crédit que parmi les classes inférieures de la population (Balboa, Histoire du Pérou, trad. franç., chap. 29).

27 Morua, Historia, p. 114. – H. Valdizón, Acerca de los orígenes de la medicina peruana. Lima, 1922. Nous avons peine à admettre que la science médicale des Péruviens ait été très grande, comme le dit Fidel Lapez (Les races aryennes, p. 320).

28 Comentarios, liv..7, ch. 5 et suiv. Frazer a reproduit ce récit (The golden bough. Londres, 1922, p. 553). Cette fête rappelle la « chasse aux esprits » de certains villages nègres. Bien des Indiens croient encore que les maladies sont des êtres immatériels malfaisants, telle la petite vérole, qu'ils nomment tayta-kapak.

29 Wrigley, The travelling doctors of the Andes. The geographical review, 1917, t. 4. – Markham, The Incas of Peru, p. 158. La légende des Kol'ahuaya a été contée par Oliveiro Cezar, Las leyendas de los Indios Quichuas. Buenos-Aires, 1893, p. 34.

30 Tschudi, Contribuciones..., p. 69.

31 Morna, Historia, p. 116. – G. de Santa Clara, Historia, t. 3, ch. 49.

32 Cette trépanation peut avoir eu aussi pour objet, comme dans l'Egypte ancienne, de mettre les prêtres en relation directe avec la divinité ou de faire sortir le mauvais esprit enfermé dans le crâne du malade. On aurait découvert dans la vallée de Chicama des jambes amputées, munies de pieds en bois artificiels (Velez López, Las mutilaciones en los vasos antropómorfos del antiguo Perú. 18e Congrès international des Américanistes. Londres, 1912, t. 2. p. 267 et suiv.). Sur les 400 crânes trépanés trouvés par le Dr. Tello, 250 présentent des cicatrices (Villar y Córdova, La educación incáica. Revista universitaria de Lima, 1926, p. 56).

33 Raurich, Elementos…, op. cit., p. 34-35. – Garcilaso, Comentarios, liv. 2, ch. 27. Pourquoi Hanstein prétend-il que les Péruviens ne chantaient pas ? (Die Welt des Inka, p. 78).

34 Morua parle à deux reprises des pièces de théâtre Kičua. (Historia, p. 24 et 114) et Santa Cruz Pachacuti donne même les noms de certaines d'entre elles : une comédie anay sauca (ce qui veut dire : combien amusant) ; une farce llama-llama, des tragédies hanamsi, hayachuso (Relación, p. 268). On a bien cité parfois un autre drame :Uska paukar, mais il a été reconnu que des rôles entiers étaient d'origine espagnole (Fidel López, Les races aryennes, p. 329).

35 Garcilaso dit que les Indien n'utilisaient pas la rime (Comentarios , liv. 2, ch. 26 et 27). Celle-ci a été introduite dans le drame après la conquête.

36 Markham, The Incas of Peru, p. 148 – L. Cordero, Estudios de linguística americana. Cuenca, 1901, p. 29,

37 Introduction à la traduction de la deuxième partie de la. Crónica de Cieza de León, Collection Hakluyt. Londres, 1883.

38 V. l'introduction de la traduction française de Pacheco Zegarra.,(Paris, 1878). La traduction espagnole de José Barranca (Ollanta, Lima, 1868) porte en sous-titre : O sea la severidad de un padre y la clemencia de un rey. Voici le sujet du drame : le valeureux général Ol'antay aime la fille de l'Inka, qui répond au gracieux nom de Kusi Kuyl'ur (Étoile de joie), et il en est aimé ; quoique n'étant pas de sang royal, il ose demander au monarque la main de la princesse. Le souverain refuse avec indignation et fait enfermer sa fille. Ol'antay, furieux et désespéré, s'enfuit de Cuzco, soulève les provinces montagneuses de l'est (Anti) et établit son centre de résistance dans la grande forteresse d'Ollantaytambo.Le chef indien Rumiñahui (œil de pierre) attaque le rebelle, mais il est battu ; il use alors d'un stratagème ; feignant d'avoir été torturé par ordre de l'Inka, en punition de sa défaite, il se présente, couvert de blessures et criant vengeance devant Ol'antay qui l'accueille sans méfiance. Puis, à un jour convenu, pendant que les révoltés célèbrent une fête, Rumiñahui ouvre les portes de la forteresse à l'armée de l'Inka. Mais celui-ci, dans un grand élan de, générosité, pardonne à Ol'antay, lui donne sa fille en mariage et lui confie un haut commandement. – Plusieurs caractères sont bien dessinés, celui d'Ol'antay notamment et celui de son serviteur, le facétieux Piki Čakir qui est le comique de la pièce.

39 Garcilaso, Comentarios, liv. 2, ch. 27.

40 Frézier parle déjà au début du XVIlle siècle d'une suppression du théâtre, où l'on représentait la mort de l'Inka (Relation..., p. 250). Dans l'édition de 1809 des Voyages au Pérou de M. Sobreviela et Narcisso y Barcelo figure une note ainsi conçue : « Dans la plupart des grandes villes du Pérou, les Indiens renouvellent la mémoire de la mort d'Atahualpa par une espèce de tragédie qu'ils représentent dans les rues le jour de la Nativité de la Vierge…. Les Espagnols ne sont point alors en sûreté » (t. II, p. 374).

41 Cobo, Historfa, liv. 14, ch. 5.

42 Garcilaso, Comentarios, liv . 9, ch. 7.

43 Letourneau, La condition de la femme dans les diverses races et civilisations. Paris, 1903, p. 199. « Au-Yérou, la femme n'était ni un meuble, comme en Orient, ni une bête de somme, comme chez les peuplades sauvages ; c'était une propriété de l'État, qui en disposait selon son bon plaisir, au mieux du caprice du commandement » (Castaing, Le communisme au Pérou, p. 27.)

44 Chez les Araukan, par exernple, les femmes étaient de véritables esclaves (L. Pena, Histoire du Chili, Paris, 1927, p. 5). Les Indiens des tribus du Madre de Dios traitent maintenant encore leurs femmes comme des bêtes de charge (Saavedra, El ayllu, p. 87).

45 Garcilaso, Comentarios, liv. 4, ch. 12.

46 Las Casas, De las antiguas gentes..., p. 45. – Brühl, Die Kulturvolker..., p. 346.

47 Garcilaso, Comentarios, liv. 5, ch. XI. Dans ces sortes de cérémonies, les Indiens hanan et les Indiens hurin étaient accroupis face à face et trinquaient les uns avec les autres.

48 Il existait aussi des jeux de « cérémonie », qui faisaient partie des rites mortuaires. Nordens­kiöld, $pieltische aus Peru und Ecuador. Zeitschrift für Ethnologie, Heft 2 und 3, 1918, p. 169. ­– Karsten, Zeremonielle Siele unter den Indianern Sudamerikas. Acta Academiae AboensisHuma­niora. Abo, 1920, t. I.

49 La célèbre chaîne d'or de Huayna-Kapak était destinée à la danse ; les danseurs tenaient la chaîne au lieu de se tenir par la main (Zarate, Historia, liv. I,ch. 14). On trouvera une étude des danses dans R. et M. d'Harcourt, La musique des Incas et ses survivances, p. 91 et suiv.

50 Les auteurs ne sont pas d'accord sur les dates des fêtes.

51 Les danses indigènes primitives, menées par des Indiens couverts de peaux d'animaux et de plumes, ont subsisté dans certaines régions (R. Paredes, El arte en la altiplanicie. La Paz, 1913}.

52 Garcilaso, Comentarios, liv. 6, ch. 21.

53 Montesinos, Memorias, ch. 22.

54 Joyce, fort embarrassé, appelle la civilisation des Inka une magnifique barbarie (South-American Archaeology, p. 76).


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